Partir, etc.

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L'absence est déjà là bien avant de partir. Pesante quoiqu'impalpable.
Dans ses yeux, dans ses gestes, dans les mots qui ne sortent pas de sa bouche, avortés par pudeur. Tous ces riens sont l'absence à venir.
A quoi bon les mots.
L'anticipation des départs est une drôle d'ineptie.
A quoi bon. Rien à faire. Sûrement au creux de l'homme, nichée dans ses gènes hérités des cavernes, l'anticipation fait son nid, inconsciente, incrustée.
Rien à faire. Le temps qui rétrécit. A quoi bon le savoir.
Partir c'est mourir un peu: bof.
Attendre, ça oui, c'est mourir un peu. Attendre en sachant que.
Attendre parce que le départ a eu la bonne idée sournoise d'être programmé.
Les moments pernicieux qui précèdent l'absence en sont en fait la suite, l'inévitable projection, le reflet en avance.

Il est là avec toi mais vous savez tous deux que ce Il s'évadera bientôt.
Sa silhouette dans le fauteuil, la cigarette qui lui au bout de ses doigts, tout cela n'est qu'un souvenir en cours.
On le sait. Les secondes cavalent, s'effilochent en filles faciles pour n'être qu'une ombre de sensation. L'ombre dure un peu tu sais.
Demain, dans ce fauteuil, il n'y aura que son image que tu auras cru bon d'imprimer dans ton cœur.
Une image. Une ombre. Ce n'est pas si mal.
On s'attache à des choses autrement inutiles. Alors pourquoi ne pas s'accrocher à un souvenir en cours.
Nous ne sommes que des hommes.

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