Perséphone, les conversations d'un monde (3)
Mathilde En Soir
Nous pénétrons dans une pièce qui semblait ne pas être visitée très souvent. Perséphone, avec cet air nonchalant accrochée à sa figure, me fixa tout à coup et me demanda :
- "Etes-vous déjà allé aux Enfers ?"
- "Je ne suis pas croyant, désolé."
- "Je ne vous parle de ce Dieu là. D'une force bien plus grande encore."
- "Où sommes-nous ?"
- "Vous verrez".
En la regardant, je commençais à m'interroger sérieusement sur son état. Était-elle ivre ? Souffrait-elle de troubles psychiques plus graves que ceux énoncés par Zachary ? Les domestiques absents, son amie nymphomane qui débarque quand elle veut et cette pièce couverte de poussières, de débris. Du ce que je connaissais de Zachary, il n'aurait jamais laissé une salle dans un tel état. Il avait peut-être délaissé sa belle-fille durant sa jeunesse, le désir d'abandon de quoi que ce soit n'était pas un trait récurrent de sa personnalité.
Perséphone se précipita vers le fond lugubre de la pièce, à peine éclairée à la torche, et je crut qu'elle ramassa quelque chose au solle. Une lumière jaillit de ses mains, éblouissant mes yeux comme un soleil de feu. Perséphone s'approcha de moi, lentement, une orbe multicolore dans les mains et me dit :
- " C'est beau, non ? Si vous pensiez vous ennuyer ici, c'est raté !"
- " C'est quoi ?! Sa vue me brûle les yeux !"
- "Normal, vous n'êtes pas comme moi. Vous ne voyez pas à première vue, mais ca va s'apaiser."
- " Perséphone, je ne veux pas vous vexer, mais je ne suis pas ici pour ça.."
- " Alors sortez d'ici et partez. Je n'ai pas envie de répondre à vos questions."
- " Je vous trouve un peu gonflée de réagir comme ça. Je suis sûr que vous n'êtes pas idiote et je ne suis pas là pour m'amuser !"
- " Mais pour un gros paquet de pognon gentiment alloué par mon cher beau-père, non ?"
- " Je ne vous permets pas ... "
- " Je ne vous permets pas quoi ? C'est pas vrai, peut-être ? Il n'y a rien de mal à ça, mais je déteste les mensonges. Beau-papa si gentil qui s'intéresse tout d'un coup à moi, à mon problème de deuil.
- " Je peux vous expliquer pourquoi je me trouve ici … "
- " Beau-papa ne sait pas mentir. Pourquoi serait-il parti aussi vite aujourd'hui ? Parce qu'il a envoyé son sbire me voir et faire tout le sale boulot. Alors, vous voulez des réponses ? Vous allez être servi : Hans était un abruti congénital qui ne voyait que par ma fortune, et ce petit truc qui brille. C'est tout, il n'y a rien à ajouter."
- " Pourquoi l'avez-vous épousé ?"
- "Parce qu'il le fallait. On a chacun ses devoirs à accomplir."
- " L'amour n'est pas un devoir."
- " Mais éloigner ce type de mon beau-père si."
- " Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ..."
- " Ca y est, je peux enfin faire votre diagnostic : vous souffrez d'amnésie partielle et de surdité. J'ai répété que je n'en parlerai pas, maintenant dégagez de chez moi, je suis assez contrariée comme ça ! Et saluez bien Beau-Papa de ma part !"