Oublier

Ariel Azuki

Court texte du quotidien.

Alarme stridente, peu dormi, fatiguée. Râle, rouspète, baille aux corneilles. Soupire, gigote, s'extirpe du lit. Se cogne les jambes au bois du sommier, claudique jusqu'au bureau, éteint le réveil. Penser à acheter une table de nuit. Sol froid, pieds gelés. Serrer les dents, atteindre la salle de bain. Quatre heures de sommeil, penser à se coucher tôt. Œil vide, veines explosées, l'air d'une droguée. Tâtonner, choper la brosse à dent, écraser le dentifrice, tout nettoyer. Pester, s'énerver, reprendre pied. Se rincer la bouche, éclabousser le pyjama. Retourner dans la chambre, en retard. S'exciter, enfiler des vêtements au hasard, sapin de Noël. Prendre son sac, dévaler les escaliers, manquer de tomber. Chercher ses clés, fermer la porte, oublier le déjeuner. Dévaler la rue, bus en retard, oublier la carte, devoir payer. Pas de place, tant pis. Beau garçon à vingt heures, ne pas le fixer. Se gratte le… Grimace, tourne la tête, déjà oublié. Le paysage défile, comme la vie qui passe à toute allure, le sablier s'écoule. Petit bonheur du quotidien, se laisser transporter. Atterrir. Se frayer un chemin, descendre, enfin. Contempler la montée qui mène au lycée, inspiration, escalader. Essoufflée, vidée, fatiguée, éreintée. Être polie, dire bonjour, cerveau dans le brouillard. Les yeux dans le vague, de nouveau au chaud sous la couette, longue et belle nuit de sommeil. Le silence, le calme, l'apaisement. Bousculée, écrasée, foules d'élèves, rires et cris. Faire la bise, parler, oublier de boire, gorge sèche. Oublier le manteau, glacée, frigorifiée. Dernière classe dans la cours, professeur en retard, content de perdre du temps. Dans la salle, s'installer, discuter. Et « Ranger vos cahiers, contrôle ». Décomposée, anéantie, achevée. Oublier de réviser.

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