Oxymore Bashung

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Chronique à propos de l'album Fantaisie militaire d'Alain Bashung, paru en 1998

« Entre tes doigts l'argile prend forme »

Que Fantaisie militaire (1998) débute par « Malaxe », ce n'est pas un hasard. Le pygmalion musical façonne tranquillement la première « plage » -comme on disait à l'époque- d'un album qui colle à la peau de la chanson française dont on est fier.

Sur une musique douce et épurée, des mots rugueux, arythmiques et inégaux (« Pas un bruit ne sourd//Rien ne transpire ses ardeurs ») qui font rocker la poésie. L'album porte en lui une tension latente, qui gronde sans jamais tout à fait exploser.


« Un salaud a bu l'eau du nénuphar »

Présenté comme son meilleur succès (Disque de Platine, Victoire de la Musique 1999), Fantaisie militaire a su transcender la poésie par une musique qui claque comme la main d'un vieux poivrot sur la fesse ferme d'une serveuse. La voix rauque de Bashung introduit de la poésie dans les relations humaines comme dans la solitude (« Mes prisons »), entre une « boîte de haricot » et des « chips » (« Samuel Hall »)… Rien, même pas les réalités les plus sèches, ne semble pouvoir échapper l'enchantement Bashung, qui sait rapprocher fantaisie et militaire.


« Subsiste encore ton écho »

Toujours ambigus et paradoxaux, les mots qui se suivent sans queue ni tête, ne laissent cependant de bousculer ceux qui tendent l'oreille et de résonner dans leur boîte crânienne. Et c'est peut-être ça qui fait que l'écho de Fantaisie militaire subsiste et inspire encore (je pense à la reprise d'« Aucun Express » par Noir Désir) : parce que sa musique est fait d'un mystère riche dont chacun peut nourrir son imaginaire.

 

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