Paris, le 13 juillet (version pile)

Fionavanessabis

Loveletters number 7 & 8. Partie 9 de la version pile.

Paris, le 13 juillet

Augustin, my dear,

J'ai trouvé ce banc pour vous écrire tranquillement. Il y fait beau. Je tente de vous faire une réponse digne pour ce nom. J'espère que mon invitation vous est arrivée, pour les répétitions du Concerto. Pardon de répondre seulement maintenant, je trouve votre lettre belle et gentille, mais  je n'ai pas été aussi disponible de mon temps depuis. Vous avez croix ma cousine Amanda, l'autre soir, lorsque vous me rameniez à l'hôtel. Elle est avec moi  pour juillet. Et il y a ce cycliste qui est blessé dans le même accident que moi, il est plus mal en point que moi, je vais le voir à l'hôpital. Il connaît Bristol, nous avons eu une bonne conversation. Et surtout, les répétitions vont commencer. J'ai rendez-vous aujourd'hui avec Victor Basilem, le chef d'orchestre, c'est une solide réputation dans le métier. Et avec le kiné, pour voir mon épaule, qu'elle ne m'embête pas trop pour le piano. Je vais travailler beaucoup d'heures, tous les jours. Pourquoi vous inviter aux répétitions,  m'a semblé le plus simple. Je serai à Paris jusqu'à septembre. Le Concerto est le 4. Ensuite, je n'ai pas choisi où j'irai. Voir mon frère à Bristol, oui. Peut-être que d'autres projets de concerts seront arrivés. Je connais un compatriote au Canada, il doit me parler d'un projet pour jouer Bela Bartók, et Liszt, à quatre mains, ce qui est toujours un défi pour une femme car Liszt avait les plus grandes des mains et ses accords sont parfois impossibles, pour presque tout le monde, les touches sont trop loin. La vie de musicien ressemble à celle des athlètes. Mais je vous raconte ma vie. C'est que je voudrais vraiment vous voir encore, moi aussi. C'est que j'aimerais vous connaître vous, dont je sais si peu. Je ne suis pas bonne à poser des questions. Trop timide. Aidez-moi un peu à me jeter dans l'eau. Je n'ai pas vraiment compris votre métier, et je n'ai pas osé vous demander encore. Vous êtes pour moi enveloppé d'un halo de mystère.  J'espère que vous viendrez au théâtre, et que nous pourrons prendre un café ensemble, mon cher et désopilant Augustin. Et parler l'une ou l'autre de nos langues.

Votre Alice.


Paris, le 13 juillet

Ma douce Alice,

Pardonnez-moi de récidiver, et de plus en français. C'est que je m'inquiète de votre français, et que je ne veux pas vous faire perdre d'occasion pour ouvrir votre dictionnaire. Et, il faut le dire, je serais un peu plus maladroit pour vous écrire dans la langue de Shakespeare. 

Sans nouvelles de vous, je vous imagine au piano, absorbée des heures durant. Et d'ailleurs, merci beaucoup pour votre invitation, je ne manquerai pas de venir vous écouter. Vos doigts courant sur le clavier, votre buste ponctuant les intentions musicales, votre mine changeant au gré des notes, c'est quelque chose que j'aimerais beaucoup voir. J'espère bien que vous aurez le temps, ma blanche Alice, de m'accompagner pour un café, ou un verre de vin, à l'heure où, après le travail, le soleil des terrasses  vous réchauffera sans vous ôter ce teint de marbre, où l'on peut lire avec transparence tous les chemins qu'emprunte votre sang au-dedans.

Il me tarde à vrai dire de réviser avec vous toute la richesse des expressions de notre langue, dont quelques-unes auront pu vous échapper. Je me ferais une joie de vous éclairer.  Je vous avouerai aussi que battre le pavé de la capitale a beaucoup plus de sens avec vous.

A très bientôt, 

Augustin.






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