Paris-Dakar traficoté
Jean Claude Blanc
Paris-Dakar traficoté
Dakar en Amérique du sud ?
C'est en Afrique, perds pas la boule !
Course d'endurance, les fous déboulent
Mais pour varier, la rendre plus rude
Chez les aztèques pas d'inquiétude…
Pilotes, bolides aux gros budgets
Prennent des gamelles à satiété
Tandis que les pauvres autochtones
Bouffent des clous à même le sol
Paris-Dakar pour les frimeurs
Sur nos montagnes, destructeurs
Avides de boue et de poussière
Bousillent tout, gentianes, bruyères…
Amateurs de sensations fortes
Début d'année, leur vœu l'exauce
Pubs et médias leur servent d'escorte
Tentent la mort, putains de sales gosses…
Pas une compète pour avortons
Pourtant prudents participants
Ont changé de destination
Pays arabes pas le bon moment…
Mais quand on aime, on ne compte pas
Outre Atlantique, le choix des rois
Décalaminent leurs gros moteurs
C'est tout pareil, même la frayeur
Fallait garder le même décor
La mise en scène identique
Pour faire honneur, aux croques la mort
Mais pas d'en rire, squelettiques
Faute de chameaux, y'a des lamas
Quelques tribus éberluées
Qui n'en font pas un cinéma
Ecrabouillées sans faire exprès
Passe-temps rêvé de grands enfants
De ces bien-nés de l'occident
Pour triompher, se mettent en transe
Douce violence sans conséquence
Ce Khô-Lanta réitéré
Plait aux voyeurs refoulés
Qui comptent les morts et les blessés
Sur FR3 après souper (animé par Henri Sannier)
Casques, lunettes noires, cuir, bottes sanglées
Le rodéo peut commencer
De l'héroïque traversée
On bande d'avance, pour ces cinglés
Mais pour la gagne, une autre affaire
S'emplissent les poches, publicitaires
Respectent pas leurs adversaires
Sans prendre de risques, peu téméraires
Un brin de lyrisme, coûterait pas cher
Pour commenter tous ces exploits
De ces artistes, sans foi ni loi
Que de mépris pour la misère….
Ainsi se joue la guerre des nerfs
Sans djihadistes, ni assassins
Honte pour moi, vieil elzeimer
Moto, scooter, fatal destin
Petit détour chez les primates
Qui dans leur case, tendent la papatte
Distribution par charité
Crayons de couleurs, pulls rapiécés
Comme quoi Dakar, sens de l'épate…
Pendant ce temps les monstres s'attaquent
Courant après le chronomètre
Mais leurs gros cubes, parfois dérapent
Du pain béni, pour pompes funèbres…
Les envie pas ces cracks agiles
Tous conquérants de l'inutile
A croire qu'ils doivent s'ennuyer ferme
A l'ordinaire, de leur vie terne
Voyant la gueule de ces champions
A l'arrivée bosses, contusions
Préfère ma pipe et mon vélo
Et ma télé, les pieds au chaud
Paris-Dakar, nouvelle version
On est trompés sur le produit
Ça se passe ailleurs, faut changer le nom
Se dire au fond, c'est qu'un rallye
Ces fous furieux, poignée en coin
Vont leur bonheur, chercher bien loin
Lama des Andes surpris candide
Hypnotisé par ces bolides
Y laisse sa peau, ou l'invalide JC Blanc novembre 2022
(Dakar au Chili, étonnant non ?)