Pas Papa
leto
Noyé dans l'océan de ses larmes, sans aucun bruit, il réfléchit.
Capuchonné dans l'obscurité, il affûte sa lame.
Il coule lentement, tel le radeau de méduse.
Les yeux braqués au ciel cherchant le droit,
La justice est gauchère, rend illisible l'encre fraîche avec sa main maladroite. Le remplissant de rancœur, elle l'abandonne à son triste sort, de telle sorte qu'il décide de se rendre justice lui-même.
Petit frère, pas à pas, sombre dans la folie. Il passe de papa à rien, n'existe aucun terme pour ce phénomène anormal. Il ne croit pas au paranormal, sait donc qu'il ne le reverra seulement dans l'au-delà. Nerveux, il pense à ses proches, les poches vident, le ventre creux. La haine dans le regard - des gens heureux - à son égard.
Il est - et restera - incompris.
Ce n'est pas lui le coupable, pourtant, c'est ce que les autres pensent, un pauvre diable maudit. Pâle les sourcils froncés, une sombre idée en lui le traversa. Il écouta une dernière fois sa chanson préférée, celle de Louis Armstrong. Il leva les bras au croissant de lune. Aucun son ne sortit de sa bouche, ses poumons se vidèrent. Et soudain, trancha son artère.
Il senti son sang bouillant luisant à la lumière du satellite naturel de la terre, d'une robe sombre et cruelle comme son destin. Il tomba à genoux à ce moment-là, il voyait le visage de son fils, pour la première fois depuis ce triste soir et sourit.
Ses lèvres fébriles bougèrent :
"Je ne t'abandonnerai jamais fiston, papa est là."