Paris, c'est fini

Illana Attali

Chère Paris,

Je t’aime mais te quitte.

Jetée dans la gueule de la louve Tel-Aviv, je ne peux  plus me défaire de son électricité et sa frénésie ravageuse. Oui, je sais bien qu’elle n’a pas ta beauté racée, ton élégance, ta superbe cohérence, mais elle a du chien, du génie, une « ébriété poétique » et côté sex-appeal, tu ne lui arrives pas à la moitié du premier muret.

Paris, je t’en conjure, cesse cet infructueux jeu de séduction. Tu auras beau te pavaner devant mes yeux, jeter à ma figure tes plus beaux atours, déployer ta joliesse haussmannienne, tes quais, tes lumières, tes toits et tes cheminées de briques rouges, c’est terminé.

Ne sois pas fâchée, non, même si tu es encore plus belle toute illuminée de colère. Je reviendrai, de temps à autre, et tu me cajoleras sous tes ponts, dans le creux des sièges rouges de tes cinémas de quartier, les bas-fonds de tes bars. Et tu m’enchanteras, comme si je te voyais pour la première fois, belle à en crever.

Paris, je t’aime.

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