Paroles muettes

evagreen

Quand les beaux jours reviendront dis-leur que je suis parti.

Dis-leur que j'étais las d'attendre, las d'entendre , la déréliction suffocante et la furie euphorisante, las des ivresses diurnes et des virées nocturnes.

Dis-leur que les images qu'ils peignent ne m'intéressent plus, que ma révolte j'irais lui insuffler la magie avec ma boue, ma sueur et mon sang.

Dis-leur que le vent et le sable qui lacèrent notre peau est exténuée, que la Nature s'est éteinte dans une lumière fuligineuse.

Dis-leur que demain nous aussi nous serons éteints.
Que toi et moi, dans l'irrascible maelstrom de la haine nous serons plongé, lavés, absous et dissous.

Dis-leur que je fermerai les poings, et que j'ouvrirai les yeux.

Dis-leur que du ciel la catarcate des angs scellera notre destin. Rien qu'une immense vacuité lactée. 

Dis-leur que je frapperais à ta porte, rajeuni,que je te sourirai.

Dis-leur que nous reprendrons notre vie là où nous l'avions emmurée.

Dis-leur que cette même journée s'étire jusqu'à se déchirer.

Dis-leur que s'il faut frapper plus fort,  j'irais me briser.

Dis-leur mon silence, ma fuite, mon mutisme soudain,  ma révolte sourde, ma quête muette. 

Dis-leur mon calme et mon sommeil. Dis-leur que mon rêve est un éterneil éveil.

Quand les beaux jours reviendront, dis-leur que je suis revenu, moi aussi.

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