PETITE

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D'un père à sa fille

Elle est petite et fragile comme un moineau. Lorsqu'elle dort toute nue sur un drap de coton, l'été venu se pause sur son front. Je l'aime c'est comme ça. C'est l'heure de sa sieste, je m'assoie sur une chaise un livre de poésie à la main et la regarde s'endormir entre deux refrains. Elle aime la musique de mes mots lorsqu'elle se laisse emporter au pays des rêves. A force de la regarder ainsi étendue il me semble que je la vois grandir, ses jambes et ses bras de cinq ans, son visage et ses doigts de cinq ans. Elle repose en paix et je suis à côté d'elle, ému comme un père envahit d'amour inconditionnel pour sa fille. Je sais ce qui l'attends, ce loup qui viendra la mordre au cœur le jour ou elle commencera à m'oublier. Je sais que la vie va l'user lentement et la force qu'elle aura pour affronter le grand vertige de l'âge. Elle entrouvre sa bouche elle respire paisiblement, elle se répare de sa demi journée à courir dans les champs, à nager dans la rivière fraiche, elle respire en silence l'amour que son père lui porte, la faim de vie et d'avenir qui inonde déjà ses veines,. Elle respire encore l'amour qu'elle donnera un jour à un enfant, à un homme. Celui qui fera d'elle une femme celui qui me l'arrachera pour un temps pour un temps seulement lorsqu'elle aura vingt temps.


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