Passer la porte du feu

aile68

Passer la porte de feu, sauter au-dessus du brasier flamboyant, recevoir une braise sur le visage, en être marqué à vie, une jolie cicatrice qui donne du caractère au regard, ce n'est pas la fin du monde, juste des étincelles qui s'échappent du feu dans le soir qui tombe. La paille tout autour risque de s'enflammer, qu'importe les garçons entre chien et loup font les fous, par défi, par plaisir du danger, pour fêter leurs quinze et seize ans, les filles avec des fleurs sur leur longue chevelure ondoyante comptent les points, c'est à celui qui sautera plus haut, plus loin. L'odeur du feu enivre toute cette jeunesse amoureuse, les cicatrices sont-elles réelles ou imaginaires? Mes quinze ans, mes seize ans ont subi l'épreuve du feu, sur le banc, sur la touche, j'ai applaudi les courageux jeunes hommes, fougueux, déchaînés, endiablés, j'ai salué chacun de leur exploit avec l'ardeur d'une fan tout feu tout flamme, pétulante, fébrile.

Tous gagnants, tous vainqueurs, je tends ma joue vers  le beau Rémi, le Jean flamboyant, m'attarde sur l'impétueux Sacha, mon préféré, mon promis. Il m'accompagnera vers l'autel, un jour, un samedi, un dimanche, dans mes mains un bouquet de fleurs sauvages, naturelles, il n'y a pas de plus beau cadeau qu'un baiser sur la joue, bel ami, bel aigle qui fonce qui fonce sur le feu avec la fougue d'un conquérant amoureux, le courage d'un homme qui n'a peur de rien.

Passer à côté de l'amour, ce n'est pas possible, on le prend, le saisit comme une cocarde, un gros lot sur le mas de cocagne.

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