Parfois

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Parfois,
J'ai beau me souvenir,
Et compter et énumérer,

Tous mes malaises, et les pompiers,
Leur saccharose entre mes dents,
Les ecchymoses, me débattant,
Si, je vais bien, juste... j'ai pas faim.

Parfois,
J'ai beau creuser
Là où jadis les os saillaient,
J'ai beau frôler les courbes et
Ce corps de femme domestiqué,
Et me remémorer,
Et calculer, me rappeler,
C'est comme si…

...Comme si c'était
Simple et facile au fond,
De regretter, et faire en sorte
De tout rayer, tout oublier,
Tout oublier,

Tout oublier…

Parfois je crois que j'aimerais
Retrouver le goût de la faim
Le doux parfum du rien,

Et engloutir à pleines dents
Ce vide qui parfois me manque tant,

Ne faire qu'une seule bouchée
De ce désert et ces mirages,
Réécrire en douce, dans mon coin
Les obsolètes dernières pages.

Me taire, la bouche en cœur,
Et dire amen, mentir en chœur
Des paragraphes sur le contrat,
Laisser tomber la nourriture
Et tout en bas,
Ma signature.

Vomir ma vie en purée,
Vomir encore et dégueuler
Mes fleurs lasses et fanées,
Gerber aussi mes maladresses,
Faire glisser les espoirs en toc
Loin vers d'autres horizons
De chasses d'eau en absolution.

Parfois,
Je rêve que se ravive l'alliance
Je rêve de retrouver la danse,
M'astreindre, et sans réfléchir,
Avoir enfin un but à tenir.

Me lever et courir
Chevaucher le malin,
Et tournicoteraient les aiguilles
La paille en or, l'or en brindille.

Parfois je crois bon m'étioler,
Être et miscible et liquide,
Parfois, je m'entends réclamer,
Retrouver et ressentir,
Aspirer, perdre et rogner,
Décalquer pour mieux déduire,
Reprogrammer mes exercices,
Et mon entité, en supplice.


Et des mots noirs
Sur le pâle de mon teint,
Et rendre à la poussière
De mes toutes petites mains,
Les contours du vieux Giacometti
Les contours d'un monstre qui,
Au fond aura finalement bien assez
Gâché d'années,

Gâché ma vie.



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