Paris, le 4 septembre

Fionavanessabis

Epilogue (sculpture de Bruno Catalano) Loveletter number 11.

Paris, le 4 septembre

Ma douce,

Bien sûr, tu joues ce soir. Je ne puis venir t'écouter et t'encourager  mais j'ai bien noté la rediffusion du concert à la télévision que m'a communiquée Henri. Je suis content d'ailleurs pour mon cousin et pour Amanda. Content que quelqu'un au moins puisse être aux côtés de celle qu'il aime.

Je sais que tu as beaucoup travaillé. Je sais que j'en suis l'une des causes. Travailler pour oublier que nous ne pouvons nous voir que ponctuellement, et bien peu. J'espère que tu auras le succès que tu mérites, et la reconnaissance du public. Ne te laisse pas prendre aux paroles douces qu'on pourrait te dire pour te séduire. Honey, I won't be the only one to see you.  Il n' y aura pas que mes yeux pour te voir.

Mais j'ai les mains liées. J'aimerais tant être près de toi, aujourd'hui tout particulièrement. Ici, l'enfermement et l'absence de beauté dans tous les domaines me ramènent, peut-être encore plus que si j'étais au-dehors, à la pensée de toi.  Les nouvelles ne sont pas bonnes de mon côté. On me parle de trois ans fermes au minimum. Le procès est annoncé pour l'automne. J'attends une date.

J'ai téléphoné hier  à l'hôtel, me doutant bien qu'aujourd'hui ce serait la folie pour te joindre. Mais tu étais sortie. Too bad.

Je tâcherai de t'appeler quand même avant le repas du soir, qui est servi ici à 18 h00. Ils nous confondent avec des vieux.

Il me tarde de t'entendre jouer, de te voir à la télévision. Regarde la caméra si tu peux, ce sera comme si tu me regardais quand je te verrai. Comme on dit avant un spectacle ici, pour porter chance, merde, merde, merde.

Je sais que les Canadiens seront là pour t'écouter ce soir. Ne tremble pas, ma belle. Montre-leur de quel bois tu te chauffes. Show them who you are. Décroche ce contrat pour le Canada. Je suis avec toi. Je t'aime.

Augustin

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