PETIT SUISSE
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PETIT SUISSE
Le festin est prêt. La fillette de 3 ans choisit sa place. Plus de chaise haute, pas de rehausseur, une chaise de grand sur laquelle on ne se sent pas diminué. Tant pis si elle a les yeux au niveau de l’assiette, elle assume.
Le poulet, d’abord. Une escalope soigneusement découpée pour entrer dans la bouche d’un petit. L’enfant se rue vers le plus gros morceau et a envie, semble-t-il, de le recouper. Puis il continue d’avaler les bouts les uns après les autres, la petite montagne de riz est une décoration, un obstacle avant d’atteindre la viande. Posé là pour faire joli, pour que le repas reste un jeu. C’est le poulet en fait qui l’intéresse. Son teint doré, sa peau craquante, sa consistance à la fois ferme et tendre.
Elle mange en ouvrant grand la bouche. Les mâchoires forment deux cliquettes qui rythment le repas. Le son mouillé devient plus sec, le verre de la petite doit alors être rempli et avancé. Elle continue de mâcher avec le sourire. Un sourire qui fait ressortir des joues rebondies. Un sourire satisfait.
Le bas du visage se barbouille à chaque passage de nourriture, véritable mémoire du repas. En transparence, on peut apercevoir la composition de l’entrée, une tomate qui a abandonné là une partie de son jus et quelques pépins. La pellicule sucrée du dessert collée au menton retiendra dans quelques instants des fibres de gilet, de Sopalin La volaille une fois engloutie, la fillette s’attaque au fromage, puis au dessert.
Le rituel: chercher soi-même le Petit Suisse dans le frigidaire. Elle enlève seule la pellicule de protection du pot puis le papier détrempé qui entoure la tour de Petit Suisse.
Opération délicate. Eviter là tout prix l'écroulement de la tour. Eviter le drame.