Oublier
aile68
Oublier ce que tu voulais, celui que tu étais, nous deux assis sur une plage de sable blanc, avec les chevaux au loin, ça je m'en souviens bien. Fais-moi un signe, montre-toi dans le noir, ta silhouette se dessine dans la nuit sans que je m'en aperçoive. Il est tard, minuit passé, je devrais être rentrée, je n'aime pas les soirées qui se prolongent, elles finissent toujours par m'agacer. Je reste néanmoins près de toi, je sens la chaleur de ton bras brûlé par le soleil de la mer. Mes yeux se ferment tout seuls, ma tête est lourde, je sens un voile qui glisse sur moi, c'est mon corps qui se dérobe, j'ai trop chaud, besoin d'air, besoin d'eau de mer. En un tour de main tu me remets sur pied, pas le moment de me porter, mes parents le prendraient mal.
Oublier ce que tu voulais, je ne peux pas, celui que tu étais encore moins. Mon oreiller me réconforte tel les bras doux d'une mère penchée sur son enfant, comment suis-je arrivée là, je peine à m'en souvenir. Sous le haut plafond de ma chambre, je sens une fraîcheur qui m'enveloppe, ici les fenêtres restent ouvertes la nuit. C'est au petit matin qu'une main attentionnée les entrebâillent doucement. Demain je ne te verrai pas, je ne me rappelle que trop l'étreinte de ta main autour de mon bras, une main d'homme déjà, je ne suis qu'une jeune fille...