Paradoxe poétique.

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" Il ne peut y avoir de limite entres les hommes dans la conscience. Et qui plus est la lucidité de la conscience rétablit nécessairement l'impossibilité d'une limite entre l'Humanité elle-même et le reste du monde. Ce qui doit disparaître du fait que la conscience devient de plus en plus aiguë, c'est la possibilité de distinguer l'homme du reste du monde. Ceci doit être poussé, me semble-t-il, jusqu'à l'absence de poésie. Non que nous puissions atteindre la poésie autrement que par le canal des poètes réels mais nous savons tous que chaque voix poétique comporte en elle-même son impuissance immédiate. Chaque poème réel meurt en même temps qu'il naît. Et la mort est la condition même de son accomplissement. C'est dans la mesure où la poésie est portée jusqu'à l'absence de poésie que la communication poétique est possible [fusion du sujet et de l'objet]. Ceci revient à dire que l'état de l'homme conscient, qui a retrouvé la simplicité de la passion, la souveraineté de cet élément irréductible qui est dans l'homme, est un état de présence, un état de veille poussée jusqu'à l'extrême de la lucidité et dont le thème est nécessairement le silence. "

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