Paradoxe des temps modernes

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 Tortura  tortura

en français ça veut dire torture.

Ça veut dire que quelque part

quelqu'un s'imagine

que parce qu'il ferme mes yeux

à coups de poings

que parce qu'il diminue ma fertilité

en mutilant mes organes génitaux

que parce qu'il m'empêche de respirer

en brisant mes côtes sur mes poumons

que parce qu'il me cloue sur un lit

en m'écrasant les jambes, en m'arrachant les ongles

que parce qu'il fait subir à mon corps

des sévices humiliants et souffrant...

Il s'imagine qu'il pourra enlever de ma mémoire

le droit que j'ai d'exprimer ma vérité.

Tortura  tortura

rien de ce que les tortionnaires pourront inventer

n'effacera la liberté dans le coeur du monde.

 

Je ne peux pas me taire

je ne peux pas me taire

parce que les charniers de l'histoire

parce que les prisons de la répression

portent les traces indélébiles

de l'abus de pouvoir

au service de l'impérialisme arc-en-ciel.

 

Je ne peux pas me taire

quand dans mes oreilles bourdonnent

les pleurs, les cris et la panique

de tous les peuples que l'on écrase

que l'on assujettis pour monopoliser

les richesses de notre Terre nourricière.

 

Je ne peux pas me taire

ni fermer les yeux, ni détourner la tête

parce que ceux qui ont faim

ceux qui pleurent et ceux qui meurent

sont mes frères et mes sœurs

ma famille de la fraternité planétaire.

Je ne peux pas me taire

simplement pour plaire aux consciences frelatées

et me soumettre aux fuseaux horaires

des temps de parole et des temps de silence.

 

Je suis habité par l'urgence.

 

El mundo donde vivimos

c'est le monde où nous vivons

mais il ne ressemble pas toujours

au monde que nous voulons

car personne ne veut mourir de faim

quand d'autres ont une indigestion

personne ne veut mourir de soif

pendant que l'arrosoir tourne sur le gazon

personne ne veut dormir dehors

sur le seuil d'une maison abandonnée

personne ne veut rester ignorant

devant la prolifération de l'information

personne ne veut du salaire de la misère

en comptabilisant le budget des militaires.

 

Esta lo absurdo de la existencia

c'est l'absurdité de l'existence

parce que les intérêts de la politique

en ont décidé ainsi sans nous consulter

parce que les priorités passent par l'assise du pouvoir

avant les besoins réels de l'humanité

 

Yo testimonia, yo testimonia

que un hombre es un hombre

 

Je témoigne qu'un homme est un homme

et que la vie qu'il porte en lui

est garante de son égalité

il n'a pas à courber la tête

pour jouir de la paix et de la tranquillité.

 

 

Que mon sexe soit masculin ou féminin

que ma couleur soit jaune, noire, rouge ou blanche

que ma langue soit l'une ou l'autre de la Babel linguistique

le coeur est le même dans toutes les races de l'humanité

et je n'ai pas besoin d'armée pour affirmer mon identité.

 

Je témoigne que la Terre

est le pays natal de chacun

ses ressources et ses richesses

sont l'héritage collectif de la survivance de la race.

Nul n'a le droit d'en laisser mourir un autre

parce qu'à ses yeux il est un enfant illégitime

nul n'a le droit d'en contraindre un autre

parce qu'à ses yeux il est un enfant sous-développé

nul n'a le droit d'en dominer un autre

parce qu'à ses yeux il est un enfant dissipé.

 

Je témoigne que cela n'est pas respecté

parce que la Charte des Droits

est sectarisée par les préjugés de la supériorité.

 

Je témoigne que cela n'est pas respecté

parce que le respect de la vie est mort et enterré

sous les immondices promotionnelles de la consommation.

 

Je témoigne que cela sera respecté

le jour où les hommes et les ombres

ne se feront plus peur mutuellement.

 

La lucha por la vida

la vida por el amor

el amor por la vida

esta la libertad.

 

La lutte pour la vie

la vie pour l'amour

l'amour pour la vie

c'est la liberté.

 

C'est dans cet esprit là

que j'aimerais voir les enfants grandir

les voir devenir jardinier

poètes et chantres de la vie.

J'aimerais les voir une fleur à la main

avec des colombes perchées sur leurs têtes.

 

J'aimerais les voir, la face pleine de sourires

n'ayant plus besoin de jouer à Rambo

pour grossir les rangs de l'agressivité

n'ayant plus besoin de tendre la main, les larmes aux yeux

pour montrer la souffrance qui gronde dans les entrailles

n'ayant plus besoin de vendre leur corps ou leur sang

pour avoir le droit d'être considérés

n'ayant plus besoin d'être les otages

de la charité et de la compassion organisées.

 

J'aimerais n'avoir pas à lutter pour la vie

mais on refuse de reconnaître mon droit de vivre.

 

J'aimerais n'avoir pas à clamer bien haut ma révolte

mais on bafoue quotidiennement ma dignité.

 

J'aimerais n'avoir pas à prévoir pour demain

mais on menace d'envahir ma maison

parce que ceux qui ont tout, n'ont pas encore assez.

 

Hablar, cantar, cantar, hablar,

parler, chanter, chanter, parler,

je ne trouve plus les mots

pour amorcer ma chanson

j'ai peur que les hommes

j'ai peur que la Terre ne meure.

 

Cantar, chanter, parler, hablar,

il y a les menaces, les pressions,

le chantage, les agressions,

les manipulations, les disparitions

qui jouent au bulldozer

dans la montagne de l'espoir.

 

Chanter, cantar, hablar, parler

pour oublier que j'ai mal

pour ne plus penser

pour effacer les images

qui viennent de la réalité

pour trouver le courage

de ne pas sombrer dans la soumission.

 

Chanter, parler, chanter,

pour que s'écroule le mur du silence

pour que les mots soient autres choses

qu'une manchette de l'information

pour que le pollueur et l'exploiteur,

ne soient plus les dignitaires adulés

qui foulent le tapis rouge sang

avec l'accréditation des médias et des tyrans.

 

El mundo donde vivimos

c'est le monde où nous vivons

et je témoigne

que ce n'est pas toujours le monde que nous voulons

sauf parfois, peut-être

quand dans la quiétude de notre salon

les feuilletons à la télévision

jettent un voile tout rose sur la réalité.

 

J'ai mal à mon ventre trop plein

devant la boursouflure du sous-alimenté

j'ai mal à mes neurones surchargés

devant le regard vague de l'analphabète

j'ai mal à mon hôpital aseptisé

devant la gangrène de l'amputé

j'ai mal à mes cartes de crédit

devant la main tendue du mendiant

j'ai mal à ma limousine

devant l'exode des déportés

j'ai mal à ma sécurité

devant les bombes des terroristes

j'ai mal à ma démocratie

devant l'action des intégristes

j'ai mal à mon supermarché

devant les camps de réfugiés

 

j'ai mal à mon confort

devant la quête des sans-logis

j'ai mal à mon pays

devant son budget militaire

j'ai mal à mes yeux

devant les larmes des opprimés

j'ai mal à ma paix

devant les abus de pouvoir

j'ai mal à mon mal

devant la compassion des puissants

j'ai très mal à mon mal

devant la compassion des puissants.

 

Absurde, d'une monstrueuse absurdité

parce qu'au fond, nul n'est propriétaire

de cette planète de paradoxes artificiels.

 

Absurde, d'une monstrueuse absurdité

parce que tout se marchande

sans autres critères que la valeur relative.

 

Absurde, d'une monstrueuse absurdité

parce qu'une minorité

monopolise les ressources de la majorité.

Absurde, d'une monstrueuse absurdité

parce que nous cautionnons ce système

pour assurer notre confort de bien-nanti.

 

D'une monstrueuse et absurde absurdité

d'une monstrueuse et absurde absurdité

d'une monstrueuse et absurde absurdité

parce que nous vivons... les yeux fermés.

                   

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