Petit air du temps

antigoneuh

Il est né, ou plutôt non : il est mort. 

Né à la fleur de l’âge et mort sans tomber.

Mort-né sans prévenir.

Ni signe de faiblesse, ni ligne de beauté.

Fidèle à lui-même, fourré dans l’ombre de tous les autres.

Planqué dans la masse, en tort qu’il est de s’éteindre, ou plutôt non : de s’allumer.

Sans peur, sûr qu’il est de ses racines.

Il ose, desséché, encore quelques courbettes par temps mouillé.

Ne veut pas qu’on le boucle parce qu’il s’est rebellé.

Il est de mèche avec le temps.

Teint pâle, étalé de tout son long, il craint qu’on l’arrache à sa déréliction.

Lui, tout juste né, à peine mort.

Encore plus fort de son déclin.

Il brille de sa lividité, mon cheveu mort-vivant.

Mon premier cheveu blanc.  

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