Petit Pioupiou

                                 Petit Pioupiou

Petit Pioupiou dans la misère

Tu te les gèles, tout ton hiver

Y'a plus de bruit, nature austère

Rien à bouffer, pas moindre ver

Tes compagnons se sont barrés

Déjà longtemps, chercher l'été

Les migrateurs de la chaleur

A tire d'ailes, s'en vont ailleurs

Fidèle moineau hérisses tes plumes

T'es désarmé et sans fortune

De graines de pain, menu fretin

J'en éparpille plein ton chemin

Tu t'enhardis à ma fenêtre

Je le vois bien, t'es en détresse

Quand on a faim, il faut oser

Un peu de honte, vite passée

Pas à l'abri de l'ennemi

Est aux aguets le mistigri

Et comme si ça suffisait pas

Frigorifié, transi de froid

Je viens lancer mon SOS

Sauvez la peau du petit oiseau

Accrochez-lui morceau de graisse

Sur une branche, perchée bien haut

Cette saison tellement austère

Mais qui révèle nos galères

Le vagabond mendie en ville

Mais c'est un autre volatile

Sous ton sapin, rempli d'étrennes

Il t'a comblé le Père Noël

Qu'est-ce tu vas faire de ces fredaines

Partages tes restes, y'en a qui peinent

Je les observe de mon carreau

Petites mésanges, et étourneaux

Ils voudraient bien monter le son

Mais sur leur bec, y'a des glaçons

Il faut sans cesse s'indigner

Ceux qui se la saute, rassasier

Partager simple solidarité

Pas les bonnes sœurs de charité

Sont esseulés, les malheureux

Ont un peu honte de déranger

Leurs injustices, les gardent pour eux

C'est leur ultime dignité

Un petit geste d'amitié

Réchauffe le cœur, fraternité

De 3 fois rien, vont être comblés

Un autre jour de passé

Leurs petites têtes vont s'affairer

A coups de bec, décortiquer

Regardes bien, tu vas rêver

Faire plaisir, va te gâter

On a tendance à se méprendre

Cervelle d'oiseau, veut dire benêt ?

Au pied de la lettre, faut pas les prendre

Ces expressions, mal embouchées

Prends de la graine, mon petit

Surtout méfies-toi des « on-dit »

Le passereau a du bon sens

Je dirai même intelligence

Toute une saison à agonir

Frêles sur pattes, prompts à bondir

Du mauvais pas, vont se tirer

Dès le printemps, vont t'enchanter

Instinct de survie, ténacité

Notre univers, il est bien fait

Se reproduire, c'est pas facile

Depuis des lustres, on y arrive

Notre existence, tient qu'à un fil

Cordon solide, imputrescible

Seule condition pour continuer

Et notre Terre pérenniser

On aime bien, oiseaux sauvages

On les enferme dans des cages

Chaque matin on les nourrit

Et on nettoie, leur petit nid

La liberté n'a pas de prix

Même si on doit subir la vie

Petits Pioupious, tellement gentils

Je les préfère, dans les taillis

Quand ils gazouillent, je suis ravi

JC Blanc              mars 2023  (à la façon de La Fontaine, leçon d'humaine philosophie)