Page blanche et partition.

Christophe Hulé

Alors la page blanche est comme le clavier d'un piano.

Si je pose un do, l'effet ne sera pas le même que n'importe quel bémol ou dièse.

En accords mineurs, je vous parlerai de choses tristes. 

Les graves seront là pour la gravité, et les aigus pour la bagatelle, enfin les optimistes diront pour le bonheur.

Ce mi bémol n'a rien à faire ici, il ne fait que gâcher la fête.

L'esprit ou la soit-disant érudition qu'on veut bien s'accorder, car la complaisance à l'excès ne s'applique qu'à soi-même, auront-ils le pouvoir de noircir la page, de notes ou de mots ?

L'émetteur émet ce qu'il aime, avec talent ou application, qu'est-ce que ça peut faire ?

Le récepteur ne reçoit pas n'importe qui ou n'importe quoi.

Est-ce à dire que l'on ne vaut rien ?

C'est l'éternel débat, et que vaut donc le récepteur ?

Un sujet tabou en somme, au mauvais moment, au mauvais endroit.

Le salon des refusés devient perpétuel dans le doute.

- Désolé Madame, mais ce n'est pas de l'Art.

- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça gros lard ?

Les jeux ne sont pas faits dans ce domaine, ni dans les autres, qu'on se le dise.

C'est l'atout maître du pouvoir, tout a été écrit.

Les annotations dans la marge seront plus ou moins sanctionnées, au gré des modes ou des régimes.

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