Patte de velours (Rouge glace)

Caïn Bates

        La reine avait envoyé plusieurs groupes de soldats dans les alentours de la ville. Attano, lui avait disparu au détour d'un couloir mais mon instinct me laisse penser qu'il est à l'origine des murs électriques qui se sont déployés ça et là dans les rues et dans certaines allées du palais. Hobbes (quelque soit son vrai nom) m'avait suivi depuis la salle du trône sans un mot, ricanant parfois, prêt à bondir sur le moindre ennemi qui se présentait à nous.
      J'admire son calme tout autant que je le crains, d'autant plus qu'il s'acharne à rester toujours dans mon dos même quand je prétexte le moindre épuisement. Les longues marches dans ces collines champêtres et le manque d'eau ne semblent pas le fatiguer le moins du monde, un peu comme si il connait ses lieux comme sa poche. De temps à autre, il s'arrête pour humer l'air et me changer de direction. Je n'y prête pas attention jusqu'à l'instant où je lui tint tête.  Convaincu qu'il tentait de m'attirait dans un piège, j'emprunte la direction inverse à la sienne. Il s'arrête, observant le sentier que j'emprunte puis siffle pour attirer mon attention. A la seconde à laquelle je me stoppe net, une balle  vrombi au creux de mon oreille pour se planter dans l'arbre devant lequel j'aurai dû me tenir. Il siffle une seconde fois, quelques secondes passent avant qu'un cri horrible surgit de l'endroit d'où venait la balle. Je me met alors à courir vers l'origine de ce cri.

      "Si j'étais toi, je resterai sur les sentiers que je t'indique. Tu risque de te faire tirer comme du gibier, flammèche."

      Je zigzague comme je le peux entre les arbres jusqu'à tomber sur un homme encore vivant, déchiqueté de toutes parts, suppliant qu'on l'achève. 

      "Tu vois, les bois ne sont pas sûrs par ici, on devrait tout brûler. Hobbes se tenait derrière moi, immobile. Il t'aurait tué sans même cherché qui tu es. Il sort un outil qui ressemble à une broche de son sac et le plante dans l'épaule de l'homme avant de le placer contre un arbre et de l'y placarder. Laissons le là, il servira d'exemple.
- Pas question, j'ai du mal à supporter les supplications de l'homme mais je tente de faire face à Hobbes, décroche le. S'il doit mourir, qu'il puisse au moins tenter de survivre.
- Hors de question."

      Hobbes tranche alors la gorge de l'homme sans sourciller, recevant du sang sur son visage qui essuie d'un revers de manche.

     "Nulle personne qui m'accompagne sera abattu comme un vulgaire clébard. Les autres, en revanche, seront traités comme n'importe quel tas de viande. Maintenant, bouge toi, ses collègues risquent de rappliquer."

      Il siffle une troisième fois et j'entends des pas étouffés au loin qui se dirigent vers le sentier qu'il avait désigné il y a quelques minutes. 

      "Tu tiens à elle, non ? Alors fais ce que je te dis ou tu mourras comme les autres. Je n'ai aucun intérêt à te garder en vie hormis obtenir la confiance de Diane. Avance Flammèche."

      Je pense qu'il me voit comme un otage ou comme une personne à escorter, impossible de le cerner davantage. Mais, il a raison, je veux retrouver Danae autant que lui.

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