PAS UN PAS

d-rudsek

Et sans discontinuer pour combler ma solitude

Je traçais des lettres pour faire de ma vie l’étude

Je m’adressais à moi pour tromper ma solitude

Ma plume m’aidait à passer temps, à dormir

En fait, je ne voulais pas, je ne souhaitais pas

Réduire l’écriture à ce moyen de remplir du vide

Une branlette spirituelle, en somme

De cette encre me soulager, vider l’être

C’est comme ça, que ça a commencé

Dans mon désert poreux, dans le sable de mon crâne

Je vis des lettres, telles un miroir

Une hallucination, un mirage

Ces lettres, statues dressées, de taille

Je les ai rencontrées en vrai

À Berlin, dans le jardin de ce squat d’artistes

Elles disaient «Vérité», si je ne m’abuse

En allemand, il est vrai

Et l’accordéon du papier

Qui déforme mes écrits

Me crie «Où est la musique ?»

De la musique avant toute chose?

Pas pour moi, j’aime le silence aride

De l’encre des lettres séché sur papier

Voire imprimé

J’aime le blanc mal teinté

De ce papier au rabais

Censé être un cahier

Acheté à Prague

C’est comme ça, qu’y puis-je ?

Qui suis-je, d’ailleurs ?

Sempiternelle interrogation, point antérieur à l’interrogation même

Pourquoi se poser cette question ?

Inutile, au fond

Des choses, l’être

Les lettres et le néon

De ma lampe qui grésille

Comme autant de criquets

Dans le ventre d’un grizzli

Ma lampe, de sa lumière silencieuse

Éclaire mon désert

C’est le matin

Le soleil, on s’en passe

Sans cesse, cette flamme éclaire mon cerveau

Aux Russes qui se brûlaient le crâne

Que répondre ?

Vouloir remplacer le soleil

De ses pensées, par une attaque extérieure

Des colons de métal s’installent

Dans les neurones

Les détruisent, les achèvent

Comme la flamme de l’eau verte

Par trois fois brûla ma gorge

Dans ce bar, touristique en fait

Qui fit de tous, touristes pour boire

Les voyages, les colonies

Tant de mouvement

Pour si peu au fond

S’abreuver aux rivières verdoyantes

Des paradis artificiels de l’esprit

C’est ça, simplement

S’abreuver l’esprit…

D. Rudsek 2005

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