Perpétuel supplicié, nous hante Grégory

Jean Claude Blanc

l'horreur dure longtemps...à en pisser des larmes à tout bout de champ...

                  Perpétuel supplicié, nous hante Grégory

Prénommé Grégory, petit gosse misère

Perpétuel supplicié, nous hante son châtiment

On l'a trouvé noyé au fond d'une rivière

Qui demandait qu'à vivre, hélas pauvre innocent

Le coupable court toujours, ça demeure un mystère

 

Depuis plus de 30 ans qu'on cherche le fautif

Sachant que les hommes de lois, d'agir sont pas très vifs

Particulièrement dans les coins reculés

Fait pas bon résider dans les Vosges désolées

 

Cette affaire dramatique, a que bien trop duré

Tandis que se succèdent des masses d'accusés

Les amis, les voisins, et ses proches parents

Quel outrage mise en cause, sa chère et tendre maman

 

Comme ça suffisait pas, ce crime le déplorer

De suite les médias, s'en sont accaparés

Faisant le tour du monde, cette énigme funeste

Le juge insulté, comme s'il avait la peste

 

Lambert, magistrat, à peine sorti de l'ENM (Ecole Nationale de la Magistrature)

La gueule de l'emploi, pour cette mise en scène

Débutant et brillant, dans le genre Zorro

Sans cape ni épée, fine lame que son cerveau

 

Sous les feux de la rampe, dès lors pointé du doigt

Attendu le pied ferme, pour voir sa rigueur

L'opinion aime ça, tester les fiers à bras

Inexpérimentés, jouant les jolis cœurs

Cependant lui si discret, obéissant au Droit

D'avance pris à partie, idéal souffre-douleur

 

Lui tombent dessus les foules, contre son gré fait la une

« Soi-disant, il parait… » pour comble d'infortune

On n'empêchera jamais, les cons de cancaner

Lui qui se prend se prend la tête, cherchant le meurtrier

 

Quelle charge écrasante, pour cet homme solitaire

Où lui est interdit, de faire des commentaires

Ne pouvant se défendre des langues de vipère

Frustré d'explications, peut que le rendre amer

 

Maudite cette histoire, suffit compter les morts

Le môme, le beau-frère, et l'autre bouc émissaire

Ont connu de ce fait, un identique sort

Emportant avec eux, secrets de cette affaire

Mais qui va rejaillir, on peut en être certains

Tellement à la télé, le soir on a faim

Développer davantage, ce récit lamentable

Ça pourrait prendre des plombes, à en faire des fables

Car la Justice flemmarde, tarde à tourner la page

Elle qui détient le sceptre, manque un peu de courage

 

Amateurs de romans noirs, cette fois on est servis

Chaque jour un épisode, comme « poubelle la vie »

Où même quand La Fontaine, fait parler les oiseaux

Ça ne s'invente pas, bave aussi un corbeau

(Messager anonyme, contant des saloperies)

 

Cesseront pas de couler, la sueur, le sang, les larmes

En cet état de danger, on vit que dans l'alarme

C'est pourquoi pour prévoir, faut posséder une arme

Cachée, mais qui un jour pourrait faire du vacarme

 

Vengeur le simple d'esprit, se munit d'un fusil

Mégotant surtout pas, trucide n'importe qui

Instinctif sauvage, menant une vie de chien

Solution radicale, pour conjurer le destin

 

La Vologne coule à flots de pleurs de regrets

Elle seule sait vraiment, ce qui s'est réellement passé

Ruisseau calme discret, dénoncera jamais

Le criminel de cet ange, qui souhaite dormir en paix

 

S'effacent ainsi les traces, les preuves de ce forfait

S'éveillent quelquefois, ceux qui ont une idée

Portés de bon service, par solidarité

Hélas qu'illusions en guise de vérité

Qui retombe dans le néant jamais élucidée

Franchement, à quoi sert-il, ce salvateur progrès

 

Le juge et l'innocent, vedettes malgré eux

Le gosse, le procureur, disparus à jamais

Ça pourrait faire un film pour imbécile heureux

Qu'avant la fin s'endort, pénard, pas concerné

 

Curieuse humanité qui ne se sent pas touchée

Quand l'un des siens en crève de se faire du souci

Au contraire le critique, l'éreinte jusqu'à le tuer

Suicide seule issue, face à l'ignominie

 

Victimes protagonistes, le petit juge aussi

Avec plus de folie pour le mimi Grégory

Au diable, profusions de larmes de crocodile

L'existence sur Terre, elle ne tient qu'à un fil

 

Charmantes nos régions, pleines de bons apôtres

Mais l'humaine condition, pose un sacré problème

Car certains en détresse, sont plus égaux que d'autres

En témoigne ce spectacle, horrible qui pue la haine

Lambert, Grégory, comparable épilogue

Leur chemin de croix, est enfin terminé

Hélas d'en reparler, redevenu en vogue

Pour le coup c'est le juge, qui s'est assassiné

Espérons qu'on arrête d'égrener le chapelet

Ça suffit ras le bol, il faut tirer un trait

 

En se souvenant bien sûr, que de morts pour rien

Qu'au Ciel tout puissant, ils prennent le chemin

Ce sera bien utile, pour notre âme chagrine

Rejoindre les croyants, qui connaissent les combines

Atteindre les étoiles, sans se faire la courte échelle

Nous y attendent les saints, sans doute immortels

 

Quelle chance d'y rencontrer, peut-être ce chérubin

Grégory rassuré, qui de là-haut nous plaint

Avide de nous revoir, avec tant d'impatience

Devenu philosophe, en lui-même s'épanche

Dès lors ressuscité, accuse les circonstances    

Averti que les humains, n'ont plus guère de conscience

 

Sur le plancher des vaches, encore bien portants

Pisses froid matérialistes, on a quand même le cran

Pour une simple babiole, se faire du mauvais sang

En mettant en avant ce qu'est pas important

 

Pour se faire remarquer, on en perd la raison

L'ambiance, la parade, et les péroraisons

Ça flatte notre ego, tous ces quand dira-t-on

Privés de condoléances, de manifestations

Gênés aux entournures, de n'être pas dans le ton

 

S'en moque le populo et ses représentants

Se défilent bienheureux, craignant les enterrements

Surtout ceux des minables, sans le sou, sans honneur

Solidaires qu'à distance, se fendent de quelques fleurs

C'est le geste qui compte, ça peut porter bonheur

 

Par-dessus ces hommages, rendus à Grégory

Rajoute mon paraphe, d'artiste bonnet de nuit

Ça tombe à point nommé, m'habite la nostalgie

Se sont barrés mes gosses, mais pas de maladie

Encore me ravissent, en vie, je suis verni

 

Pour ce môme qu'est parti, seul sans faire de bruit

Je me dois le bercer, de douces poésies

Alors cette complainte, lui l'adresse aujourd'hui

Chaque jour suffit sa peine, je me le tiens pour dit

Les angoisses que j'éprouve, ne sont rien à côté

De ces parents meurtris, de leur gosse trucidé

Qui se consolent d'espoir, espiègle au Paradis  JC Blanc juillet 2017(pour Greg, touche perso)

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