PARIS

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                                                               PARIS   

 Si une nuit dans Paris,

Tu vas dans un bar ou un bal de pompier,

T’y verras des couleurs ocre,

Les joues les plus rouges,

Les esprits les plus enflammés,

Les  corps les plus endiablés,

Si une nuit dans Paris,

Tu vas dans un bar ou un bal de pompier,

Tu y verras des courtisanes se transformer en princesses

Dont le corps se dénude en rythme avec les verres qui se vident,

Eux même en rythme avec la pudeur qui s’évade,

Elle-même en rythme avec les regards avides qui se tournent sur sa fuite.

La nuit dans Paris,

Les anges déchus de la journée montent et dansent sur des tables

Comme s’il s’agissait de podium.

Anges de générosité

 Gourmandes de leur corps

A t’en faire chopper des condylomes.

La Nuit de Paris est un drôle de Royaume…

Celui-ci s’endort aux premières lueurs de l’aube…

Il ronronne aux premiers grésillements du métro…

Un nouveau jour se lève pour une armée de braves.

Ils compostent leur ticket

Comme le guerrier soulève son glaive le front en nage.

Pas de trêve dans ce combat !

C’est du corps à corps où l’asphyxie s’est fondue dans le décor.

Pas de trêve, obligés de se lever ou le chômage aura raison de leur rêve…

Arrive un tend-la-main,

Il déplace sa dignité le ventre vide,

 S’adresse à tous mais personne ne semble l’écouter

Dans le métro, si tu te nourris de relations humaines,

Il n’y a pas grand-chose à cascroutter.

Et c’est pour ne pas se croutter que tous se lèvent

Sans  trêve.

Les portes s’entrouvrent crachant des vagues de parisiens et de banlieusards

Pas de trêve !

Elles en ravalent tout autant avec voracité, jusqu’à ce que sonne l’écoeurement.

Une trêve…

Pour ceux qui comme l’écume, restent en bord de quais…

Les Quais…

Ces quais là sont bien loin de ceux de la seine,

De ses scènes amoureuses à la Woody Allen.

Sur les quais de Paris,

Des touristes s’y promènent en contemplant le pittoresque.

Des fresques vivantes de Pissaro, Renoir ou Sisley.

Des péniches qui dorment sur le canal Saint-Martin.

Notre-Dame et ses gargouilles pour éloigner le Malin.

Le Père-Lachaise et ses fins de destin.

Pigalle, son quartier et son moulin.

Des Japonais aux vêtements de marque pleins les mains,

Des cars de Chinois, d’Américains qui flashent les monuments.

Nous rappellent éblouis que Paris est aussi la ville Lumière.

Et au milieu de tout cela,

De jeunes parisiens qui font comme si de rien,

Joints fumants entre les mains…

Pour eux,

Paris est pleine de tracas,

Pleine de blabla,

Paris est tellement radieuse qu’elle en fait de l’ombre à ses habitants.

Dans leurs pensées,

Il y a des logements aux loyers immodérés.

Ils se demandent comment ils feront pour le payer

Quand leurs parents grands-parents eux-mêmes souffrent,

Que comme une île dans l’océan, ils sont isolés…

A Paris, un inconnu de tous peut-être une star dans son quartier,

Et une star connue de tous peut-être un inconnu dans son quartier.

Face à l’anonymat, il n’y à guère que le concierge qui sache qui tu es,

Jusqu’à connaître tes déchets.

Alors comme un cierge dans la nuit,

Si tu traines un soir dans Paris,

Tu y verras des ogres aux couleurs ocre,

Des visages rougis par l’alcool,

Des esprits échaudés,

Des corps endiablés,

Tu y verras des gens qui brillent de tous feux,

Parce qu’en journée, la capitale projette une ombre sur ses ouvrières

Proportionnelle à la lumière qui l’éclaire aux yeux du Monde.

Paris est belle,

Paris est magique,

Paris est un violoncelle,

Qui offre un nid aux hirondelles.

Paris.

MF CROM

Mad Finger’s Day 19/07/2011

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