PECHE MORTEL

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SYNOPSIS

Débarqué à 18 ans à New-York, Sébastien Lemare vit à fond son rêve américain. Jeune, beau, talentueux, il règne en maître absolu depuis deux ans sur l'Eclaire Gourmand. Une boulangerie-pâtisserie située en plein Brooklyn. C'est un homme exigeant dans son travail et autoritaire avec ses employés. Karl son second en fait souvent les frais. Ambitieux, il est certain de devenir le futur propriétaire de l'établissement. Il ne voit pas d'un très bon œil l'arrivée d'Émilie, la fille d'Elisabeth Clémence (son mentor et propriétaire de l'établissement) à la tête de la boulangerie-pâtisserie. Lors de leur rencontre, toutes sortes d'émotions contradictoires vont l'envahir. Il prend plaisir à la défier et à la traiter comme une petite fille. Mais il va s'éprendre très rapidement de la très belle jeune femme. Intimidée au départ par cet homme charismatique, Émilie peine à trouver ces marques. Une simple suggestion de sa part va déclencher une guerre entre eux. Pourtant au fil des jours, Émilie sans se l'expliquer se sent de plus en plus attirés par cet homme qu'elle déteste. Entre eux, le désir est là, palpitant, obsédant, enivrant. Débute alors une liaison passionnée qui va faire naître en Émilie des pulsions sexuelles dont elle ne soupçonnait même pas l'existence et changer Sébastien qui jusqu'alors collectionnait les femmes. Un soir Elisabeth est retrouvée comateuse sur le sol de sa cuisine. Le verdict tombe, empoisonnée à l'arsenic. Ce diagnostique va tout remettre en cause entre Sébastien et Émilie. S'agit-il d'une simple intoxication ou d'un empoisonnement ? Comment ou Pourquoi ? Très vite l'enquête semble accuser Sébastien. Émilie se trouve alors partagé entre les soupçons qui semblent accuser Sébastien et son amour pour lui. Les sentiments de Sébastien étaient-ils sincères ? L'enquête policière révélera une vérité qui la désarçonnera.

PRÉSENTATION DES PERSONNAGES

Sébastien : Grand, athlétique, châtain foncé aux yeux marron, âgé de 32 ans. C'est un homme sûr de lui, fier de sa réussite et ne doutant jamais de ses compétences, ni de son charme. IL semble prêt à tout pour réussir. Dragueur endurci, il collectionne les femmes Une seul personne trouve grâce à ses yeux, Elisabeth Clémence, son mentor, celle qui a cru en lui et l'a fait venir à New York à 18 ans. Il la considère comme une seconde mère. L'arrivée de sa fille va remettre en cause leurs relations et son avenir au sein de L'Eclaire Gourmand. Il considéra Émilie comme une rivale à éliminer. Mais l'amour s'invitera.

Elisabeth : Taille moyenne, brune aux yeux marron, mince, âgée de 62 ans, elle assume son côté excentrique et revendique son goût pour les hommes plus jeunes qu'elle. A 37 ans, elle abandonne brutalement son mari et sa fille pour suivre un amant rencontré sur une plage normande. Amant qui la délaisse rapidement. Elle fait fortune en épousant un riche entrepreneur. A Sa mort, elle devient propriétaire de l'éclaire Gourmand. Elle considère Sébastien comme un fils et souhaiterait le voir en couple avec Émilie.

Émilie: Taille moyenne, brune aux yeux marron, âgée de 26 ans. C'est une belle femme aux courbes pulpeuses. Après de brillantes études dans le commerce, elle rejoint sa mère à N.Y. Les retrouvailles ont été difficiles, mais aujourd'hui une véritable complicité les lie. Ses relations avec les hommes sont compliquées. Sa rencontre avec Sébastien ne se passe pas bien. Ils se détestent mutuellement. Il l'infantilise et la défie régulièrement. Mais la distance le rendra encore plus sexy à ses yeux et la fera succomber. Cathy: Taille moyenne, auburn aux yeux verts, âgée de 26 ans. C'est la colocataire et confidente d'Émilie. Elles se sont rencontrées sur un site communautaire dédié à la colocation. Elle partage le même sens de l'humour. Assistante du procureur de N.Y, elle n'est pas insensible au charme de son patron.

John: Grand, brun aux yeux noirs, la cinquantaine un peu bedonnante. Il n'est pas dépourvu de charme. Accro à la bouteille et aux femmes, il mène une vie solitaire. Il est entré dans la police à l'âge de 20 ans. Fin limier, il est entièrement dévoué à ses enquêtes.

Karl: Grand, blond aux yeux bleus, âgé de 25 ans. C'est le second de Sébastien et également son souffre-douleur. Pourtant, il est dévoué à son chef dont il admire le talent et le charisme. Il paraît insipide mais ne l'est pas tant que ça.  

PECHE MORTEL

CHAPITRE 1

Dimanche L'Eclair Gourmand venait d'ouvrir ses portes. Ce jour-là le rush débutait dès 6h du matin. Les clients affluaient de tous les quartiers de New-York. Située en plein Brooklyn, cet emblème du savoir-faire Français était la boulangerie-pâtisserie du moment. Proposant une large gamme de produits fraîchement préparés sur place, on pouvait y prendre son petit-déjeuner, son brunch, son lunch, ou encore son café gourmand. Les traditionnelles pâtisseries : mille-feuilles, éclairs, tartes au citron, fraisiers, opéras, côtoyaient des créations plus originales: macarons fraise-basilic, éclairs à la violette, tartes tatin caramel beurle salé… La boulangerie proposait l'incontournable baguette française à la mie alvéolée enrobée de sa croûte croustillante aux senteurs de noisette, et toutes sortes de pains spéciaux : pains au levain, aux céréales, aux olives, brioches sucrées et salées… Au rayon viennoiseries, des pains au chocolat, des croissants au beurre ou aux amandes, des chaussons aux pommes et à l'abricot, des pains aux raisins…faisaient le bonheur des gourmands. L'établissement se déclinait sur deux niveaux. Le premier était réservé à boutique proprement dit. Les murs étaient peints dans des tons ocre : beige et orange. La décoration était moderne avec des touches rétro comme ses horloges en fer forgés accrochées aux murs. La longitudinale vitrine d'exposition était le point de mire de la pièce. Derrière celle-ci, se tenaient les serveuses, qui d'un mouvement de bras pouvaient accéder aux différents pains sagement rangés dans des paniers en osier. De là, un petit couloir situé à l'arrière de la boutique menait à la salle de fabrication, « le labo » et aux bureaux. Au second niveau se trouvait le salon de thé, on y montait par un escalier en escargot. Le mobilier était fonctionnel et épuré. En accompagnement, vous pouviez commander du thé ou du café venus du monde entier, déguster un chocolat fait maison agréablement mousseux, ou encore vous rafraichir d'un jus de fruits frais ou d'un smoothie minute. Dans ce brouhaha dominical, une seule voix résonnait plus que les autres, celle de Sébastien. Les habitués n'y faisaient guère plus attention. Sébastien Lemare était le chef pâtissier de ce petit royaume des délices. Quatorze ans plus tôt, il avait quitté la France, sa ville de Grenoble, pour venir tenter sa chance à New-York, ville cosmopolite par excellence, là où tout était possible et imaginable. Son premier job fut d'intégrer la brigade de l'Eclaire Gourmand comme commis. Son talent inné pour la pâtisserie l'avait rapidement propulsé aux commandes de la brigade. A 32 ans, il faisait partie des jeunes pâtissiers qui avaient la côte et les média ne s'y trompaient pas : la télévision et l'édition s'intéressaient de très près à lui et son charme latin contribuait également à cette notoriété médiatique. Deux fois par mois, généralement les vendredis de 14 h à 16 h, Sébastien ouvrait son labo à la clientèle. Il y donnait des cours de pâtisserie aux néophytes. Le succès était tel que pour y participer, il fallait réserver sa place deux mois à l'avance. Son fan-club était majoritairement composé de femmes, aussi bien émerveillées par son talent que par son charme sulfureux si « so frenchy ». C'était un patron respecté mais aussi craint par son personnel. L'exigence qu'il s'appliquait à lui-même le rendait autoritaire. Pour faire simple, L'Eclaire Gourmand était son royaume et le personnel y travaillant ses sujets. Ces derniers temps, Sébastien était plus exécrable qu'à l'ordinaire. A chaque saison, une nouvelle gamme de produits voyait le jour. Le bouclage de la carte était une grande source de stress pour lui. Karl, son second, surnommé « le supplicié » par ses collègues en faisait plus cruellement les frais. Sa mission du jour, préparait des babas au rhum. - Karl, c'est quoi cette merde ! t'appelle ça un baba au rhum. Malgré la pression quotidienne le jeune homme de 25 ans, admirait par-dessus tout son mentor Je suis désolé chef ! - Baba au rhum ! Ce n'est pourtant pas difficile à saisir ! Je dois sentir le rhum, le gâteau doit en être imbibé. Qu'est-ce que tu veux que je foute de ce machin tout sec. - Je vais recommencer Chef ! - Il faut que je fasse tout moi-même ! range cette cuisine, y'a du foutoir partout ! Tu penses que tu seras le faire ou il faut que je mis colle aussi. - Ça ira Chef ! Karl nettoya les trois casseroles, rangea les quelques ustensiles qui trainaient avant de désinfecter le plan de travail sous l'œil énervé de son patron, puis il s'en alla. Mieux valait ne pas rester dans les parages quand Sébastien l'avait mauvaise. Elisabeth Clémence avait 62 ans, en paraissait 10 de moins et en était très fière. A 37 ans, sur un coup de tête, elle avait quitté sa Normandie Natale. Ne pas se poser de questions mais juste foncer, c'était son mode de fonctionnement. Les conséquences de ses actes, elle avisait toujours après. Ainsi, elle avait délaissé son mari et leur unique fille, pour rejoindre un amant à New-York. Cet été-là, elle avait fait la connaissance de Matt venu rendre un dernier hommage à son grand-père, un ancien G.i. ayant participé au débarquement et mort de vieillesse quelques mois plus tôt. Comptable de profession, fraîchement séparé de sa femme, il avait remarqué cette magnifique brune solitaire. Sa liaison avec Matt, dura jusqu'à une moitié d'automne. Elisabeth ayant pris goût à la vie New-yorkaise, décida de s'y installer définitivement. Loin d'être désespérée, pleine de ressources et de charme, elle se consola rapidement dans les bras d'un riche entrepreneur. Six ans de vie commune et le décès de son mari, lui avaient laissé un confortable pécule dont elle avait investi une partie dans la création de l'Eclair Gourmand. Un an plus tôt Émilie, sa fille, âgée maintenant de 26 ans, l'avait rejointe à New-York. Les retrouvailles avaient été difficiles, celle-ci lui reprochait d'avoir laissé son père l'élever seule, mais Élisabeth n'avait jamais regretté son choix et sa fille avait eu du mal à l'entendre. Depuis de « l'eau avait coulé sous les ponts » et leur complicité se faisait plus grande de jour en jour. Le dimanche quelque fut les conditions météorologiques, elles prenaient le brunch ensemble. Pour ce déjeuner, Élisabeth veillait au choix de sa tenue, ses excentricités vestimentaires n'étaient pas du goût de sa fille. Ce moment était également l'occasion pour Élisabeth de faire le point sur l'Eclair Gourmand, dont elle avait confié la gestion depuis 6 mois à Émilie. Ses brillantes études en management la destinaient sans mal à ce genre de poste. Et puis, lui confier les clés de son établissement avait été comme un signe de paix et de réconciliation de sa part. Émilie arriva la première et s'installa en terrasse. On était fin mars et le temps était particulièrement doux et ensoleillé. Malgré la blessure de l'abandon, Émilie avait toujours aimé sa mère et admirait cette femme exubérante qui malgré la soixantaine, était à ranger dans la catégorie adulte en perpétuel crise d'adolescence. Élisabeth venait d'arriver, habillée d'une combinaison pantalon blanche, chaussée d'une paire de baskets montantes argentées et dorées, le tout rehaussé par une veste léopard. Intriguée au début par ses associations improbables de couleurs et de matières, son style vestimentaire, quoique vulgaire par moments, ne la choquait plus, et puis, on était à New-York. Après quelques bouchées, la discussion porta rapidement sur le chef pâtissier :

- Comment se passe ta collaboration avec Sébastien, demanda-t-elle en lui servant une coupe de champagne. - Bof, comme tu peux t'en douter ! mon avis n'a pas changé. Tu ne bois pas ?

- Non j'ai mal à l'estomac, je vais rester au jus de pomme. Émilie, n'oublie pas que Sébastien est le meilleur pâtissier que j'ai eu jusqu'à présent !

- Je sais ! Cesse de me le répéter à chaque fois, tu ne manges pas beaucoup !

- Tu devrais faire des efforts !

- Moi, faire des efforts ! Il est arrogant, imbu de sa personne et j'en passe. En plus il me prend pour une incompétente, voir une demeuré.

- Tu exagères !

- Tu l'as trouvé où celui-là ?

- Pardi en France !

- tu n'as pas remis les pieds en France, depuis que tu nous as abandonnés papa et moi !

- J'ai quitté ton père Émilie, mais pas toi et tu le sais très bien. Quant à Sébastien il venait d'obtenir son diplôme. Il m'a envoyé sa candidature. Sa lettre m'a touchée et j'ai décidé de lui donner sa chance. Je l'ai fait venir ici et je l'ai pris sous mon aile.

- A défaut de moi !

- J'ai toujours été là pour toi, même si tu refusais tous contact avec moi ! Sébastien aboie plus qu'il ne mord. C'est un gentil garçon, tu peux me croire. j'admire l'homme et il a tout mon respect. Son intelligence, sa persévérance et son talent, lui ont permis de se hisser à la place qu'il occupe aujourd'hui. Alors moi je dis qu'il a le droit d'être chiant, même super-chiant. Au moins, il ne laisse pas indifférent ! Tu verras, tu apprendras vite et bien auprès de lui.

- Eh bien, c'est ce qu'on appelle de l'éloge ! t'as couché avec lui ou t'envisages de le faire !

- Émilie ! il pourrait être mon fils, s'offusqua Élisabeth. - Il vivait bien chez toi un moment !

- Chez moi, pas avec moi ! Chérie, je n'ai pas eu et je n'aurai jamais ce genre de relation avec Sébastien.

- Désolée, Élisabeth ! je m'en veux d'avoir heurté des bonnes mœurs ou du moins l'idée que tu t'en fais !

- Je suis partie avec un autre homme que ton père. J'ai une sexualité très libérée et j'avoue j'aime la compagnie des hommes jeunes mais ça ne fait pas de moi la « bitch » que tu penses! Sébastien est un bel homme, charismatique et je comprends qu'il puisse t'impressionner. Conclut-elle avec un petit sourire en coin.

- Je ne suis pas sous son charme comme tu sembles l'être ! Il m'agace et je ne t'apprendrais rien en t'informant que tout ton personnel est du même avis que moi ! à part ce pauvre Karl

- Sébastien est brillant !

- Oh, pour être brillant, il l'est ! et pas seulement dans l'art de pâtisser, insinua-t-elle narquoisement

- Je ne te suis pas bien, où veux-tu en venir ?

- A ses cours remplis de poulette et de couguar comme toi ! C'est un terrain de chasse pour lui !

- En effet sacré mélange ! Il ne compte pas ses heures, il a le droit de s'octroyer un peu de bon temps. Comme dit Brel « Il faut bien que le corps exulte ». En quoi cela te dérange-t-il ?

- En rien ! Mais cette façon de draguer la clientèle. Franchement, Elisabeth !

- Ces dames se sont plaintes, alors pourquoi tu en fais un plat !

- Je n'arriverais pas à m'entendre avec lui !

- Cette année, il a augmenté le C.A de plus de 30%. Le salon de thé fait salle comble tous les jours. Le week-end on fait 150 couverts. On fait la queue sur le trottoir pour goûter à ses pâtisseries. Il va falloir absolument communiquer ! Élisabeth avait raison. Émilie soupira et siffla sa troisième coupe de champagne.

- Émilie ne me demande pas de choisir entre vous deux ! - Bien sûr que non, ce n'est pas ce que je veux ! Je te dis seulement que ton chef pâtissier me tape sur les nerfs !

- A se demander s'il y a que tes nerfs qu'il affole !

- Non, mais….t'insinues quoi là ? demanda-t-elle sur la défensive - D'abord tu te renseignes sur ma relation avec lui, ensuite tu sembles agacer par les femmes qui tournent autour lui. On pourrait se poser des questions !

- T'es pas sérieuse Élisabeth ! Émilie regarda sa mère médusée, elle ne plaisantait pas

- C'est pas mon genre !

- Enchantée de savoir que tu as un genre, parce que côté sexe c'est le calme plat. C'en est même inquiétant !

- J'ai pas envie de philosopher sur ma vie sexuelle avec toi ! - Y'a pas matière ! Au moins Sébastien, lui baise !

- Très drôle, vraiment très drôle !

- Je n'aime pas les blonds !

- Il est châtain foncé !

- C'est pareil !

- Pas tout à fait ! répliqua-t-elle pour la taquiner Voyant qu'elle ne s'en sortirait pas, Émilie changea de sujet.

- Je te promets de faire mon possible, pour que tout se passe au mieux avec ta star des fourneaux. Alva m'a dit que tu dormais mal et que tu souffrais de plus en plus.

- Alva ferait mieux de s'occuper de ce qui la regarde !

- Élisabeth, je parle sérieusement !

- Je vais bien ! une vilaine indigestion !

- Tu es sûr que c'est tout ! tu n'as pas bonne mine, tu ne manges rien, tu ne dors pas, continua-t-elle soucieuse.

- Je suis juste un peu fatiguée Émilie !

- Fatiguée par quoi ? je suis inquiète Élisabeth. Tu as été voir le médecin ?

- Je vais y aller!

- Quand Élisabeth, dis-moi quand ? il paraît que tu perds la tête aussi !

- J'ai l'air d'une folle dingo ! - Vu comment t'es encore sapée aujourd'hui !

- C'est mon style et j'assume

- Plus sérieusement Élisabeth, tu me promets que tu iras voir le médecin !

- Pour te rassurer sache que j'ai mon rendez-vous demain matin

- Je ne te le dis pas souvent mais je t'aime Maman

- Moi aussi ma chérie, j'irais sans faute !

Après le départ de Karl, Sébastien connecta son iPhone à sa station d'accueil, posée sur une étagère. Il navigua quelques secondes et sélectionna l'une de ses playlistes.

Piste 1 : Mirrors de Justine Timberlake, Il ferma ses yeux, prit une grande inspiration et se laissa bercer par l'introduction de la chanson, aussitôt ses doigts se détendirent. Alors mentalement, il commença la préparation de sa pâte à savarin. Les dosages, l'ordre des étapes, tout était dans sa tête. Vitesse et exigence, voilà ce qui caractérisait le mieux son travail.

Piste 2 : Treasure de Bruno Mars, il installe sur son plan de travail, les ingrédients et le matériel dont il avait besoin et se dirigea vers le batteur électrique. Pour sa pâte à savarin, il ne jugerait que par la recette de ce grand chef Pâtissier mondialement connu dont il admirait le travail avec passion et respect.

Piste 3 : Diamonds de Rihanna. Il eut un petit sourire, Riri et ses courbes affolantes. Sans trop savoir pourquoi il se mit à penser à Émilie. Ces courbes aussi n'étaient pas mal. Dans la cuve, il dilua de la levure avec une partie œufs et ajouta de la farine et du sucre. Il sélectionna la première vitesse et attendit que la pâte devienne homogène. Puis il versa le restant des œufs et mélangea à nouveau durant 5 minutes en 2iéme vitesse. La pâte se décolla de la cuve et il lui ajouta du beurre et de la fleur de sel.

Piste 4 : Rhymes de Joe Bonamassa et Beth Hart. Ses deux grandes découvertes de l'année. Un coup de cœur immédiat. Il écoutait en boucle le dernier album de Bonamassa, son titre préféré était « Drive in the night ». En écoutant la voix puissante de Beth Hart, il pensait écouter une chanteuse noire et sa surprise fût totale quand il découvrit une blanche au corps gracile. Il graissa des petits moules et à l'aide d'une poche à douille, Sébastien en remplit les 1/3. Il tapota bien les moules afin d'enlever le maximum de bulles d'air.

Piste 5 : Billie Jean de Berk The Virtual Band, version jazzy très réussie de cette chanson du roi de la Pop. Il laissa les pâtisseries étuver pendant 45 minutes. En attendant, il commença la préparation de sa compotée d'ananas.

Piste 6 : Nightcall de Kavinsky. Morceau électro que l'on associera à jamais à un Ryan Glossing au volant de sa voiture, roulant en pleine nuit, dans le bleu électrique d'une ville. Un caramel vanillé commença à brunir dans une poêle, il déglaça au rhum avant d'y faire compoter des cubes d'ananas fraîchement coupés. Dans une casserole, il mit à cuire des citrons coupés en tranches, du jus de citron, du sel et du beurre coupé en dés.

Piste 7: Set fire to the rain-Adele Le caramel devint sirupeux, Sébastien réserva. Dans une autre casserole, il s'attaqua au sirop parfumé au rhum qui devait imbiber ses babas.

Piste 8 : All Rise-Blue. Il adorait ce groupe depuis l'adolescence et continuait à l'écouter avec plaisir.

Piste9 : One love- Blue. Sébastien fredonna le refrain. D'agréables souvenirs, les premiers coups de cœur. La crème au citron avait réduit des 2/3, il réserva. Puis il enfourna ses babas à 170° pendant 20 minutes.

Piste 10: Rocketerr – Far East movemt. Dans un bol, il monta en chantilly de la crème liquide avec du sucre et des zestes de citron vert.

Piste 11 : Europa-Santana. Sébastien démoula ses babas et les enfourna à nouveau 5 minutes à 190°. Il fallait que les babas soient bien secs pour qu'ils absorbent un maximum de sirop afin d'être fondants en bouche.

Piste 12: I know you want me-Pittbull. IL repensa à Émilie. Piste 13: Paradise (live)-ColdPlay. IL se mit à garnir de crème au citron l'intérieur de chaque baba, puis y déposa des cubes d'ananas et recouvrit le tout de chantilly. Ce morceau terminé, il déconnecta son iPhone de sa station et mit au frais ses créations. La dégustation aurait lieu demain avec Karl.

Le brunch terminé, Émilie regagna la boulangerie. Sa nouvelle vie lui plaisait, son job de manager la comblait, pourtant une seule chose venait gâcher son bonheur, ce foutu chef pâtissier. La clientèle du dimanche était essentiellement composée de familles. En tirant la porte, le bruit d'une petite sonnette se fit entendre. Le seuil de la boulangerie franchit, tous ses sens furent en éveil. L'Eclair Gourmand sentait merveilleusement bon, resplendissait de couleurs appétissantes. Avant de se diriger vers l'arrière de la boutique, Elle salua les vendeuses, le personnel de salle et quelques fidèles clients. Après le petit couloir, elle tourna à gauche, passa devant le labo et se dirigea vers son bureau. « Le labo », Émilie n'avait jamais encore mis les pieds dans l'antre du chef. Les stores étaient baissés mais Sébastien était là, on pouvait entendre de la musique, signe qu'il était en pleine création.

17 h, en voyant sa tête passer la porte de son bureau, Émilie lui jeta un regard froid. Depuis leur présentation officielle par Elisabeth, il n'avait cessé de s'adresser à elle comme à une petite fille et n'avait pas hésité à la contredire et cela même devant les employés. Il la salua poliment.

- La nouvelle carte des pâtisseries vous convient-elle ?

- Oui, c'est parfait !

Une sonnerie retentit dans son bureau situé en face du sien, Sébastien alla répondre. Émilie eut tout le loisir de l'observer à sa guise. Élisabeth avait raison sur ce point, il était beau mec : 1m80, larges épaules, musculature fine, yeux marron clair, cheveux châtain coupé court, mâchoire carrée sans trop être angulaire. Son visage était encadré par une fine barbe, impeccablement entretenue. L'impression de froideur qu'il dégageait de prime à bord, entretenait son côté mystérieux et le rendait follement sexy. Cet homme en jetait et il sentait merveilleusement bon, ce qui l'agaça encore plus. Élisabeth avait également raison sur ce point, quand elle le voyait draguer d'autres femmes, elle fulminait, pas de mécontentement mais de jalousie. Sébastien leur témoignait de la considération alors qu'il la snobait et parfois méchamment. Au bout de 5 minutes, il revint vers elle.

- Vous avez dit parfait !

- Oui, j'ai dit parfait !

- Hum…, ponctua-t-il

- Quoi, cela vous pose un problème !

- Je dois aller voir Karl, mon second…

- Je sais qui est Karl, le coupa-t-elle un brin irritée.

- Ensuite, j'aimerais assez que nous allions dans mon labo goûter aux nouvelles créations. De cette façon, vous pourrez me donner un avis plus objectif.

- Parce que mon avis compte ! répliqua-t-elle vexée

- Absolument pas ! Mais au moins Mlle. Clémence vous saurez de quoi vous parlez. C'est bien vous qui devez reprendre les rênes quand votre mère se retira des affaires, répondit-il sur un ton moqueur.

- Je n'aime pas trop le ton que vous prenez avec moi, Monsieur Lemare !

- Ah ! Croyez-moi, je suis au maximum de ma courtoisie. Faites comme vous le sentez ! Rendez-vous à 20 h au labo. Il quitta son bureau.

- Connard ! murmura-t-elle entre ses dents.

- Je vous ai entendu Mlle. Clémence, cria-t-il depuis son bureau.

La nouvelle carte traînait sur son bureau depuis deux semaines et Émilie ne s'y était absolument pas intéressée. Mais pour qui se prenait-il ! Elle se leva et claqua d'énervement la porte restée ouverte. Ça lui crevait le cœur de l'admettre mais Sébastien avait raison, en tant que manager de l'Eclair Gourmand, elle se devait de goûter à tout ce que proposait l'établissement.

20 h, sans rien laisser paraître, mais fortement contrariée, Émilie passa pour la toute première fois la porte du labo. Sébastien était là, vêtu d'une veste courte et blanche de pâtissier et d'un jean 501 qui lui moulait parfaitement les fesses. A ses pieds, une paire de FEYU grise aux lacets bleus. Il était occupé à préparer une pâte à brioche. Émilie s'encouragea, s'approcha de lui à pas de loup, tout en se tenant à bonne distance.

- Que connaissez-vous à la pâtisserie ? lui demanda-t-il subitement Il se foutait de sa gueule !

- Rien ! absolument rien ! vous êtes content !

Sébastien remarqua qu'Émilie l'évitait du regard, ce qui l'amusa. Cette dégustation serait le moyen d'en savoir un peu plus sur elle. Physiquement, il n'y avait rien à redire. Dès ses premiers pas, dans la boulangerie, elle lui avait tapé dans l'œil. Sébastien n'avait cessé de la mater en douce. Un matin, elle était apparue, moulée dans une jupe crayon flattant outrageusement la cambrure de ses reins, soulignant une taille dont la finesse accentuait la rondeur de ses fesses. L'ouverture de son chemisier, avait laissé apercevoir la finesse de la dentelle blanche de sa lingerie. Elle avait de jolies mains, une belle peau olive. Ses lèvres, sensuelles, étaient faites pour donner des baisers torrides. Émilie était si différente, très française, naturelle, plus épicurienne que les américaines. A cet instant, il aurait voulu enlever l'épingle qui retenait sa longue chevelure en un chignon un peu trop sage à son goût.

- Émilie, je ne me moquais pas !

Ne le croyant pas, elle répliqua :

- Il est tard, on pourrait commencer cette dégustation. Ensuite je pourrais vous donner mon avis dont vous vous foutez !

- Émilie, vous savez ce que je suis en train de faire ?

- Vous jouez à la pâte à modeler ! Gamine j'adorais y jouer, mais depuis que je suis devenue une grande fille les travaux manuels m'ennuient ! ironisa-t-elle.

- Je teste une nouvelle brioche à la fleur d'oranger et aux amandes. Là, je tape ferment sur la pâte avec mon poing pour enlever tout le gaz qui s'est accumulé lors de la pousse. Après je pourrais la pétrir et lui donner sa forme.

- C'est carrément passionnant !

- Approchez, Émilie, vous verrez combien la pâtisserie peut-être relaxante ! Sa proposition la laissa perplexe, en fait elle ne s'y attendait pas.

- Venez ! arrêtez de vous comporter comme une jeune fille effarouchée. Je n'ai aucune envie de porter atteinte à votre pudeur. Émilie s'approcha du plan de travail, Sébastien recula et vint se mettre derrière elle.

- Posez vos mains sur la pâte et laissez-moi faire ! Sébastien mit ses mains sur les siennes et commença par des gestes précis le modelage de la brioche.

- Observez la brillance de la pâte. Vous sentez comme elle est lisse sous nos doigts, douce comme la peau d'une femme. Sébastien se colla à elle et continua d'une voix calfeutrée.

- De la délicatesse Émilie. La pâtisserie demande de la délicatesse et une extrême précision. Pâtisser pour moi, c'est comme faire l'amour à une femme. Ses doigts effleuraient, roulaient la pâte. Émilie avait parfaitement saisi ce qu'il venait de dire, il caressait cette pâte comme il aurait pu le faire avec les courbes et rondeur du corps d'une femme.

- Vous avez de si jolies mains Émilie ! tout en lui disant cela, il caressa lentement ses doigts. Émilie ne réagit pas, son corps appuyait contre sa poitrine, elle se sentait bien. Il relâcha ses mains.

- Maintenant que j'ai toute votre attention, nous pouvons passer à la dégustation. Sébastien se dirigea vers la chambre froide et y revint avec un plateau sur lequel était disposées 4 pâtisseries.

- Pour commencer, Baba au rhum et sa crème citron, surmontée d'une petite compotée d'ananas caramélisés et aromatisée à la vanille, mousse chantilly au zeste de citron vert. Fermez les yeux et ouvrez la bouche !

- Sébastien, je…

- Émilie ! j'ai pu remarquer que l'obéissance n'était pas votre fort. Ouvrez grand la bouche et fermez les yeux ! Une crème onctueuse, peu sucrée, riche en arôme de fruit, nappa sa langue, puis ce fut au tour du rhum de venir puncher ses papilles. L'ananas apporta de la fraîcheur au feu de l'alcool et la chantilly aérienne une note acidulée. C'était monstrueusement gourmand, divinement bon. - Vous sentez l'équilibre des saveurs, ce mariage subtil entre elles. C'est ce que je recherche, la plus parfaite harmonie. C'est mon cœur que je dépose à l'intérieur de chacune de mes créations. Émilie se retourna vers lui et plongea intensément ses yeux noisette dans les siens. Il remit doucement une mèche de cheveux qui venait de s'échapper. - Vous avez aimé ! l'interrogea-t-il d'une voix basse et grave. Quelque chose venait de se passer entre eux. Son ventre se crispa de désir, puis de peur. Tout était allé trop vite, quelques minutes avant, elle détestait cet homme et maintenant elle était à deux doigts de tomber dans ses bras. Elle devait fuir, tout de suite. Sans aucune explication, elle courut dans son bureau, prit sa veste et son sac et se dirigea vers la sortie. Sébastien la rattrapa.

- Émilie, attendez, nous n'avons pas fini la dégustation, supplia-t-il en l'agrippant par le bras.

- Laissez-moi, lâchez mon bras !

- Mais que se passe-t-il, je ne comprends pas !

- Vous vous imaginiez quoi avec ce numéro à deux balles ! Que j'allais tomber dans vos bras, vous faites ça à toutes les femmes… C'est ça votre secret pour les attirer dans votre lit. hurla-t-elle.

- Émilie, je ne cherchais pas à vous manquer de respect. déclara-t-il dépité

- Vous êtes peut-être le roi des pâtissiers de tout Brooklyn, mais côté sentiment vous êtes un vrai bolosse de la drague. Je n'en ai rien à faire de vos gâteaux ! de tous vos gâteaux d'ailleurs ! Elle venait de le vexer et c'était volontaire. Sébastien resta un moment dubitatif et la salua froidement

- Bonsoir, Mlle. Clémence.

Dehors une bise légère atténua le feu de sa colère, Émilie héla un taxi. Installée sur la banquette arrière, elle repensa à ce qui venait de se passer. Sébastien lui plaisait. C'était une règle immuable chez elle, fuir un homme signifiait ressentir une incontestable attirance pour lui. Le taxi traversa Manhattan et la déposa au pied son immeuble. Elle salua le portier avant de s'engouffrer dans l'ascenseur qui la déposa au 6e étage. Elle partageait un trois-pièces avec Cathy. Elles avaient fait connaissance par l'intermédiaire d'un site internet consacré à la colocation. Par chance, leurs tempéraments s'accordaient bien. Cathy était un amour de fille, joviale et d'un optimisme à toutes épreuves. Son poste d'assistante du procureur n'avait en rien entaché cet état d'esprit. Cathy avait gardé une foi profonde en la bonté des hommes. Ce fut avec soulagement qu'elle glissa la clé dans la serrure de son appartement. Emilie écroula sur le grand canapé. Les valises de Cathy traînaient un peu partout dans le salon. Elle n'avait pas encore trouvé le temps de toutes les défaire, son patron était un dopé du travail. Soudain son corps se mit à rebondir sur le cuir blanc. Cathy au sortir de sa douche, venait de faire un vol plané dans celui-ci.

- Alors comment ça va ma beauté ? Raconte-moi ta journée ! demanda-t-elle en lui déposant un énorme bisou sonore sur la joue.

- Pas trop mal ! j'ai déjeuné avec Élisabeth et je viens de participer à une dégustation de pâtisserie qui m'a clouée sur place.

- Avec qui ?

- Sébastien !

- Le Sébastien ! le type que tu détestes et qui te traite comme un moins que rien !

- Oui ! que je croyais détester, répondit-elle dramatiquement

- T'as changé d'avis ?

- Je ne sais pas, en fait, je ne sais plus. Je crois que je suis complètement folle. je ne vois pas d'autre explication.

- Ah oui ! quand même ! Mais t'as dégusté quoi !

- Un baba au rhum !

- Tu as changé d'avis à cause d'un baba au rhum ! Du genre effet kiss cool, répliqua Cathy intriguée

- Ce matin encore, je le haïssais et ce soir j'étais prête à tomber dans ses bras.

- Genre faire l'amour avec lui !

Emilie s'énerva

- Genre il n'en est pas question ! C'est un dragueur, un infect dragueur.

- Apparemment cette dégustation a été riche en émotion ! Conseil d'une amie : Mauvais plan de mettre de la distance et dans le même temps envoyer des messages du genre « saute-moi ». L'ambiance risque de devenir vite invivable.

- Je sais, j'suis dans la merde !

- Dans une merde effroyable !  Va prendre une douche, bien froide de préférence, ça rafraichira des idées et le reste. Je nous commande une pizza bien calorique.

- Je suis vraiment pathétique, lui lança t- elle en allant vers la salle de bain.

- Ouais, je suis entièrement d'accord avec toi. Mais s'il te plaît, évite- nous un remake des feux de l'amour.

- Je ferais de mon mieux !

Élisabeth n'avait pas voulu alerter Émilie sur l'état réel de sa santé. Outre une fatigue chronique qu'elle ressentait quotidiennement, ses céphalées et maux de ventre étaient devenus insupportables. Étourdissements, somnolences, nausées et vomissement la prenaient à tout moment. Heureusement que sa fille s'occupait de l'Eclair Gourmand. Élisabeth n'était pas du genre douillette et à s'alarmer aux premiers bobos venus. Mais l'automédication n'avait pas amélioré son état. Samedi matin, après une nuit paralysée par la douleur, elle s'était enfin décidée à prendre rendez-vous avec son médecin traitant. Elle ingurgita un gaviscon et deux sapsfon et s'apprêta à aller se coucher quand on sonna à la porte. Il était 23 h, Alva apparut.

- Madame, Monsieur Sébastien souhaite s'entretenir avec vous. Sébastien n'était pas du genre à l'importuner à des heures aussi tardives. Ce devait être important.

- Faites le entrer, Alva ! vous pouvez disposer ensuite. L'hôtel particulier situait dans la 5e avenue était luxueux : dorures à foison, objets de valeurs des plus hétéroclites… L'ensemble était digne de pur style bling-bling, tout ce qu'affectionnait Elisabeth.

- Mon chéri, en voilà une surprise ! Elle se jeta sans retenue dans ses bras.

- Comment vas-tu Elisabeth ?

- Je vais bien mon chou, laisse-moi te regarder

Il sentait bon, Kouros d'Yves st-Laurent. Il portait un jean qui tombait de manière sexy sur ses hanches, ses éternelles baskets en toile et une chemise en flanelle fines rayures rouge qu'il avait retroussé aux manches, mettant ainsi en valeur ses puissants biceps et triceps. Il était canon et respirait la testostérone à plein nez. Elle repensa à ce qu'avait osé suggérer Émilie au sujet de leurs relations. Il n'y avait jamais eu la moindre ambiguïté entre eux. Elle le regarda attentivement.

- Tu as ta tête de petit garçon, tu as encore fait des bêtises ! - C'est ta fille, lui répondit-il désespéré

- Mon Émilie ! Asseyons-nous. C'est drôle, ce midi en déjeunant, elle m'a parlé de toi.

- Ah…qu'est-ce qu'elle a dit ?

- Elle te déteste mais ça tu le sais ! le reste je le garderais pour moi. En fait, le plus intéressant chez Émilie, c'est ce qu'elle ne dit pas.

- De toi à moi, elle n'est pas faite pour gérer l'Eclair Gourmand

- Tu oublies qu'en France, elle a travaillé au service marketing d'une grande entreprise et qu'elle est diplômée d'une école de commerce réputée. Je trouve qu'elle s'en sort très bien.

- Parce que tu veilles encore au grain, mais quand tu te retiras définitivement.

- Elle sera prête. Sébastien, Émilie a toute ma confiance. Elle se rôde. Donne-lui sa chance, tout comme je t'ai donné la tienne alors que tu étais un très jeune homme.

- Élisabeth, je sais qu'elle est ta fille. mais il n'est pas question pour moi de travailler avec une personne qui ne fait pas la différence entre une pâte sablée et feuilletée, et qui se fout de mes pâtisseries.

- Tu exagères comme toujours ! d'ailleurs Émilie raffole de ton éclair au garuanja et à la framboise, de ton angel cake à la vanille, de ta charlotte façon forêt noire, de ton éclair au chocolat et j'en passe. Elle goûte régulièrement à tes pâtisseries !

- Ah bon ! s'étonna-t-il

- Dis-moi, Sébastien, depuis quand te soucies-tu de l'opinion des autres ? Parce que mon concernant, tu ne t'es jamais inquiété de mes connaissances en pâtisserie ! Il se leva et se dirigea vers la grande baie vitrée du salon.

- J'aime New-York la nuit. J'ai envie d'un verre, tu m'accompagnes ?

- Non merci, je ne supporte plus l'alcool ! - C'est vrai que tu as mauvaise mine !

- Toi aussi tu as l'art d'esquiver. Remarqua-t-elle amusée. Rassure-toi, Émilie n'est pas indifférente au bel homme que tu es ! IL se servit un verre de whisky et s'installa à nouveau en face d'elle. Élisabeth eut de la peine pour lui, Il avait vraiment l'air préoccupé. Le fiasco de la dégustation l'avait fortement ébranlé.

- Sébastien, essaye de t'adoucir!

- Alors, elle me méprise !

- Mais c'est une très bonne chose ! Mon chéri mépriser c'est comme aimer. Témoigne-lui plus d'attention !

- Mais, c'est ce que j'ai fait ce soir et…

IL stoppait net tandis que son visage s'assombrit. Élisabeth comprit aussitôt.

- Il s'est passé quoi entre vous ? lui demanda-t-elle amusée. - Absolument rien !

- Suffisamment pour que tu viennes sonner chez moi à 23 heures ! Sébastien vida son verre et demeura silencieux

- Vous avez fait des choses cochonnes !

- Élisabeth ! répondit-il outré

- Bien, bien ! je vois que l'on refuse de vendre la mèche. Juste une remarque : si tu abordes Émilie comme les femmes de tes cours particuliers, tu vas droit dans le mur !

- J'ai compris Élisabeth, je ne suis pas idiot ! Je suppose que tu n'as rien avalé ce soir, lui demanda-t-il pour changer de sujet

- Je n'ai pas faim !

- Je t'ai apporté du velouté aux champignons. Allons-nous installer dans la cuisine.

La cuisine était grande, blanche, spacieuse. Élisabeth sortit une bouteille de vin rouge, tandis que Sébastien réchauffa le repas dans une casserole à fond épais et non aux micro-ondes, crime de lèse-majesté pour lui.

- Soupe chaude et cheese-cake.

Il la servit généreusement. Mais le potage fumant la dégouta, elle y toucha à peine.

- Élisabeth, mange !

- Un verre de vin ?

- Non !

- tu fais la grève de la faim ! lui dit-il

- Explique-moi pourquoi ces derniers jours, tout le monde s'intéresse à mon assiette!

- Disons en ce qui me concerne, ce n'est pas agréable de diner en face de quelqu'un qui ne mange pas et puis peut-être que l'on t'aime. Prends au moins un peu de cheese-cake, tu adores ça d'habitude ! Elle en prit deux bouchées pour lui faire plaisir.

- Élisabeth, je voudrais être plus qu'un simple salarié à l'Eclair Gourmand

- Mais tu n'es pas un simple salarié, tu en es le chef pâtissier - tu vas partir Elisabeth et il n'est pas question qu'Émilie devienne ma patronne !

- Que veux-tu ?

- être associé majoritaire avec Émilie. Sans moi L'Eclair Gourmand n'existerait pas ! Je veux faire le poids dans les futures décisions qui seront prises.

- Mais ton avis a toujours compté !

- Je sais mais aujourd'hui il y a ta fille. Comprends-moi, j'ai travaillé jour et nuit à la renommée de L'Eclair Gourmand. C'est mon bébé, ma réussite et je pensais en prendre un jour la tête, en tout cas c'était ce que tu m'avais fait comprendre, je vois tout ça m'échappait et ce n'est pas juste !

- Je vais y réfléchir Sébastien ! Je reconnais que sans toi, l'Eclaire gourmand n'existerait pas, mais c'est mon argent et ma fille. Je ne me suis pas occupée d'elle et je voudrais au moins lui laisser ça. Diviser le capital entre vous deux, c'est une idée qui de prime à bord ne me plaît pas.

- Tu ne me fais pas confiance !

- Sébastien ce n'est pas une question de confiance !

- c'est une histoire de sang ! Tu as l'argent, mais moi le talent. N'oublie pas que mon nom peut se négocier, avec ou sans toi ! Les contrats publicitaires ne manquent pas en ce moment et je n'ai signé aucune exclusivité avec toi.

- Tu ne vas pas me reprocher de m'être réconciliée avec ma fille !

- Bien sûr que non ! En possédant des actions j'aurais ma place !

- Laisse-moi y réfléchir Sébastien !

- Tu es comme une mère pour moi !

- J'espère que tu ne considères pas Émilie comme ta sœur ! Il la regarda avec un petit sourire au coin qu'il n'arriva pas à masquer et haussa les épaules. Le diner avalait, la bouteille de Château Haut-Brion finit. Sébastien prit congé. Il était 2 h 00. La réaction de Sébastien ne l'étonna pas, Élisabeth savait que l'arrivée d'Émilie allait poser problème et susciterait chez le jeune chef des envies d'émancipation. Elle envisageait d'ouvrir des succursales un peu partout dans le pays et Sébastien lui était indispensable pour mener à bon terme ses projets d'expansion. L'intérêt que lui portaient en ce moment les médias et les éditeurs ne faisait que compliquer la situation : une émission de cuisine était en cours de discussion et il avait signé pour la publication d'un livre de ses meilleures recettes. Élisabeth devait réfléchir à un moyen de le retenir sans pour autant sacrifier ce qui revenait de droit à sa fille. Elle en discuterait avec son avocat d'affaires. Toutefois, la solution idéale serait que ces deux-là sortent ensemble. Mais sa fille avait à son grand regret une vision un peu trop romancée des relations hommes-femmes. Coucher avec un homme pour en obtenir des faveurs ne posait aucun problème à Elisabeth, et cela n'empêchait pas les sentiments. Oser faire cette suggestion à Émilie, juste pour calmer Sébastien, lui attirait à coup sûr ses foudres.

Sébastien décida de marcher un peu. Il longea l'avenue Madison avenue, puis gagna Park avenue. Il s'en voulait d'avoir eu de cette discussion avec Elisabeth mais son avenir au sein de l'Eclair Gourmand le laissait soucieux. Et ses relations avec Émilie n'arrangeaient rien. Il devait tout à cette femme. Sa scolarité avait été difficile, diagnostiqué dyslexique à 10 ans, se sentant différent et en situation d'échec scolaire, Sébastien avait fait partie de ces enfants perturbateurs. L'apprentissage l'apaisa et lui permit de mettre en avant tout son potentiel créatif. A 15 ans, il s'était mis à rêver de New-York. C'était la période où il écoutait en boucle « New-York on mine mind » de Billy Joël et « New-York avec toi » du groupe Téléphone. Il avait eu cette révélation, c'était dans cette ville qu'il deviendrait un célèbre pâtissier. Pour le gamin qu'il était La grosse pomme avait représenté le champ de toutes les possibilités. Un jour, il était tombé par hasard sur un article relatant la vie des Français qui avait réussi là-bas. La beauté d'Elisabeth Clémence avait tout de suite retenue son attention. Le reportage photo sur l'Eclair Gourmand l'inspira fortement. Un jour, il y travaillerait. Ce fut une de ces évidences qui vous serre le cœur et vous fait dire qu'elle se réalisera. Un peu avant de passer son bac professionnel, il lui écrivit une longue lettre, à la syntaxe maladroite mais aux mots touchants. Tout juste après sa brillante réussite à cet examen, il la posta et attendit de longs mois, sans jamais douter. Un matin, la réponse d'Elisabeth arriva. Elle acceptait de lui donner sa chance. Il avait tous justes 20 ans quand il foula pour la première fois le sol de l'aéroport J.F.K. Et 12 ans plus tard, il était devenu le chef pâtissier de l'Eclair Gourmand. Il siffla un taxi, son portable sonna.

- On dort ensemble ce soir ?

- J'arrive

Il avait manqué d'honnête avec Elisabeth. Il n'y avait pas seulement la gestion de l'Eclair Gourmand qui le préoccupait. Emilie lui tenait tête et cela l'agaçait formidablement tout en éveillant un fort désir en lui.

CHAPITRE 2

Depuis la dégustation, c'est-à-dire il y avait 15 jours, ils ne s'étaient pas adressé la parole. C'était simple quand ils se croisaient, chacun longeait un mur du couloir, les yeux dirigeaient vers le sol. On était mercredi et depuis le début de la semaine, elle remettait chaque jour cet entretien. Émilie s'en voulait d'avoir une attitude aussi puérile envers un employé. Jamais encore, elle n'avait eu à gérer ce genre de conflit. Selon le moment, sa simple vue, l'énervait ou la tétanisait. Sébastien était devenu sa hantise et la boule au ventre qui lui serrait douloureusement l'estomac ne faisait que le lui confirmer. Après deux heures d'auto-encouragement basé sur la méthode Couet, elle sortit de son bureau. Le cœur battant, elle poussa la porte du Labo. Il était là, fier comme un coq au milieu de sa brigade. Son entrée s'accompagna d'un très long silence. Tous suspendirent leurs activités et attendirent. La nervosité la gagna. Sébastien la toisa d'un regard sombre. Peu lui importait, elle avait le droit d'être ici. Feignant une pleine assurance, elle se dirigea vers lui. Sébastien soulevait avec un bout de plastique blanc, une pâte rose bonbon épaisse et gluante. Elle regarda ses mains gantées avec dégout. IL devança ses interrogations.

- C'est de la pâte à macaron… à la framboise. Il tourna le cul jatte tout en donnant un tour à la pâte d'un geste net et précis. Elle lui aurait bien dit qu'elle ne raffolait pas des macarons, mais elle se ravisa aussitôt. D'une voix posée et douce, elle s'adressa à lui.

- Sébastien, avec les beaux jours qui arrivent, j'ai pensé que vous pourriez proposer une déclinaison de tartines. à Paris, c'est la grande mode !

- Je sais ce qui se fait à Paris ! répliqua-t-il sèchement - Sébastien… Il lui coupa la parole.

- C'est un ordre ? demanda-t-il en la fixant froidement des yeux.

- En tout cas pas une déclaration de guerre mais juste une suggestion !

- Ah ouais ! répliqua-t-il tout en l'inspectant de bas en haut. Elle était ravissante dans cette petite robe bleue. Difficile d'ignorer son regard inconvenant.

- Je n'aime pas la façon dont vous me fixez ! Sébastien eut un sourire étouffé.

- Vous n'aimez pas la façon dont je vous parle, ni la façon dont je vous regarde mais qu'aimez-vous chez moi ! Et je vous déshabille comment ? l'interrogea-t-il en matant sans la moindre retenue son généreux décolleté avant de remonter vers ses yeux. Tout le reste, absolument tout ! J'aime tout chez toi connard ! avait-elle eu envie de crier. Furieuse, elle croisa son regard mais demeura silencieuse. Sébastien arbora un sourire malicieux.

- Je ne sais pas quand mais j'essayerais de réfléchir à votre proposition Mlle. Clémence.

Le personnel du labo l'observait attentivement, Sébastien venait de lui mettre un revers et elle se sentit honteuse. Émilie sortit de l'antre de ce démon et se précipita d'un pas pressé vers son bureau.

- Putain quel gros connard ! hurla-t-elle en claquant la porte. C'était plus qu'une évidence à lui seul il incarnait le mot connard, con, goujat et autres déclinaisons du même genre.

On frappa à la porte.

- Quoi ! cria-t-elle

- Salut, ma belle c'est moi ! Cathy venait d'entrer.

Émilie se radoucit à la vue de son amie.

- Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs !

- Laisse-moi deviner ! Suspense, Suspense…Sébastien ! lui lança d'elle en pointant son index vers elle.

- Ce type c'est un sadique, un gros con de première.

- Qu'est qu'il a encore fait ?

- On est début juin, cette foutue carte n'est toujours pas bouclée. Je pourrais m'énerver, mais non, je vais voir gentiment ce connard pour lui faire des suggestions. Non seulement il me prend pour une conne, mais en plus il mate sans complexe les seins. Il m'a répondu « Je vais y réfléchir Mlle. Clémence ». Je ne veux pas que tu y réfléchisses du con, je veux que tu le fasses.

- Je ne comprends pas pourquoi tu te prends autant la tête avec ce type !

- Il m'agace, il me tape sur les nerfs, lui et ses pâtisseries de merde, ses réflexions à la con. J'en ai marre ! cria-t-elle

- Émilie, sérieusement, tu t'entends parler ! Franchement c'est à se poser des questions, ce sont les seules raisons à ton énervement ? Bien sûr que non ! Difficile d'avouer qu'elle regrettait de s'être enfuie, qu'elle avait aimé sentir son corps si proche du sien, et que les tartines étaient le seul prétexte potable qu'elle avait trouvé pour rompre le silence entre eux et montrer de l'intérêt à son travail.

- Genre !

- La dernière fois on en plaisantait mais écoute il y a des mecs qui agacent et d'autres qui agacent. enfin tu vois ce que je veux dire !

- Toi aussi tu vas t'y mettre, tu crois que les remarques d'Élisabeth ne me suffisent pas ! je le déteste ! dit-elle en appuyant chaque syllabe de ce dernier mot.

- D'accord Émilie, calme-toi ! Allons déjeuner, je dois être de retour au bureau dans une heure.

- Attend-moi dehors, j'ai une petite chose à régler avec Sébastien Cathy la regarda étonné, mais sortit sans lui en demander plus.

Émilie poussa à nouveau la porte du labo mais resta cette fois-ci à l'entrée.

- Sébastien ! hurla-t-elle. Il était en plein pochage de ses macarons, la voix autoritaire d'Émilie le fit sursauter. Il la dévisagea avec étonnement.

- J'attends vos suggestions pour jeudi prochain, lui ordonna-t-elle Elle le laissa sans lui donner le temps de répondre. Sébastien reprit son pochage avec un sourire aux lèvres. On était Jeudi soir, c'était surligné au marqueur rouge dans son agenda et toujours pas de Sébastien à l'horizon. Émilie décida d'aller lui rappeler à son bon souvenir. Sébastien était enfermé dans son bureau. Elle frappa. Aucune réponse. Elle frappa de nouveau, toujours pas de réponse. Agacée, elle ouvrit la porte. Il n'était pas seul, une jolie blonde d'une vingtaine d'année se tenait dans ses bras.

- Mlle. Clémence, je n'ai pas dit « Entrez »

Sans se dégonfler, elle répliqua

- J'ai à vous parler Mr. Lemare

- Mon cœur, tu veux bien m'attendre dans la voiture, j'arrive tout de suite. La blonde « mon cœur » l'embrassa, puis prit son sac, sans oublier adresser au passage à Émilie un regard méchant du genre « il est à moi ». « T'inquiète pas, je te le volerais pas, pauvre conne ! » pensa Émilie.

- Que puis-je faire pour vous ?

- C'est à propos des tartines, j'attends toujours vos suggestions

- Je n'ai pas eu le temps, j'ai beaucoup de travail affirma-t-il en s'asseyant d'une façon très sexy sur le rebord de son bureau.

- Je vois ça !

- Et puis je me suis dit que vous auriez peut-être des suggestions à me faire venant tout droit de Paris !

- Vous vous foutez moi !

- Pas le moindre du monde Mlle. Clémence dit-il ironiquement

- Je suis la personne qui dirige cet établissement et non celle qui en compose la carte !

- Tout juste, Mlle. Clémence ! lui- fit-il remarquer

- Je dois comprendre que vous refusez de prendre en compte mes suggestions !

- Je vous ai dit que j'allais y réfléchir ! Je dois vous laisser, on m'attend ailleurs

- Encore une de ces poules que vous avez ramassée dans un de vos cours !

Elle se mordit les lèvres et regretta aussitôt ces mots. Sébastien l'observa attentivement.

- Émilie, ma vie privée ne vous concerne pas ! Bonne soirée. Lui répondit-il doucement.

Émilie était une très belle femme. Le genre qui lui plaisait bien. Mais il s'en foutait, à vrai dire non. Lui aussi voulait prendre le train en marche. On part avec ce que l'on a, le principal s'est de se créer sa propre chance, c'était sa maxime préférée. Et c'était justement ce à quoi il s'était employé ces dernières semaines. Sans lui, ils ne seraient rien. La frustration, il avait horreur de ça. Comme un virus, il pouvait la sentir circuler dans tous ses membres. Elle le rendait fébrile, vulnérable et avide. Quelques années plus tôt, ce ressentiment avait fait des ravages, et il n'avait pas fait dans la demi-mesure. Dans son for intérieur, l'Eclaire gourmand lui revenait de droit et accessoirement Émilie avec. Il devait se maîtriser, faire preuve de patience, malgré un égo surdimensionné qui découlait d'un fort sentiment d'invulnérabilité et d'un esprit qu'il jugeait plus brillant que le commun des mortels. Un patchwork de photo d'Émilie et de sa mère était punaisées au mur, des flèches les reliaient les unes aux autres. C'était des instants de vie personnelle.

Ce matin, Sébastien pétait la forme. Un 8 suivi de deux zéros clignotait en bleu sur le blanc immaculé du mur de sa chambre. Il était en retard et franchement il s'en foutait. Ce fût dans le plus simple appareil qu'il déambula dans son loft. Arrivé dans la cuisine, il prit son mug et le remplit de café. L'odeur et l'arôme puissant de l'Arabica le réveilla définitivement. Il prit le temps depuis sa cuisine ouverte de contempler son appartement. Acquérir un loft à New York, faisait très cliché mais cet appartement faisait partie de ses symboles de réussite. Sébastien avait fait une très bonne affaire, situé à Williamsburg quartier hipster de Brooklyn, payé deux millions de dollars, durant la crise immobilière, aujourd'hui son loft en valait le double. Il regarda par la fenêtre et toucha son sexe encore tendu. Une superbe blonde de 23 ans dormait d'épuisement dans les draps de son lit mais il n'avait qu'un nom en tête, celui d'Émilie. Son café finit, il se dirigea vers la salle de bain. L'eau chaude dénoua ses muscles endoloris par sa folle nuit de sexe. Parfaitement détendu et heureux, il se mit à fredonner « One love » de Blue. Comme ça, Mlle. Clémence s'intéressait de très près à sa vie privée. Son aveu n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd et venait confirmer les propos que lui avait tenus Élisabeth quelques jours plus tôt. Au sortir de la douche, il se rasa. Hier soir, en faisant l'amour à la blonde, il avait pris une décision. Ce n'était pas son corps qu'il avait tant désiré mais celui d'Émilie, et Sébastien n'en avait éprouvé aucune honte. Prendre une femme en substitution d'une autre est monnaie courante pour un homme. Oui, il avait pris une décision, celle de courtiser Mlle. Clémence jusqu'à ce qu'elle plie genoux à terre. Et cette perspective l'excitait plus que tout. Des bras venaient de lui enlacer le torse. La blonde l'avait rejoint.

- Tu as été merveilleux hier soir, d'ailleurs toute la nuit ! Sébastien regarda droit dans ses yeux bleus en signe d'acquiescement.

- J'adore ton côté sauvage.

Elle s'agrippa à lui et déposa un baiser sur sa joue, puis posa sa tête sur son épaule. Dans le miroir, ils formaient un beau couple, jeune, grand et svelte. Digne de ces couples qui vont saliver les lecteurs des magazines « People ».

- Hum, on dirait que tu as encore envie ! lui dit-elle. Sa main venait de descendre sur son entrejambe.

- Je suis déjà en retard !

- Un peu plus ou un peu moins, insista-t-elle en attrapant fermement son sexe.

- Non, s'il te plaît ! Il se retourna et attrapa son menton entre ses doigts et l'embrassa.

- Toi aussi tu as été merveilleuse ! Je dois y aller. Fais comme chez toi et n'oublie pas de claquer la porte derrière toi !

- On se voit quand ?

- Je t'appelle

- Promis !

Sébastien ne répondit pas et se contenta de lui rendre son baiser sur la joue. 9h15, vêtu d'une chemise blanche en coton, d'un jean noir taille basse et chaussé d'une paire de converse noire, Sébastien s'empara des clés de son coupé AUDI et quitta son sweet home en jetant un regard agacé à la blonde qui lui lançait des baisers volants depuis sa cuisine. Il allait devoir faire le grand ménage dans sa vie. Vendredi matin, lendemain de son cafouillage monumental. - Émilie, lève-toi ! Cathy venait d'entrer avec fracas dans sa chambre.

- Non ! chouina-t-elle la tête enfoncée sous la couette

- 5 minutes, tu entends Se lever pourquoi pas, mais retourner à la pâtisserie, il en était hors de question. Depuis sa discussion d'hier soir avec Sébastien, un sentiment de honte l'avait envahie. Mais pourquoi ! Pourquoi doux Jésus, lui avait-elle fait cette dernière remarque. C'était sorti sans qu'elle le veuille, non seulement, elle s'était ridiculisée, mais pire encore elle avait laissé à ce connard la possibilité de connaitre ses sentiments à son égard, sentiments qu'elle essayait de dissimuler.

- Emilie, tu vas être en retard ! Devant le manque de volonté de sa colocataire, Cathy ouvrit les volets et attendit. - Je veux pas !

- Debout ! Sébastien avait compris, Émilie l'avait sue à la façon dont il avait sourcillé en l'observant. Ce matin, elle se sentait incapable d'assumer ça. Ça c'était son attirance pour lui. Cathy toujours présente dans la pièce, vint s'assoir sur le rebord du lit.

- Bon, qu'est-ce-qu' il t'a encore fait ?

- Rien ! je ne vais pas travailler aujourd'hui

- Émilie !

- Je suis fatiguée, j'ai besoin de repos !

- Ça suffit maintenant ! Sors ta tête de la couette et dépêche-toi de m'expliquer. Contrairement à toi, j'ai un patron et il n'apprécie pas que je sois en retard !

- Il ne veut pas de mes tartines !

- Parles-en à Élisabeth !

- Pas la peine !

Bien rodée à son métier d'assistante du procureur, Cathy avait l'habitude de mener des interrogatoires et sentait quand on lui cachait quelque chose.

- Quoi d'autre ! l'interrogea-t-elle

- C'est tout !

- Émilie, sérieusement tu me gaves grave ce matin !

- Je me suis emportée… d'accord et j'ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû !

- Genre !

- Genre, qu'il ramenait n'importe quoi chez lui ! Cathy esquissa un petit sourire

- C'est de mieux en mieux ! Emilie lui montra enfin sa tête.

- D'abord c'est la faute de cette « BITCH », elle m'a provoquée !

- La supposée « bitch » devait être bien jolie et sacrement roulée ! Et donc tu nous as tapé une scène de jalousie. Le chef pâtissier, il en a dit quoi ?

- C'était la honte ! Il m'a balancé avec dédain « ça ne vous concerne pas Mlle. Clémence » et il a raison. Je ne veux pas aller au boulot, jamais je ne pourrais le regarder dans les yeux !

- A moins que tu démissionnes, il te faudra bien l'affronter ! - Jamais. je préfère démissionner! Cathy se mit à rigoler de bon cœur.

- Je ne crois pas Mlle. Clémence, vous avez trop à perdre, à commencer par ce beau chef pâtissier !

- C'est un sadique, je sais qu'il va prendre un malin plaisir à m'humilier !

- Ça pourrait devenir excitant !

- c'est un gros connard !

- Un gros connard qui te retourne les ovaires comme personne ! 

-Toi aussi, je te déteste

- Céréales et œufs, lui demanda-t-elle

- Juste un café serré !

- Je te déconseille fortement de commencer cette journée qui promet d'être palpitante, le ventre vide. Je te donne 15 minutes pour apparaitre lavée et habillée à la table du petit-déjeuner.

- Sérieusement je te déteste !

- t'inquiètes, je m'en remettrais !

Ce fût encore la peur au ventre qu'elle traversa ce maudit couloir qui menait à leurs bureaux. En passant devant la grande vitre du labo, elle remarque que Sébastien n'était pas là. Il était pourtant 9h00. L'idée qu'il puisse être en pleine séance de câlin l'enragea, mais à fois elle fut soulager de son absence. A peine débarrassée de ses affaires, Karl vint la solliciter.

- Mlle. Clémence, Mr. Lemare n'est pas encore là et il faut passer la commande auprès des fournisseurs avant 10 heures sinon on risque d'être en rupture de stock.

Je sais qu'il n'est pas là, pas besoin de me le rappeler, c'est assez énervant comme ça !

- Vous pouvez vous en charger ? lui demanda-t-elle

- Sans aucun problème !

- Mr. Lemare a téléphoné ?

- Non ! Il ne va pas tarder, ça lui arrive parfois d'arriver un peu plus tard.

Tu m'étonnes, trop occupé et on sait à quoi ! pensa-t-elle ironiquement

- Puisque vous êtes là, dites-moi où en est la nouvelle carte? - Sébastien veut apporter des modifications au « salé »

- Quelles modifications ? s'étonna-t-telle

- Hier, il m'a parlé de tartines de pain de campagne. On doit voir ça ensemble aujourd'hui. Il me semble que c'est une idée à vous !

- Merci, Karl. je compte sur vous pour les fournisseurs.

Hier soir, il ne lui avait rien dit de ses intentions, bien au contraire il lui avait laissé croire qu'il ne s'y intéressait pas. Sébastien cherchait le rapport de force. Émilie ne s'en étonna pas.

Comment en était-elle arrivée à ça ! Raser les murs, en voilà une belle expression ! 10 heures, Émilie avait eu envie d'un verre de thé glacé. En sortant de son bureau, elle le vit. Ils se tenaient tous deux d'un bout à l'autre du couloir. D'abord surprise, Émilie stoppa toute progression, puis le fixa d'un œil paniqué, alors commença le concours de celui qui épouserait au plus près la cloison murale. Et devinait qui fut le vainqueur ! Les yeux rivés au sol et collant du mieux qu'elle pouvait son corps contre le mur, Émilie s'avança vers lui très mal à l'aise. En se croisant, aucun bonjour, d'une part et d'autre. Quant à Sébastien, intérieurement cette situation l'amusa, il adorait intimider une femme, particulièrement Émilie, cela la rendait encore plus excitante. Il regarda sa future proie s'éloigner tout en posant en regard gourmand sur ses fesses moulaient dans slim noir. D'agréables picotements se firent ressentir au creux de ses paumes, signe d'une envie irrésistible de pétrir et malaxer son joli cul rond et charnu.

- Bonjour, Chef !

- Bonjour Karl, tout est ok !

Karl remarque tout suite au ton de sa voix que son mentor était d'excellente humeur alors tout ne pouvait être qu'ok.

- J'ai passé la commande auprès des fournisseurs, Mlle. Clémence m'a donné son accord.

- Mlle. Clémence… bien !

- Elle m'a demandé où en était la carte

- Et qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Qu'on allait s'occuper de ses tartines !

- Hum ! Karl sentit de la contrariété chez son patron

- Je n'aurais pas dû ! s'informa-t-il

- Non ! non !

- Vous comptez mettre combien tartines?

- je pense que trois serait un bon début !

- j'ai pensé à une tartine au jambon sec de chez Fabrizio, roquette et tapenade aux olives noires

- j'aime bien, on pourrait y ajouter des copeaux de parmesan et des brisures de noix !

- Vous comptez assaisonner la roquette ?

- Peut-être ! je verrais bien une vinaigrette à la framboise

- Votre cours de pâtisserie de cette après-midi portera sur quoi ?

- Angel cake !

Ils se mirent au travail. Sébastien tenait à boucler la carte d'ici à la fin de la semaine.

6 élèves étaient réunis autour d'un long et large plan de travail. 4 femmes allant de la vingtaine à la soixantaine et deux hommes approchant de la quarantaine.

- Bonjour à tous, inutile de me présenter

- Bonjour chef ! On sentait une fierté de la part des participants à le nommer ainsi.

- Aujourd'hui, nous allons confectionner un gâteau que les new yorkais affectionnent particulièrement, l'angel cake. Mais avant j'aimerais faire un tour de table ou plutôt de plan de travail. La bonne humeur de mise, chacun se présenta.

- Mettez vos tabliers. Quelqu'un veut bien lire la recette ! Après avoir décortiqué toutes les étapes de la recette, chaque apprenti commença sa préparation. La confection du cake en elle-même était des plus simples. Il suffisait d'abord de tamiser ensemble de la farine, du sel et du sucre glace et de préparer une meringue à la française que l'on incorporait au mélange tamisé. Puis d'enfourner le tout pendant 45 minutes à 170°degrés. L'aspect créatif résidait dans la préparation de la crème d'accompagnement. Certains optèrent pour une crème pâtissière, d'autres pour une mousseline.

Sébastien appela Karl.

- Tu peux m'apporter des bananes pas trop mûres. Lui demanda-t-il Karl resta un moment dubitatif, d'ordinaire Sébastien ne pâtissait jamais avec ses élèves d'un jour.

- Alors ! Karl détala et revint tout aussi rapidement avec les fruits demandés. Sébastien démarra sur le feu une compotée de banane aromatisée du jus et d'un zeste de citron vert. Après réduction, il passa le tout au mixer avant d'y ajouter du mascarpone. Il versa le tout dans un siphon et réserva au froid. Au bout d'une heure, les 12 Angels cakes étaient prêts. Le maître sous l'œil angoissé de ses élèves débuta la dégustation. Carnets et stylos en mains, ils notèrent précautionneusement chacune des observations de Sébastien qui représentait pour eux une mine d'or. Puis enfin, les élèves goûtèrent leurs pâtisseries. Cette dégustation faisait toujours l'objet d'échanges enrichissants. Ces ateliers permettaient à Sébastien de sentir les nouvelles tendances en matière de gouts et d'esthétisme. 16 heures, l'atelier venait de se terminer. Les femmes s'étaient montrées très avenantes et l'une d'elles particulièrement aguichante. Mais ces tentatives de séduction l'avaient laissé de marbre. Sébastien avait été disponible, attentionné mais il s'en était tenu à un contexte exclusivement professionnel. IL prit une belle assiette dans laquelle il disposa son cake. Puis il récupéra le siphon dans l'armoire froide et en remplit le centre du gâteau d'une mousse à la banane ultralégère.

- C'est une nouvelle recette ! interpella Karl. La banane s'est risquée, ça ne plaît pas à tout le monde !

- C'est personnel ! coupa Sébastien avec agacement.

- Chef ! comme la carte n'est pas encore bouclée, j'aurais une suggestion à vous faire Sébastien termina avec minutie le nappage de son cake.

- Je t'écoute

- Tarte aux abricots avec un fond à la pistache et aux amandes ! Sébastien regarda son second intrigué

- A écouter, je ne suis pas très convaincu !

- Vous ne l'étiez pas non plus lorsque je vous avais proposé l'éclair à la violette et au chocolat. Aujourd'hui, il fait partie des must.

- D'accord, goûtons et je verrais !

- Je vous apporte la tarte ! s'enthousiasma Karl.

- D'ici quelques minutes ! Appelle-moi Sophie Tandis que Karl montait au second étage, Sébastien déposa l'assiette sur un plateau. Sophie était une des serveuses qui officiait au salon de thé.

- Mr. Lemare, vous m'avez demandé

- Vous savez ce que Mlle. Clémence boit l'après-midi ?

- Heu…habituellement du Darjeeling, répondit la serveuse surprise par la question.

- Alors prenez ce plateau et apportez –le à Melle. Clémence avec son thé. Sophie prit le plateau que lui tendait Sébastien, regarda avec étonnement Karl et resta sur place - IL y a un problème !

- A Mlle. Clémence !

- Oui, Mlle. Clémence

- Bien Mr. Lemare ! Et je lui dis quoi ?

- Rien, vous avez juste à entrer dans son bureau et à déposer ce plateau, répondit Karl très agacé. Quelques minutes plus tard, Sophie frappa à la porte de sa patronne. Sébastien était certain de faire plaisir à Émilie avec ce cake à la mousse de banane. Il avait remarqué que la corbeille de fruits posée sur la petite table de son bureau, était toujours garnie de bananes le matin et que le soir il n'en restait aucune. Comme le chef lui avait demandé, elle posa le plateau devant Émilie, qui la regarda avec étonnement. 

- Sébastien m'a demandé de vous apporter ce plateau !

- Et… - C'est tout !

Après le départ de Sophie, Emilie ouvrit la petite enveloppe posée dans le plateau. Elle contenait une carte manuscrite. « Mlle. Clémence, c'est avec un immense plaisir que je vous offre cet Angel Cake. Conscient que nos derniers entretiens furent exécrables, j'ai préféré renoncer à vous accompagner dans cette dégustation. Je reste persuadé que vous ne me reprocherez pas cette prise de distance à votre encontre. Je tenais toutefois à vous faire savoir que j'ai été profondément vexé par vos remarques lors de notre dernière dégustation. Vexé que vous me preniez pour un goujat. Vexé que vous vous foutiez de mes pâtisseries (petite menteuse !) mais à votre décharge, nous commettons tous des erreurs de jugement. Quant à vous pardonner, cela dépendra de votre futur dévouement à mon sujet. Comme vous le savez, je mets tout mon cœur dans mes pâtisseries. Alors surtout, ouvrez grand votre bouche et fermez vos yeux. Vous verrez, ça fond délicieusement sur la langue." Sébastien

Le jeu avait commencé. Émilie prit le temps de réfléchir tandis que son cœur s'emballait follement. la malice de ses propos l'émoustilla. La balle était maintenant dans son camp, ignorer ses propos ou y répondre. Et contre toute attente, elle se mit sur le champ à répondre à sa missive. Finalement la journée ne s'annonçait pas aussi terrible qu'elle se l'était imaginé ce matin. Émilie fut elle-même étonnée par sa réaction, d'ordinaire, elle serait restée aussi muette qu'une carpe. Dans ses relations amoureuses, elle se sentait hésitante, peu sûre d'elle. Si par un heureux hasard un homme sexy et envoûtant s'approchait de son périmètre de sécurité, Émilie fuyait. Cette attitude de repli, la condamnait à sortir avec des hommes qui ne lui correspondaient pas, aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Ces liaisons viraient inévitablement au fiasco et chaque fois la dévalorisaient un peu plus. Après une longue analyse, Émilie avait pris conscience que ce manque de confiance résultait du sentiment d'abandon qu'elle avait éprouvé quand Élisabeth les avait quittés, elle et son père. Avec Sébastien, ce sentiment de ne pas être à la hauteur ne la tétanisait plus, sûrement parce que ses relations avec sa mère s'étaient apaisées ou alors peut-être que pour la première fois de sa vie, hormis son père, un homme l'intéressait. Elle remua la tête avec réprobation, mais Sébastien avait éveillé quelque chose en elle. Une chose qui la rendait femme, sexy, joueuse, avide de plaisir. Un billet doux attendrait Sébastien sur son bureau.

« Je m'étonne que vous soyez conscient de la nature peu chaleureuse de votre comportement. Quant au fait d'être vexé par mes réflexions, elles étaient plus que justifiées. Voyez-vous Mr. Lemare, j'ai l'habitude de fréquenter des hommes à la séduction de meilleur goût que la vôtre. Me faire pardonner ! Mais de quoi ? » Je vous souhaite une bonne journée. Au fait, je sais pour les tartines… P.S : Votre Angel Cake était des plus savoureux. Mais restez modeste, ne sautez pas au plafond ! Après tout c'est votre métier. Quant à vos allusions d'un ton douteux, même si question fondant, vous avez respecté votre promesse, je n'y répondrais pas. Au passage n'oubliez pas Monsieur, que je suis votre patronne !"Émilie

Bordel, il ne s'y attendait pas ! Sébastien passa d'un geste nerveux sa main dans ses cheveux et sourit. Émilie réservait de bonne surprise. IL referma la porte de son bureau, s'installa dans son fauteuil et relut minutieusement le mot de cette délicieuse garce. Le mot patronne, le fit de nouveau sourire, plus malicieusement. Il inspira bruyamment, elle aimait jouer, elle allait être servie.

- Tu as bien meilleur mine et tu as retrouvé l'appétit Élisabeth et elle, étaient assises à la terrasse d'un badge-café en plein East Village.

- Le traitement et les compléments alimentaires du docteur Jones m'ont fait le plus grand bien. J'ai retrouvé une partie de mon énergie.

- Tant mieux ! et quelles sont ses conclusions ?

- il s'agit d'un simple dérèglement de la machine. Je vieillis, tu sais !

- Maman, tu n'es pas vieille et je m'étonne que tu penses ça !

- Ma chérie, il faut bien un jour ou l'autre se résigner. Ma jeunesse n'est plus qu'un lointain souvenir.

- Je t'interdis de parler comme ça. C'est flippant !

- J'ai plus de 60 ans !

- Et alors ! tu as encore beaucoup de choses à découvrir, à voir. On n'est pas mort à 60 ans et puis une belle femme comme toi plaît aux hommes. Tu devrais retrouver quelqu'un !

- C'est le moment pour moi de devenir grand-mère !

Émilie savait très bien où sa mère voulait en venir. Elle attaqua goulument son bagel aux graines de pavot, garni de saumon et de crème de fromage et ne répondit pas.

- Sébastien est passé me voir un soir, tout juste après avoir passé un moment avec toi. Il avait l'air… non il était très bouleversé.

- Je ne vois pas pourquoi !

- De quoi avez-vous parlé ce fameux soir ?

- C'était quand ?

- il y a plus de deux semaines !

- Et pourquoi tu m'en parles que maintenant ?

- Il me semblait préférable de laisser se calmer les esprits !

- Ah oui ! Parler c'est un grand mot, on a discuté de la nouvelle carte, mentit-elle

- C'est la nouvelle carte qui l'avait autant bouleversé ! ironisa-t-elle.

Émilie haussa les épaules et l'attaqua de plein front

- Qu'est-ce-que tu cherches à savoir ?

- Il me cache des choses et visiblement toi aussi !

- Je ne te cache rien ! je ne sais pas pourquoi ton chef pâtissier est venu te voir en pleine nuit et ni pourquoi il avait l'air d'être bouleversé. « Bouleversé » laisse-moi rigoler ! Tout en disant cela, elle avala une grosse bouchée de son bagel.

- Ne t'étrangle pas ma chérie ! suggéra-t-elle amusée

- T'as finis ou quoi !

- Tu lui plais !

- Et qu'est-ce-que tu veux que ça me foute ! déclara-t-elle un peu trop rapidement au goût d'Élisabeth.

Elle ne savait pas à quoi jouait ces deux-là mais un éventuel rapprochement entre eux serait de bon augure.

- Je t'en informe, c'est tout !

- Dis-moi Élisabeth, d'accord pour qu'on fasse le point les dimanches mais désormais chaque fois que l'on se verra on fera obligatoirement une spéciale dédicace à ce connard ! répliqua-t-elle dans l'espoir de semer le doute. Elle aurait bien voulu avoir des explications sur cette visite au domicile de sa mère mais il y avait une chose dont Émilie était sûr, Sébastien était pour le moment son jardin secret.

- Seulement si la situation s'y prête !

Émilie la toise d'un regard sombre.

- J'ai demandé à Sébastien de mettre des tartines à la carte

- Tu changes de sujet !

- Je t'informe, C'est mon rôle de t'informer des changements

- C'est une bonne idée

- Je trouve aussi !

- Il y a d'autres changements dont tu aimerais m'entretenir, continua-t-elle ironiquement

- Non ! inutile de te dire que tes sous-entendus commencent à m'agacer.

- L'oie blanche que je ne suis plus, ne vois pas de quoi tu parles !

"Mlle. Émilie  Je sais que vous savez pour les tartines. Dois-je prendre les trois petits points de suspension comme la volonté d'une suite à cette affaire (peut-être une dégustation entre vous et moi…). D'ailleurs ce serait l'occasion de revoir votre jugement toujours aussi erroné sur mon soi-disant manque de chaleur. Mademoiselle, vous risqueriez de vous trouver rapidement fiévreuse! N'ayez pas d'inquiétudes le moment venu, je vous rappellerais les nombreux affronts dont vous devrez vous faire pardonner. Quant à mes allusions douteuses, d'une part je suis surpris que vous trouviez le temps de fréquenter la gent masculine et d'une autre que vous ayez une imagination aussi débordante. » Sébastien

P.S : Un chef pâtissier tient toujours ses promesses, c'est la marque des grands ! Sachez également que je n'ai pas pour habitude de sauter au plafond. Je préfère prendre mon élan à l'horizontale (n'enflammez pas trop votre imagination !) P.S : J'adore voir votre slim noir déambulait dans les couloirs de l'Eclair gourmand Samedi matin, Émilie venait de prendre connaissance du mot de Sébastien sur un petit carton blanc mat, parfumé de son parfum. Ça tombait bien, elle portait son slim noir qui lui galbait merveilleusement ses fines jambes et avantageait ses fesses, avec un chemisier en satin rose à volant. Elle déboutonna le deuxième bouton de ce dernier de manière à dégager son décolleté mis en valeur par un push-up noir. Après ce petit ajustement vestimentaire, elle prit la direction du labo. Son entrée s'accompagna une nouvelle fois d'un long silence, mais cette fois-ci d'une assurance non feinte elle se dirigea vers le chef pâtissier.

- Monsieur Lemare !

- Mademoiselle Clémence, il la salua avec l'œil pétillant

- Je viens de prendre connaissance de vos écrits

- Ah ! murmura-t-il surpris puis gêné. Mais à quoi jouait-elle ?

- Très intéressant !

D'accord, d'accord. Cette petite garce était venue le provoquer au milieu de sa brigade. Sébastien s'empara d'un torchon, s'essuya les mains et vint à sa hauteur.

- Vraiment ! Il la regarda droit dans les yeux, bien que son regard ait du mal à esquiver la rondeur de ses seins. Elle ne baissera pas les yeux malgré le léger empourprement qui gagné ses joues.

- Vraiment !

- Que puis-je faire pour vous Mlle. Clémence ! demanda-t-il avec une certaine lueur dans les yeux.

- Les tartines, Monsieur Lemare, les tartines ! j'aimerais voir ce que vous allez proposer

- Hum… Voir ou goûter !

- Les deux !

- Bien ! je dirais à Karl de vous faire une dégustation L'enfoiré !

- A moins que… il ne termina pas sa phrase mais intensifia l'éclat noisette de ses yeux.

Tu t'en tiras pas aussi facilement

- Karl…c'est parfait Monsieur Lemare !

- Au fait je ne savais pas que vous vous intéressiez à la mode ! Elle lui lança un regard aguicheur

- Mademoiselle, vous seriez étonnée de découvrir mes nombreux centres d'intérêt ! Elle ourla ses lèvres d'un sourire mutin, puis se dirigea vers la porte sans oublier de faire chalouper ses hanches.

- Je peux le faire maintenant, lui suggéra Karl

- Quoi ?

- Les tartines ! répondit Karl naïvement.

Quel con celui-là ! pensa-t-il en secouant la tête

- Plus tard Karl!

Karl esquissa un demi-sourire, teinté d'ironie. Il n'était pas dupe de leur manège.

Finalement Émilie aimait bien arpenter ce couloir, devenu le lieu de leurs rencontres éphémères mais intenses. Le souffle coupé, Ils se jaugèrent un court instant,. Sébastien fit quelques pas vers elle, s'arrêta et attendit. Talons de 8 cm au pied, moulé dans une jupe crayon grise et vêtue d'un chemisier blanc en satin, Émilie s'avança à son tour, en occupant cette fois-ci tous l'espace. Jean en denim brut, pull bleu marine à col v à même la peau, laissant au passage s'échapper quelques duvets bruns et brillants. Arrivant à sa hauteur, elle stoppa, inclina sa tête sur le côté et intensifia la lueur de ses yeux. Sébastien esquissa un sourire malicieux à cette petite chose aguichante qui malgré ses talons lui arrivait à hauteur d'épaule.

- Mlle. Clémence , murmura-t-il tendrement

- Mr. Lemare Il la déshabilla d'un regard gourmand.

- Vous êtes tout en beauté aujourd'hui !

- N'est ce pas ! L'odeur de son parfum, un léger sillage de jasmin, nargua ses narines.

- Vous n'avez pas eu le temps de vous sécher les cheveux Tant mieux ! le cheveu hirsute le rendait encore plus sexy.

- J'ai nagé tôt ce matin et je préfère les laisser sécher au vent !

- Je suis admirative des personnes qui au saut du lit font du sport !

- Merci du compliment Mlle. Clémence ! à vrai dire en ce moment je n'ai pas trop le choix. Le sport m'aide tant bien que mal à canaliser ma nervosité.

Elle s'approche au plus près de lui et le dévore des yeux.

- Vous êtes nerveux ! chuchota-t-elle

- Très ! répondit-il avec un éclair sauvage dans les yeux.

- C'est la carte ! lui dit-elle faussement incrédule.

Il éclata de rire, observa si quelqu'un venait et sans qu'elle s'y attende, il la plaqua d'un mouvement rapide contre le mur tout en appuyant son corps musclé contre le sien. Un léger frisson traversa entièrement son corps.

- Cessez de jouer à l'innocente ! Vous savez très bien ce qui met mes nerfs à rude épreuve ses derniers jours! lui chuchota-t-il d'une voix grave. Il appuya plus fermement ses hanches contre son bas-ventre, il était en érection. Là au creux de son ventre, ça se déchainait. Le poids de son corps, l'odeur de sa peau, l'étincelle bestiale qui allumait ses yeux. Émilie laissa le désir s'emparait de son corps. 3 semaines que le jeu de séduction avait commencé. 3 semaines à se languir de l'autre. 3 semaines d'audace oniriques. Instinctivement leurs bouches se rapprochèrent. Émilie se mordit la lèvre en imaginant la langue de Sébastien s'enroulant autour de la sienne. Son index pressa l'ourlet supérieur de sa lèvre, la texture était douce, il avait tellement envie de mordre dans cette bouche aux contours pulpeux. Son nez frotta ses cheveux, elle sentait bon et descendit vers son oreille. Puis Sébastien agrippa ses cheveux, obligeant sa tête à basculer vers l'arrière, lui offrant ainsi sa gorge. Il y sema çi et là des petits baisers chastes. Elle avait envie de ce baiser et lui fit savoir en offrant sa bouche.

- Hum… moi je déguste Melle. Clémence, je déguste dé-li-ca-te-ment. Je vous souhaite une très bonne journée, lui annonça-t-il d'une voix toujours grave et basse.

Puis il se dégagea d'elle et se dirigea vers le labo, la laissant planter contre le mur, pantelante.

- Concernant la natation, je vous conseille de prendre un abonnement à l'année, lui cria-t-elle frustrée.

Sébastien se retourna.

- D'accord mais à vue nez je n'en aurais pas besoin ! à très bientôt ! lui répondit-il d'un air espiègle.

Bouillonnante, énervée, Émilie s'installa dans le fauteuil de son bureau. Elle le voulait en elle. Ce simple effleurage avait déclenché de si délicieuses sensations. Sa peau en frissonnait encore. Si d'aventure les longs doigts de Sébastien s'étaient immiscés dans les replis de son intimité, ils auraient été trempés par son désir. Ses yeux fixèrent la pendule accrochée au mur. Il n'était que 9h30 du matin, elle était transpirante de désir, son bas-ventre ne semblait pas vouloir se calmer. Putain, elle avait envie de lui comme jamais elle avait eu envie d'un homme.

- Je vais le tuer, le tuer, hurla-t-elle de rage. Faut te calmer Émilie, faut te calmer, se répéta-t-elle dans sa tête. Elle ne pouvait pas envisager de passer la journée dans cet état. On frappa à la porte. Pourvu que ça soit lui ! pensa-t-elle en croisant les doigts sous son bureau.

- Entrez !

Merde, c'était Karl !

- Je ne vous dérange pas !

A vrai dire si !

- Vous vous sentez bien ?

- Oui, pourquoi !

- Euh…Vous avez les yeux fiévreux

Normale, Ton patron m'a mis le feu aux fesses !

- Ah, je dois couvrir quelque chose. Que puis-je pour vous ? - On doit boucler aujourd'hui et…

- Boucler quoi ?

- La carte ! Sébastien m'a demandé de voir avec vous.

  Émilie stupéfaite, le regarda.

- Avec vous ! Karl ne le prenez pas mal, mais dites au chef que s'il tient à finaliser la carte aujourd'hui, je l'attends dans mon bureau.

- Je travaille ici depuis 6 ans, je peux m'en charger

- Karl, j'apprécie vos compétences mais je préfère régler ce genre de chose directement avec Sébastien

- Deux de mes créations figurent à la carte !

- Je ne savais pas !

- J'ai composé une de vos tartines, celle au jambon cru et une tarte aux abricots avec un fond à la pistache. Cette conversation commençait à la mettre mal à l'aise, il y avait un je-ne-sais quoi chez cet homme qui la dérangeait.

- Je n'y manquerais pas d'y goûter Karl ! lui dit-elle poliment mais sèchement. Dans l'espoir de mettre un terme à cette discussion.

- Sébastien vous a dit que l'éclair chocolat-violette, c'est ma recette.

- Non ! mais à sa décharge, nous n'avons pas encore trouvé le temps de discuter de l'élaboration des pâtisseries. Je vous félicite, c'est succulent, une vraie réussite. Karl se mit à l'observer et ne parla plus.

- Autre chose ?

- Non ! je retourne voir Sébastien, déclara-t-il avec un rien d'énervement dans la voix.

- Karl, je ne suis pas le genre de personne à mettre de côté les talents. Comprenez qu'aujourd'hui le chef, c'est Sébastien. Votre tour viendra !

- Je ne vous faisais aucun reproche Mlle. Clémence

- Je ne manquerais pas de vous donner mon avis quand j'aurais goûté à votre tartine !

- Bonne journée Melle !

- Vous aussi Karl !

Elle aussi avait connu cette situation : attendre dans l'ombre que le grand manitou cède sa place. Et l'attente pouvait être pénible, surtout quand on fourmillait de plein d'idées novatrices et que le big boss n'était plus à la page. Mais c'était loin d'être le cas de Sébastien. Sébastien ! Aussitôt ces cuisses se resserrèrent l'une contre l'autre. Le désir était encore là, vivace. Quel genre d'homme pouvait-il bien être au lit ? Tendre et sauvage à la fois ! Oh, oui cette combinaison lui plairait bien, avec un sus une bonne queue, bien proportionnée en longueur et largeur. Cette dernière pensée la fit méchamment rougir mais ce qu'elle avait senti s'appuyer contre son sexe avait de quoi laisser rêveur. La sonnerie de Smartphone l'avertie qu'un SMS venait d'arriver, elle l'ouvrit :

Cathy :T'aurais pas oublié un truc ce matin ?

Émilie: ???

Cathy: Donner le relevé du compteur d'eau au gardien, c'était le dernier jour aujourd'hui !!!

Émilie: Oh ! Merde

Cathy: Heureusement que je suis là

Émilie: Merci !

Cathy: Tu fais quoi ?

Émilie: Dans mon bureau, essaye de travailler

Cathy: Essaye !? Le connard ?

Émilie: Dans son labo

Cathy: Et…

Émilie:Rien

Cathy: Pas de petits mots enflammés ! lol ! alors pk essaye ? Émilie tapa, hésita, puis appuya sur envoyer

Émilie: pcke minou fire

Cathy: MDR !!! ke 10h du mat'

Émilie: Je sais ! lol ! Mais connard m'allumé grave et tôt ce mat' Là je l'attends

Cathy: Tel à midi, mon boss vient d'arriver

Émilie: Ok

Audacieuse, dévergondée, allumeuse, Émile était très fière de ce nouveau statut, agréablement jouissif pour le corps et l'esprit.

- C'était qui ? Émilie sursauta.

Sébastien l'observait appuyer au chambral de la porte, et visiblement depuis un long moment, elle planqua son smart. IL entra avec un paquet dans les mains et ferma la porte.

- Alors, c'était qui !

- Ma vie privée ne vous concerne pas Mr.lemare.

Il sourit, toujours de cet air malicieux et agaçant, tout en s'approchant de son bureau.

- Karl m'a transmis vos ordres !

- Vous avez fait vite !

- je ne voulais pas que l'attente vous rende nerveuse ! Elle se mit à rougir et baissa les yeux.

Sébastien fit de la place sur son bureau et y déposa la boîte en carton blanc. A l'intérieur s'y trouver les trois déclinaisons de tartines.

- Approchez Mlle. Clémence, je pense que vous avez compris que je ne ferais rien sans votre consentement ! Émilie se leva et fit le tour de son bureau. Sébastien s'écarta pour la laisser passer puis comme la dernière fois l'encercla de tout son corps. Là c'était carrément pas possible ! Quand elle sentit son corps contre le sien, un gémissement étouffé sortit du fond de sa gorge.

- Je vois que vous ne vous faîtes pas prier cette fois-ci ! Bien comme vous voyez Melle. Clémence, nous avons une tartine aux accents méditerranéens à base de jambon cru, une montagnarde et une exclusivement végétarienne. Par laquelle souhaiteriez-vous commencer cette dégustation ? lui demanda-t-il en pressant plus fortement son corps contre le sien. La réaction fut immédiatement, un vague de plaisir déferla dans son corps.

- Restez concentrée Mlle. Clémence. Je suis venue vous voir pour obtenir votre approbation, Lui suggéra-t-il d'une voix chaude.

- Celle-ci ! répondit Émilie la voix chevrotante.

- Bien, c'est très bien ! le ton était volontairement paternaliste

- Karl m'a dit que c'était de lui…

- Karl a de bonnes idées mais il pêche cruellement dans la finition !

- Ah ! -

C'est bon ? l'interrogea-t-il Franchement elle s'en foutait, ce qu'Émilie trouvait bon, n'avait rien à voir avec ce sandwich. - Oui !

- Donc nous donnons notre accord à celle-ci. A la suivante ! Devinant parfaitement les réactions qu'il déclenchait dans son corps, Sébastien pressa un plus son étreinte et caressa ses hanches. Elle avait envie de gémir à pleine voix.

- Dépêche-toi de goûter, J'ai encore beaucoup à faire !

Sa main droite descendit vers ses fesses et les caressa à travers le tissu de sa jupe.

- C'est bon ! Elle acquiesça de la tête

- Donc nous approuvons celle-ci aussi. J'aime quand les choses avancent bien. Suivante. Une petite bouchée, elle est gorgée d'huile piquante. Je n'aimerais pas que votre jolie bouche s'enflamme inutilement.

Sa main gauche se mit à dessiner des cercles dans son dos.

- Quoiqu'elle ne fasse que suivre le reste de votre corps ! Sa main droite remonta le long de sa cuisse, cette fois-ci sous sa jupe, tandis que la gauche attrapa ferment sa taille.

- C'est toujours bon !

- Oui, répondit-elle d'une voix à peine audible.

- Meilleur qu'avant ? Pourquoi voulais-tu que je vienne ici, chuchota-t-il au creux de son oreille. Sa main découvrant un peu plus le haut de sa cuisse.

- Je…Je… Émilie avait de plus en plus de mal à articuler.

- Je quoi Émilie ! Il glissa son autre main sous sa jupe. Ses doigts se faufilèrent sous le liseré de ses bas.

- Intéressant ça ! Puis ses doigts remontèrent jusqu'à la dentelle de sa culotte.

- Je quoi Émilie !

- Sébastien !

- Dis- le moi ! il lui mordit le lobe de l'oreille. Ses doigts frôlèrent délicatement la chair glabre du haut de son sexe. Un feu insolent gagna son corps, le désir la cloua sur place. - J'ai envie de toi ! Sébastien ferma les yeux et inspira de satisfaction

- C'est bien ma petite chérie. Maintenant retourne-toi ! Émilie s'exécuta. Leurs yeux étaient maintenant remplis de cette lumière éclatante propre au désir. D'un geste net, Sébastien balaya tout ce qui se trouvait sur son bureau et l'installa dessus. Il se tint entre ses jambes ouvertes.

- Tu veux un baiser ? Émilie hocha timidement la tête

- Impatiente, gourmande, j'aime. J'aime beaucoup même ! Il s'exécuta sans se faire prier. Un baiser sauvage, fougueux, mordant qui la laissa haletante. Sans lui laisser reprendre son souffle, Sébastien s'adressa à elle.

- Je voudrais de faire une proposition, lui murmura-t-il en lui effleurant la joue du revers de sa main. Demain je dois me rendre chez un de mes fournisseurs. J'aimerais que tu m'accompagnes. On partira vers 11 h. tu veux bien ? Émilie hocha de nouveau la tête. Il la regarda amusé.

- Tu as perdu ta langue !

- Je serais enchantée de t'accompagner !

- Crois-moi ce n'est pas de ça que tu seras le plus enchanté !

IL emmêla délicatement ses doigts dans sa longue chevelure noire. Sa langue trouva de nouveau la sienne. Sébastien l'embrassa plus tendrement. - J'adorerais continuer à t'embrasser mais j'ai peur que tu ne puisses plus du tout parler sous l'effet anesthésiant de mes baisers ! Sébastien mordilla ses lèvres, inspira, déposa un baiser sur ses lèvres avant de regagner la sortie.

- Bien que la vue soit vraiment magnifique, tu devrais fermer tes cuisses ! c'est indigne d'une patronne. à plus tard Mlle. Clémence.

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