Pas vu parti.
Mitaine Crocq
J' t'ai pas vu venir,
t'installer,
et prendre place à mes côtés
t'ai pas vu venir,
t'incruster,
forcer la porte de mes pensées
pas vu venir,
nettoyer,
faire ton nid dans mon esprit
venir,
m'enseigner,
qu'être deux peut être le pied.
Puis t'es parti.
L'ai pas vu venir.
Ai rien su faire.
Bien amer.
Pas vu.
Parti.
Je reste là, j'essaie sans toi
mais t'es partout, bien malgré moi.
Dans mon portable t'es Sms,
sous mes draps, t'es Oreiller,
nuage de toi autour de moi.
Dans ce film, ton favori,
que j'passe en boucle chaque soir de gris.
Dans trop de ruelles, dans trop de silhouettes,
ta nuque tes boucles, partout je guette.
Pour un refrain,
pour un parfum,
mon coeur se gonfle, mon ventre aboie.
Je suis à plat, vide de toi.
Mon corps a faim, enchaîne les lits,
mais il ne jouit, mendiant du tien.
Mon âme recule, me fuit s'enfouit,
reste un corps qui survit.
Rétractée ma verge aussi, encore vivant, déjà je gis.
Je riais bien de ces nigauds,
pariant une vie sur un duo.
J'étais pourtant bien avant toi,
seul, mais sans abois.
J'ai r'pris le sport, mon âme ressort,
avec la course, mes muscles repoussent.
Jour critique au lavomatique,
au tambour, je passe l'amour.
Draps oreillers, j'ai tout lavé,
effluves de toi, évaporées.
T'y étais plus, j'y restais seul,
sentant la mort dans son linceul.
Tes sms, tous balayés,
ton numéro, dé(sim)é.
Je n'oublie pas, je fais place nette,
j'me débarrasse de l'obsolète.
Je sors je vis,
je vois je ris,
j'regarde venir,
de loin j'admire.
De loin je vois, d'autres qui m'approchent,
foulant mon seuil, bravant mon porche.
Je n'ouvre pas, je suis forclos,
autiste je suis,
parti tu es.