Patate douce

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C'est sur la place Verte de Fourmies qu'eut lieu le premier attentat en 2027. Un prénommé Jean-Claude aspergea le public de graisse de bœuf durant la ducasse en criant « Al Baraque à frites ». Dans l'heure qui suivit, l'AFP reçut le message suivant : « Au nom du très sain Léopold II, notre vénéré croqueur de congolais, nous déclarons la guerre à ces mécréants de Français et à l'huile de tournesol ». Bien que l'acte ne fût pas revendiqué, on suspecta le Bamas, des activistes acquis à l'orthodoxie la plus radicale. Ils se refusaient par exemple d'admettre l'usage de la friteuse sans graisse. Ils respectaient scrupuleusement la double cuisson et n'admettaient que la stricte obsédience à la bintje.

Cet attentat commença à inquiéter sérieusement les autorités quand le ministre de l'Intérieur reçut un colis de fricadelles. Tourquennois d'origine, il en connaissait les dangers. Il avait encore en mémoire sa crise de colique frénétique après avoir accepté d'en manger une à la kermesse de Mouscron. Leurs analyses chimiques et bactériologiques vinrent démontrer, effectivement, qu'elles étaient fabriquées à base de tout et surtout de n'importe quoi. La feuille d'emballage ne permit pas d'en extraire le moindre indice ou empreinte digitale.

On renforça les patrouilles de douaniers. Les événement prirent une allure moins catholique le 7 octobre. Se revendiquant être les dignes descendants de Godefroy de Bouillon, le premier roi chrétien de Jérusalem, un groupuscule de terroristes belges s'introduit nuitamment de l'autre côté de la frontière, au Café des sports de Pouru-Saint-Remy. Quelle ne fut pas la surprise du tenancier au petit matin. Il découvrit que tout son stock de Kronenbourg avait été remplacé par de l'Orval. On accusa les trappistes de faire un jeu d'équilibristes. On les soupçonna de se faire mousser, n'en déplaise aux puristes qui eurent en bouche un goût amer de les voir faire les saintes-nitouches. Une bulle papale vint sonner la fin de la récréation en invitant les moines à mettre de l'eau dans leur bière. Les cisterciens burent jusqu'à la lie ce numéro de cirque.

Les terroristes eurent à cœur de s'infiltrer sur les réseaux sociaux, les inondant de blagues françaises. L'ambassadeur du royaume au Mexique fut convoqué par le ministre des Affaires étrangères pour lui expliquer que son gouvernement se refusait à toute ingérence dans le conflit entre les deux nations. Il réclama des excuses officielles suite à la vanne qui circulait sur la toile : « Quelle est la différence entre la France et le Mexique ? Au Mexique, il n'y a que les plats qui font chier ! ». « Quelle est la différence entre Nelson Mandela et un membre du gouvernement français ? Nelson Mandela est allé en prison avant d'être élu » n'eut aucun effet. Cela faisait plus de 800 jours que la Belgique n'avait plus de gouvernement. L'Afrique du sud, marquée par des décennies d'apartheid, se refusa de prendre partie alors que, côté batave et luxembourgeois, des manifestations de géants et de Gilles soutenaient le plat pays.

Nous n'en étions pas au bout du tunnel. En effet, c'est toute la botte de Givet qui prit fait et cause pour ses voisins d'outre-Quiévrain. Les politiques hexagonaux ne cessaient de se quereller face à cette enclave. « J'y vais ou j'y vais pas ? » raillaient les journaux. Il fut décidé de déplacer tous les habitants vers Rethel qui, plus que jamais, au regard du physique peu amène des Givetois, méritait bien son titre de capitale du boudin blanc.

Comme nous l'avons expliqué précédemment, la Belgique se trouvait sans Premier ministre depuis plus de deux années. Le Conseil de sécurité des Nations unies se trouva fort dépourvu de ne pouvoir délivrer la moindre résolution à une instance qui eut été en mesure de la recevoir. Il fut décidé de déployer des Casques bleus, ce qui ne fit qu'envenimer les choses. Ce fut la première guerre des patates, les Belges se révoltant contre l'usage disproportionné de frites Mac Cain dans les cantonnements des militaires.

À ce jour, les accords d'Oslo ont permis un status quo en préconisant l'usage des patates au beurre. En espérant que, côté français, on ne rajoutera pas d'huile sur le feu. Plus inquiétant : il semblerait que le conflit connaisse de nouveaux développements avec les usagers de l'huile d'olive dans le sud du pays.

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