Passion

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Il faisait sombre, la jeune fille rejeta ses cheveux noirs en arrière dans sa capuche foncée. L'air était comme chargé d'électricité, l'orage n'était pas loin, des éclairs zebraient déjà le ciel. Un vent soufflait hostile, comme s'il voulait arracher les herbes folles. La jeune fille s'arrêta à l'entrée d'une vieille ruelle qui jamais  semblait ne semblait avoir vu le soleil. Elle frissonna et mit ses mains dans les poches de son jean. Elle était seule, seule au milieu de ces rues mal éclairées, seule dans l'obscurité. Pourtant elle n'avait pas peur car une rage sombre l'etreignait au plus profond de son cœur. Cette rage l'enserrait comme un étau. Tremblante de froid et de fureur non contenue elle attendait. Attendait son destin... 

Elle n'entendait que le son lugubre du vent, que le cliquetis infernal des barreaux des maisons voisines et les volets claquant contre les murs. Soudain elle sentit une présence derrière elle. Comme dans une séquence cinématographique au ralenti elle sorti un petit revolver en argent de sa poche gauche et se retourna brusquement le revolver tendu droit devant elle, les yeux luisants de haine. Il était venu la avec son petit sourire cruel. Tout de noir vêtu comme elle. Elle pouvait distinguer ses yeux gris d'acier malgré la profonde pénombre. Tout comme elle il était d'une beauté stupéfiante. Elle continua à le fixer avec rage, l'arme à la main. Elle voulait le tuer, voir son sang s'écouler dans le caniveau et laisser son corp pourrir dans la ruelle. 

La tension était telle que l'on aurait pu la palper du bout des doigts. Elle voulait l'assassiner, cet homme qu'elle avait aimé plus que tout, cet homme qu'elle avait vénéré, idéalisé. Sa passion était tellement grande qu'elle s'était retournée du côté obscure lorsqu'elle avait appris qu'il l'avait trahie. Elle le regardait avec haine, il la toisait avec mépris.

"Ainsi tu es venu ! "cracha-t-elle, les mains tremblantes de rage et crispée sur le revolver. 

Sa fureur contenue trop longtemps faisait faire des soubresauts à son cœur. Pour toute réponse le jeune sortit à son tour son revolver noir de l'une des poches de sa veste en cuir sans se départir de son petit sourire cruel et le tint droit devant lui, pointé sur la jeune fille avec un poignet ferme et assuré. 

Les yeux de laquelle ne devinrent plus que deux fentes. On aurait presque pu voir des flammes rouges briller dans ceux ci. 

Son immense passion pour lui n'avait pas faiblit mais elle était passée du domaine de l'amour à celle d'une rage indomptable. Cela faisait deux ans qu'ils étaient épris l'un de l'autre lorsqu'elle avait appris la nouvelle. Il l'a trompait depuis presque toujours avec sa propre sœur. Laquelle était allongée dans son lit baignant dans une mare de sang. 

Ses épaules tréssautèrent lorsqu'elle y repensa et sa bouche se crispa en un rictus effroyable. Elle rejetta sa capuche dans son dos et ses longs cheveux de jais volerent autour de sa tête. Son rouge à lèvres avait la couleur du sang. 

Elle avança de trois pas, jusqu'à ce que son revolver soit posé sur la poitrine de son pire cauchemar. Ses jambes flageolaient. Le jeune homme lui tordit le bras et la plaqua contre le mur, elle etouffa un cri. Il se jetta sur ses lèvres et l'embrassa avec une fougue immense. 

D'abord surprise, elle se laissa faire puis, sa fureur prennant le dessus elle le frappa de toutes ses forces de son bras libre. 

Hébété, il chancela et braqua à nouveau son arme. 

"Tu sais... Je n'ai aimé que ta sœur. Crachat-il. Tu n'étais qu'un alibi. A présent tu vas payer pour avoir détruit mon amour ! 

-toi tu vas payer pour avoir détruit... Et piétiné mon ' cœur ! Lui rétorqua-t-elle plus menaçante que jamais "

Les deux coups partirent en même temps et les toucherent en plein cœur. Ils s' ecroulerent à terre, les yeux revulsés, morts, leur âme détruite à jamais. Leur destin s'accomplissant enfin. Leur sang couleur ocre commençait à degouliner de leur blessure, toutes deux identiques. 

Deux longs filets de sang descendirent la ruelle de deux mètres pur finalement se rejoindre et former ainsi une seule et unique mare de sang. 

Et c'est la que la foudre s'abattit sur la maison derrière eux comme pour montrer que leurs destins étaient scellés, comme la mare de sang qui ne cessait de grossir devant leurs yeux encore grands ouverts mais morts, et où l'âme rendue noire s'écoulant petit à petit. La mare de sang obstruait à présent le chemin de la ruelle sombre. 

Fin 

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