Petites vacheries entre ados

Patrick Mermaz

Dans un lycée, l’arrivée d’un nouvel élève va subitement changer les rapports de force au sein d’une classe où chacun prend un malin plaisir à se pourrir la vie.

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PETITES VACHERIES ENTRE ADOS

de Patrick Mermaz

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9 personnages : 2 filles / 7 garçons

durée de la pièce : 30 minutes

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pièce pour les ateliers théâtre 13 / 16 ans

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Liste des personnages

LILAS : Lycéenne et première de sa classe

FARES : Lycéen sportif et mytho.

AZAD : Lycéen cool

CAROLINE : Lycéenne bourgeoise et populaire

ELIAS : Lycéen petit trafiquant.

SAVAS : Lycéen racaille.

KAMIL : Lycéen racaille.

POLO : Lycéen matheux et hacker

FABIAN : Lycéen, fils de l'ambassadeur de Moldavie en France

 

Décors

L'histoire se déroule dans la cour d'un lycée. Un banc au milieu de la cour.

 

Costumes

Aucun costume particulier.

 

SCENE 1 : LILAS / FARES

Lilas marche tranquillement dans la cour du lycée.

Farés entre en courant et lui barre la route.

 

FARES : Tu peux m'aider à réviser le devoir de math pour demain ?

LILAS : D'accord.

FARES : Cool !

LILAS (tendant la main) : Mais c'est 20 euros.

FARES : Quoi !?

LILAS : Si tu veux que je t'aide, tu me files 20 euros.

FARES : Mais pourquoi ?... J'ai pas un rond, tu le sais bien.

LILAS : Dans ce cas-là, tu te débrouilles. Salut !

 

Lilas repart et Farés la rattrape.

 

FARES : Mais attend ! Je croyais qu'on était ami ?

LILAS : Ce n'est pas parce qu'on est dans la même classe depuis la 6e et que nos parents se connaissent qu'on devrait automatiquement être ami.

FARES : Ah d'accord !

LILAS : Et tu sais pourquoi tu penses être mon ami ? Parce que tu as besoin de moi. Je suis bonne en math, toi t'es nul. Et puis, j'en ai marre que tout le monde me demande des services ! Personne ne m'en rend à moi ! La fête est finie, vous vous démerdez !

 

Lilas s'en va. Au même moment, Polo et Fabian entrent.

 

FARES : Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu t'es fait largué par ton mec ou quoi ?

LILAS (se retournant) : J'ai pas de mec, abruti ! Si t'étais vraiment mon ami, tu le saurais !

 

Lilas sort.

SCENE 2 : LILAS / FARES / POLO / FABIAN

 

POLO : Eh ben dit donc, c'est la fête ici !? Qu'est-ce que t'as encore fait pour la mettre en rogne ?

FARES : Vas-y, moi j'ai rien fait !

POLO (pas convaincu) : Mouais !

FARES : Mais je te jure, je sais pas ce qu'elle a ! Je lui ai juste demandé de m'aider pour les maths.

POLO : Mais pourquoi tu me demandes pas à moi ?

FARES : Parce que toi, quand t'as fini de m'expliquer le problème, je le comprends encore moins qu'avant. Tu me parlerais chinois que ça serait pareil.

POLO : Merci pour le compliment. Tu sais pourquoi tu piges que dalle aux maths ? Parce que t'es con comme un balai. Même un légume, il a plus de neurones que toi.

FARES : J'en ai rien à péter de tes neurones. Et pis d'abord, c'est qui le plus con des deux ; celui qui passe ses journées devant une télé à jouer à des jeux débiles ou celui qui joue au football et qui va bientôt rentrer au PSG ?

POLO : C'est vrai qu'il n'y a pas besoin d'être une lumière pour jouer au foot.

FARES : De toute façon tu peux pas comprendre… C'est qui celui-là ?

POLO : C'est un nouveau. D'où c'est que tu viens déjà ?

FABIAN : De Moldavie.

FARES : Moldavie ? Ça existe ça comme pays ?

POLO : Je sais même pas où c'est fourré sur la planète c'te chose-là.

FABIAN : C'est en Europe de l'est.

POLO : Je parie même que t'as aussi un prénom à coucher dehors.

FABIAN : Je m'appelle Fabian.

POLO : Ah non, tiens ! C'est un prénom normal.

 

SCENE 3 : FARES / POLO / FABIAN / CAROLINE / ELIAS

Caroline et Elias entrent.

 

CAROLINE : Farés ! T'as pas vu Lilas ?

FARES : Si, pourquoi ?

CAROLINE : J'ai un truc à lui demander.

FARES : Fais gaffe, elle est de mauvais poil aujourd'hui.

ELIAS : Pourquoi, t'as essayé de l'embrasser ?... Remarque je la comprends aussi. Vu, ta gueule, il y a de quoi être de mauvaise humeur.

FARES : Toi, ferme-la ! Où je te fous un pain dans la tronche.

ELIAS (à Caroline) : Ah, là tu vois, j'ai dû toucher un sujet sensible.

FARES : T'as de la chance que j'ai entrainement et que j'ai pas le temps de te refaire le portrait.

 

Farés sort.

 

FABIAN (tendant la main à Caroline) : Salut, je m'appelle Fabian.

CAROLINE : J'm'en fous.

FABIAN : Sympa !

ELIAS : Fabian, tu veux un conseil ?... tire-toi.

POLO : Allez viens, je vais te présenter aux autres. Ces deux-là, c'était seulement les plus drôles de la classe.

FABIAN : Eh bien, ça promet !

 

Fabian et Polo sortent.

 

CAROLINE : Quelle bande de crétins… (À Elias) T'as le portable que je t'ai demandé.

ELIAS : Et toi, t'as le fric ?

CAROLINE : Tu me prends pour qui ?

ELIAS : En affaires, on est jamais trop prudent.

 

Caroline lui donne une enveloppe.

 

CAROLINE : Donne !

ELIAS : Il est déjà dans ton sac.

CAROLINE : J'aime pas quand tu fais ça.

ELIAS : De toute manière, à part toi-même, t'aimes pas grand-chose.

CAROLINE : C'est quand même pas de ma faute s'il n'y a que des boloss et des miskines dans ce fichu lycée… Bon, où c'est qu'elle est Lilas ?

ELIAS : La voilà.

 

SCENE 4 : CAROLINE / ELIAS / LILAS

Lilas entre. Caroline se dirige vers elle.

 

LILAS : Toi, tu me fous la paix !

CAROLINE : Je te préviens, la prochaine fois que tu baves sur mon compte, même tes parents ils ne te reconnaîtront plus.

LILAS : Tu crois que tu me fais peur ? Vas-y rentre chez toi et vas jouer avec tes Barbies.

ELIAS : Je ne sais pas, mais j'ai l'impression d'assister à la naissance d'une grande amitié.

CAROLINE : La fouine, on t'a rien demandé ! (à Lilas) Si tu veux la guerre, tu vas l'avoir. Et c'est moi qui vais diriger les opérations. A partir de maintenant, fais bien gaffe à toi

 

Lilas sort.

 

ELIAS : Tu ne trouves pas qu'elle est belle quand elle est en colère ?

CAROLINE : Non pas vraiment et toi ?

ELIAS : Moi non plus. Elle serait même plutôt assez repoussante.

CAROLINE : Tu vois, pour que la journée soit bien pourrie, il manquerait plus que ces deux clowns de Kamil et Savas se pointent dans le coin.

ELIAS : Quand on parle des Schtroumpfs, on en voit les bonnets.

CAROLINE : Mais qu'est-ce qu'ils fichent avec Azad ?

 

SCENE 5 : ELIAS / CAROLINE / AZAD / KAMIL / SAVAS

Savas et Kamil entrent en poussant Azad.

 

SAVAS : Tu sais ce qui va se passer Azad ?

AZAD : Quand ça ? Maintenant ? Tout de suite ?

KAMIL : Non, pauv' tache ! Dans cinquante ans !

SAVAS : Bien sûr qu'on te parle de maintenant.

AZAD : Ben non, je ne sais pas ce qui va m'arriver.

KAMIL : Si ce soir, tu…

AZAD : Ce soir, c'est pas maintenant.

KAMIL : Ferme-là Azad ! Si ce soir tu nous as pas refilé l'argent que tu nous dois…

SAVAS : Il pourrait bien t'arriver un petit accident.

KAMIL : Tu vois ce qu'on veut dire ?

AZAD : Non, pas vraiment.

SAVAS : Disons que, quand un scooter bouscule quelqu'un, ça peut faire très mal.

AZAD : Mais j'ai pas de scooter.

SAVAS : Kamil, tu vois, je t'avais dit que c'était pas une bonne idée. Tu pouvais pas trouver moins crétin qu'Azad ?

KAMIL : Mais qu'est-ce que j'y peux s'il ne comprend rien de ce qu'on lui raconte.

SAVAS : Je veux bien qu'on fasse du racket dans ce fichu lycée, mais pas sur n'importe qui.

KAMIL : C'était le seul qu'avait un peu peur de moi.

SAVAS : Tu m'étonnes !

KAMIL : Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

SAVAS : Mais t'as vu comment t'es gaulé ? On dirait un… un…

KAMIL : Un quoi ? Vas-y.

AZAD : Si vous avez des problèmes d'argent, je peux vous dépanner si vous voulez.

SAVAS : Et en plus, il veut bien nous dépanner.

KAMIL : Laisse tomber Azad, on te rackette plus. Vas-t-en.

AZAD : Non mais vous n'êtes pas obligé de me rembourser tout de suite.

KAMIL : Dégage Azad, tu vas énerver Savas.

 

Elias ricane dans le dos de Savas et Kamil.

 

SAVAS (à Caroline et Elias): Qu'est-ce que vous avez à nous mater vous deux ?

KAMIL : Vous voulez nous prendre en flagrant délit ou quoi ?

ELIAS : Continuez, faite comme si on n'était pas là. On rigole trop.

KAMIL : Ah ouais ! Alors comme ça, on te fait marrer.

SAVAS : Tu nous prendrais pas pour des comiques des fois ?

ELIAS : Des gars hyper sérieux comme vous, ça risque pas. C'est total respect.

SAVAS : Ouais, je préfère ça ! Bon, où c'est qu'il est Farés ?

CAROLINE : Il a entrainement de foot.

SAVAS : Non, sérieusement, il est où ?

ELIAS : Au foot, on te dis !

SAVAS : Arrêtez ! C'est pas possible !

CAROLINE : Et pourquoi ça ?

KAMIL : Mais il s'est fait jarter de son équipe de foot y a un mois.

SAVAS : Il s'est foutu sur la tronche avec l'entraineur.

KAMIL : C'est un crevard du sport ce mec-là maintenant.

CAROLINE : En tout cas, on dirait bien qu'il y en a un qui nous la joue mytho.

KAMIL : Dis-donc Savas, est-ce que tu penses à ce que je pense ?

SAVAS : Merde, voilà qu'il se remet à penser. Ecartez-vous de là, ça peut vous bruler.

ELIAS : En hiver, ça peut être pratique pour se réchauffer les mains

KAMIL : Ecoutez-moi, au lieu de faire vos bouffons !

SAVAS : Vas-y, j't'écoute.

KAMIL : Un mec comme Farés, il a surement pas envie que ça se sache que sa carrière de footballeur, elle est déjà niqué avant même d'avoir commencé.

SAVAS : Ouais et alors ?

KAMIL : Et si on le faisait chanter ? On pourrait se faire du pognon.

SAVAS : Farés, chanter !? Tu veux lui faire faire un disque de rap ?

KAMIL : Qu'est-ce qui me raconte celui-là ?

SAVAS : Une fois, Je l'ai entendu chanter une vieille chanson d'NTM, j'ai cru qu'il allait pleuvoir.

KAMIL : Qu'est-ce qui m'a foutu un baltringue pareil ! T'es con où quoi !? Chanter, c'est pas chanter avec sa voix ! Chanter, ça veut dire que tu… que tu… (À Caroline) Vas-y toi explique-lui. Moi, y me fatigue.

 

Caroline prend son portable et surfe sur internet.

 

CAROLINE (lisant sur son portable) : Chantage : le délit de chantage est le fait d'obtenir, en menaçant de révéler ou d'imputer des faits de nature à porter atteinte à l'honneur ou à la considération, soit une signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation d'un secret, soit la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque.

KAMIL : Ah ouais, c'est ça le chantage ? Je voyais ça moins compliqué. Bon, t'as pigé maintenant ?

SAVAS : Non, pas vraiment. Tu pourrais pas redire la définition ?

KAMIL : T'es malade toi ! J't'explique encore une fois : on va voir Farés, on lui dit qu'on dira rien de ce qu'on sait s'il nous donne du fric… (À Azad) Et toi, t'as rien à faire ? Tu vas rester planter-là jusqu'au retour du Jedi ? Dégage !

AZAD : Oui, je veux bien, mais y'a un truc que je pige pas dans votre combine.

KAMIL : Tu m'étonnes.

AZAD : A quoi ça sert de faire chanter quelqu'un si tout le monde est au courant ?

KAMIL : Qui c'est qu'est au courant ?

AZAD : Ben, regarde, ici on est déjà cinq au courant. Et on doit pas être les seuls.

KAMIL : Ouais, mais Farés il est pas sensé savoir que vous savez.

AZAD : Sauf, si on le lui dit.

KAMIL : Dite, c'est toujours aussi compliqué le chantage ou il existe une version plus simple ?

ELIAS : Tu veux dire une sorte de « Chantage pour les nuls ».

KAMIL : Ouais genre.

ELIAS : Non, je crois pas.

KAMIL : Bon, ok ! On ne fait pas chanter Farés.

 

SCENE 6 : ELIAS / CAROLINE / AZAD / KAMIL / SAVAS / POLO / FABIAN

Polo et Fabian entrent.

 

POLO : Tiens, ces trois-là, je te les ai pas présenté.

KAMIL : Qu'est-ce qui nous veut le neurd-geek-boloss ?

POLO : Y'a un nouveau qui vient d'arriver. Je lui fais faire le tour du propriétaire et je lui présente ses nouveaux camarades.

SAVAS (à Polo): T'as rien à foutre de ta peau toi ?

KAMIL : Qu'est-ce qu'on en a à taper du nouveau ?

POLO : Il s'appelle Fabian.

SAVAS : Qu'est-ce que tu veux que ça nous fasse ?

POLO : C'est le fils de l'ambassadeur de Moldavie.

SAVAS : C'est quoi ça, le mollard de la vie ?

KAMIL : Mais on s'en fout ! Allez vient on se casse !

POLO : Son père, il est pété de tunes.

KAMIL (lui mettant la main sur l'épaule) : Fabian, tu sais quoi ? On est super content de te rencontrer.

SAVAS : Je sens qu'on va devenir les meilleurs potes du monde.

 

Kamil et Savas entrainent Fabian vers la sortie.

 

KAMIL : Tiens Fabian ! Est-ce que tu as déjà visité les chiottes du lycée ?

FABIAN : Non, pas encore.

SAVAS : Tu vas voir, c'est l'endroit le plus cool du lycée.

KAMIL : Y'a même des rouleaux de PQ.

SAVAS : Et des robinets d'eau chaude et d'eau froide.

FABIAN : Sans blague ! Alors là, j'ai hâte d'aller voir ça.

KAMIL : Tu sais que tu causes super bien la France pour un immigré ?

 

Kamil, Savas et Fabian sortent.

 

SCENE 7 : ELIAS / CAROLINE / AZAD / POLO / FARES

ELIAS : Vous croyez qu'ils risquent quelque chose ?

CAROLINE : J'ai bien peur que le nouveau ne fasse pas long feu dans ce lycée.

ELIAS : Non, je pensais aux deux pingouins.

POLO : Qu'est-ce qui pourrait bien leur arriver à ceux-là ?

ELIAS : De se faire massacrer.

AZAD : Toi, tu sais des trucs.

ELIAS : Si je vous disais tout ce que je sais, il n'y aurait plus aucun suspens.

CAROLINE (à Polo) : Pourquoi tu leur as dit que son père était pété de tunes ?

POLO : C'est lui qui m'a dit de le dire.

CAROLINE : Ok, d'accord ! Encore un qui voit les choses simplement.

 

Farés entre en boitant avec une paire de béquilles.

 

POLO : Ben, qu'est-ce qui t'arrive à toi ?

FARES : Rupture des ligaments croisés.

POLO : C'est où ce truc-là ?

FARES (montrant vaguement un endroit sur sa jambe) : Par là.

AZAD (ironique): Ça craint pour le foot, ça.

FARES : Tu m'étonnes ! Trois semaines sans entrainement. J'suis vénère !... En plus, la semaine prochaine, on avait un match de pool et y avait un sélectionneur qui venait.

CAROLINE (ironique) : C'est pas de chance quand même !

ELIAS (ironique) : C'est ton entraineur qui doit être déçu ?

AZAD : Si tu peux pas faire ton match de pool, tu pourras toujours les draguer.

FARES : De quoi ?

AZAD : Les poules.

FARES : J'ai pas compris.

AZAD : Laisse tomber… Au fait, avant de rencontrer les Dupont, j'étais à la recherche de Lilas. Y'en a qui l'on vu ?

FARES : Elle est en grève.

AZAD : En grève de quoi ?

FARES : Du service… Elle veut plus aider personne… Sauf si on la paye.

AZAD : Ça m'arrange pas ça.

FARES : Ça arrange personne on dirait.

CAROLINE : Franchement, moi personnellement j'en ai rien à faire.

AZAD : Ça va sérieusement faire baisser la moyenne de la classe si on ne trouve pas une solution.

ELIAS : Polo, j'ai entendu dire que t'était un sacré balaise en informatique.

POLO : Ouais et alors ?

ELIAS : Tu saurais casser des sécurités ?

POLO : C'est possible, pourquoi ?

ELIAS : Comme ça… Oh vous avez vu que le site internet du lycée s'est fait piraté !?

FARES : On se demande pourquoi ? Y'a pas grand-chose d'intéressant sur leur site.

ELIAS : Sauf que nos bulletins trimestriels sont envoyés par internet maintenant… T'en penses quoi de cette affaire Polo ?

POLO : Rien du tout ! J'm'en fous… Bon faut que j'y aille. Salut !

 

Polo sort précipitamment.

 

ELIAS : On se voit tout à l'heure. J'ai un truc à dire à Polo.

 

Elias sort à la poursuite de Polo.

 

CAROLINE : Bon, j'me casse. Salut les blaireaux.

AZAD : Tu t'ennuies avec nous ?

CAROLINE : Non, mais vos conversations sont tellement passionnantes que j'ai peur de vous ennuyer avec mes stupides remarques de filles.

 

Caroline sort.

 

SCENE 8 : AZAD / FARES / LILAS

Lilas rentre furieuse.

 

LILAS (à Farés) : C'est toi qu'as été dire aux autres abrutis de la classe que se faire payer pour aider ses camarades à faire leurs devoirs, c'était comme de la prostitution !!?

AZAD : Ça peut pas être Farés, y a trop de mots dans la phrase.

LILAS (à Azad) : Toi le Chamallow, je t'ai rien demandé ! (à Farés) Alors, le sms c'est toi ou c'est pas toi ?

FARES : Ça risque pas, j'ai plus de portable depuis une semaine.

LILAS : Et toi Azad, tu l'as reçu ?

AZAD : Tiens, tu me parles maintenant ?

LILAS : Tu l'as reçu ou pas ?

AZAD : Et pourquoi je te le dirai ?

LILAS : Parce si tu ne me le dis pas, j'irai voir le proviseur et je lui dirai qu'un certain Azad revend des cigarettes aux herbes de Provence dans son lycée. Et je suis sûre qu'il aura très envie de les gouter tes petites cigarettes.

AZAD : C'était un numéro masqué.

LILAS : Et y'avait pas de signature ?

AZAD : Non, c'était juste signé : Barbie.

LILAS : Barbie !... Caroline ! J'vais la massacrer !!!

 

SCENE 9 : AZAD / FARES / LILAS / KAMIL / SAVAS / FABIAN

Kamil entre en aidant Savas à marcher. Leurs vêtements sont déchirés, ils boitent, se tiennent le ventre et les côtes et ont des ecchymoses sur le visage.

 

AZAD : Qu'est-ce qui vous est encore arrivé à vous deux ?

FARES : Vous avez essayé de draguer un bulldozer ou quoi ?

LILAS : Vu l'odeur, ça serait plutôt une benne à ordures.

AZAD : C'est vrai ça, comment ça se fait que vous sentez la pisse ?

KAMIL : C'est Fabian, il est grave taré !

SAVAS : C'est un petitkopathe de première celui-là !

LILAS : Un quoi ?

SAVAS : Un petitkopathe !

LILAS : Un psychopathe.

SAVAS : Ouais ben c'est ce que je dis !

KAMIL : Ce gars-là, c'est surement un croisement entre Godzilla et Bruce Lee.

AZAD : Pourquoi il vous a mis dans cet état-là ?

SAVAS : On n'en sait rien ! On lui faisait tranquillement visiter les chiottes et subitement, voilà qu'il se met à s'énerver et à nous tabasser, comme ça pour le plaisir.

KAMIL : Il m'a au moins cassé trois côtes et deux dents.

AZAD : Et il fait ça sans raison ?

SAVAS : J'ai rien compris. Il m'a pris le pouce avec deux doigts, il m'a fait faire trois tours dans mon slip et je me suis retrouvé les quatre fers en l'air et la tête dans le trou des chiottes… à la turc en plus les chiottes.

KAMIL : Mais crois-moi Savas, il va nous le payer !

SAVAS : Et comment ça ? En baffes dans ta tronche !?

KAMIL : Tu vois donc pas qu'il nous a eus par surprise !... On va aller chercher la bande et on va te le massacrer. On va en faire de la bouillie de molkraf.

AZAD : De moldave.

KAMIL : Ouais c'est ça, de la bouillie de moulgave !... Allez vient Savas, j'ai les nerfs !

SAVAS : Mais où tu vas corniaud ?

KAMIL : T'es sourd ou quoi ? J'te dis qu'on va chercher la bande.

SAVAS : Quelle bande ? on est que deux, patate !

KAMIL : Ouais peut-être, mais t'étais pas obligé de le dire devant tout le monde !

 

Fabian entre.

 

FABIAN : Ça va les gars, je ne vous pas fait trop mal ?

SAVAS (effrayé) : Planquez-vous, revoilà le taré !

KAMIL : Fais gaffe ! Si tu me touche encore une fois, je… je vais…

FABIAN : Tu vas pleurer ?

KAMIL : Heu ! peut-être pas quand même. Mais je pourrai très bien me… me…

FABIAN : Me barrer ?

KAMIL : Ouais, par exemple ! Je pourrai très bien me barrer et là tu ferais moins le fier. Et c'est d'ailleurs ce qu'on va faire. Pas vrais Savas !?

SAVAS : Ouais, ça vaut mieux pour tout le monde. Il pourrait y avoir des dégâts collatéraux.

KAMIL : On se casse ! Et la prochaine fois qu'on se voit, ça sera… ça sera la prochaine fois !

 

Kamil et Savas s'enfuit en courant.

 

SCENE 10 : AZAD / FARES / LILAS / FABIAN

FABIAN (leur faisant signe de la main) : A bientôt les amis !... (Aux autres) Je les aime bien, ils sont sympas. Vous ne trouvez pas ?

AZAD : Ça, c'est ce qui s'appelle se faire respecter !

FABIAN : Ce n'est pas trop difficile après huit ans d'aïkido.

LILAS (à Farés) : C'est qui celui-là ?

FARES : C'est un nouveau.

FABIAN : Je m'appelle Fabian.

LILAS : En tout cas, en voilà un qui a l'air moins con que les autres.

AZAD (à Fabian): Fais pas trop attention à elle. D'habitude, elle est sympa mais aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'elle a. Peut-être qu'elle est amoureuse. On n'arrive pas à savoir.

LILAS : Amoureuse, moi !? Ça risque pas ! Avec la bande de tocards qu'il y a dans ce lycée.

AZAD : Alors qu'est-ce qui t'arrive ? On a l'impression que t'en veux au monde entier.

LILAS : Mais, vous êtes tous là à me demander des trucs. (Singeant ses camarades) Lilas, tu peux m'aider à faire ça ? Lilas, tu peux m'expliquer la leçon ?... Personne me lâche les baskets dans ce bahut ! J'ai l'impression d'être la boniche de toute la classe.

FABIAN : Je comprends.

LILAS : Tu comprends quoi ?

FABIAN : Moi aussi j'ai enduré cette forme de harcèlement. C'est ce qui arrive aux trop bons élèves.

AZAD : C'est quoi ta moyenne générale ?

FABIAN : 18 sur 20.

AZAD : Pas mal ! Et en math, t'es comment ?

FABIAN : Pas trop mauvais.

FARES : Fabian, je peux te demander un service ?

LILAS : Chacal !

FARES : Quoi qu'est-ce qui y a encore ?

LILAS : Rien, rien, dégage !

FARES : Mais je t'ai rien demandé pour une fois.

LILAS : Vas-y, c'est bon j'te dis ! Bouge ! Va faire ton vautour !

FARES : Faudra qu'on m'explique les gonzesses un de ces quatre.

AZAD : Vaudrait mieux pas, ça pourrait te faire mal au crane.

FARES (à Azad): Toi, tu commences à me gonfler !

 

SCENE 11 : AZAD / FARES / LILAS / FABIAN / ELIAS / POLO

 

Elias et Polo entrent en discutant discrètement.

 

LILAS : J'aime pas trop les voir ensemble ces deux-là ?

FABIAN : Pourquoi ça ?

LILAS : Un magouilleur comme Elias qui devient copain avec Polo le hacker, moi je dis que ça sent le gros plan bien foireux.

AZAD : T'as raison, faudra pas s'étonner si on voit bientôt les flics débarquer dans le lycée.

 

Elias et Polo se dirigent vers le groupe, l'air satisfait.

 

AZAD : Polo, la dernière fois que t'as souris bêtement comme ça, c'est quand tu as réussi à casser les codes secrets du portable de ton père.

POLO : Bientôt c'est toi qui va rigoler mon pote.

AZAD : Vas-y développe.

POLO : Que dalle ouais !

LILAS (à Elias) : Et toi, tu dis rien ?

ELIAS : Je m'en voudrai de vous faire pleurer.

LILAS : A quoi vous jouer les gars, vous vous la pétez James Bond ou quoi ?

ELIAS : T'en fais pas pour ça. Reste connecté et tu nous remercieras plus tard.

LILAS : Non, non, je veux rien avoir à faire avec vous.

ELIAS : Comme tu veux.

AZAD : Et ça va nous couter combien ton business ?

ELIAS : Comme t'es mineur, ça ne devrait pas te couter plus que deux ans avec sursis.

AZAD : Hein !

ELIAS : Je rigole… Mais c'est cadeau,… gratos,… no pépète !

FARES (à Elias): S'il y a une chose que j'ai appris de toi, c'est que tu ne fais jamais rien gratuitement.

ELIAS (à Farés) : Et moi, s'il y a une chose que j'ai appris avec toi, c'est de jamais croire ce que tu dis.

FARES : Ah, ok.

ELIAS : Regardez-le qui nous fait le vexé.

POLO : Mais mon pote, tout le monde le sait que ta grande carrière au PSG elle…

FARES : Ferme-la !

AZAD : Attend, tu crois quand même pas que tu peux péter la gueule à ton entraineur sans que personne ne le sache ?

 

Farés prend ses béquilles, les jette sur Azad et sort furieux

 

AZAD (à Lilas) : Ben quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

LILAS : Vous êtes vraiment qu'une bande de gros cons !... Farés ! Attend !

 

Lilas sort en courant à la suite de Farés.

 

FABIAN : L'art de la diplomatie, ça n'a pas l'air d'être votre fort dans le coin.

AZAD : Par contre en hypocrisie, ils sont balaises !

POLO : Vas-y, fait-nous ta morale !

AZAD : Non, je préfère me casser. Salut !

 

Azad sort.

 

ELIAS : J'aime bien mon lycée. Il y a une super ambiance… Tiens Fabian puisque je t'ai sous la main. Juste un truc à te demander… t'habites bien dans une ambassade ?

FABIAN : C'est exact.

ELIAS : Et dans une ambassade, il y a plein de secrets d'état qui vont et qui viennent.

FABIAN : C'est possible.

ELIAS : Comment on y rentre dans ton ambassade ?

FABIAN : Il faut que tu y sois invité.

ELIAS : Tu sais que j'ai toujours aimé la culture moldave ?... Ça fait longtemps que je rêve de visiter Chisinau.

FABIAN : Paye-toi un billet d'avion et va faire du tourisme.

ELIAS : Pas le temps, trop de chose à faire ici. Par contre, une ambassade… à visiter… ça peut être sympa.

FABIAN : Si tu veux, j'en parlerai au service de sécurité de l'ambassade.

ELIAS : Non, là je préférai pas.

FABIAN : Comme tu veux.

 

SCENE 12 : FABIAN / ELIAS / POLO / CAROLINE

Caroline entre.

 

CAROLINE : Alors là, c'est la meilleur de l'année celle-là !

POLO : Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as vu le fantôme de Mickaël Jackson ?

CAROLINE : Je viens de voir Farés et Lilas en train de se bécoter… J'ai raté un épisode ou quoi ? Je croyais qu'ils ne pouvaient pas se blairer.

POLO : Comme quoi, les maths c'est quand même beaucoup moins compliqué.

CAROLINE : Et c'est pas tout !

POLO : On se croirait dans une pub télé.

CAROLINE : Y'a Savas et Kamil qui m'ont dit bonjour et qui m'ont souris.

ELIAS : Ah ça, c'est mauvais signe !

CAROLINE : Pourquoi ça ?

ELIAS : Parce que s'ils sont redevenus civilisés, on va beaucoup moins rigolé maintenant.

FABIAN : Je suis désolé, je les ai peut-être traumatisés.

ELIAS : Bon, moi faut que j'y aille. J'ai un rendez-vous à l'extérieur.

POLO : Mais comment tu vas faire, les grilles sont fermées ?

ELIAS : T'inquiète pas pour ça !… Réfléchis plutôt à notre affaire.

 

Fabian sort.

 

CAROLINE : T'es en business avec lui ?

POLO : Ben ouais. Pourquoi ça te pose problème ?

CAROLINE : Pour moi non. J'espère seulement pour toi que tu t'es renseigné sur lui avant.

POLO : Tu crois qu'il est chelou ?

CAROLINE : Je vais pas te raconter sa vie. Mais il y a un ou deux trucs qu'il vaut mieux savoir sur son compte avant de s'associer avec lui.

POLO : Du genre ?

CAROLINE : Du genre trafic, flics et taule par exemple.

POLO : Tu rigoles !?

CAROLINE : Non, c'est lui qui rigole. Il y a un an avant que t'arrives, il a envoyé deux terminales en taule pour revente d'objets volés dans le lycée. C'était lui le cerveau du réseau et les flics ne l'ont même pas interrogé. Ce mec-là, on l'appelle l'Invisible.

POLO : Et comment tu sais tout ça, toi ?

CAROLINE : Dans la jungle, tous les moyens sont bons pour survivre… Maintenant, c'est toi qui vois.

POLO : T'as raison, je vais essayer de voir si je peux pas le trouver sur la toile et en apprendre un peu plus sur lui. On se tient au jus.

 

Polo sort.

 

FABIAN : J'ai l'impression qu'on ne doit pas s'ennuyer beaucoup dans ce lycée ?

CAROLINE : Et encore t'as rien vu. La NSA à côté, c'est des enfants de cœur.

FABIAN : Au fait, il y a une réception à l'ambassade de Moldavie samedi prochain. Ça te dirait de venir.

CAROLINE : Tu perds pas de temps toi !

FABIAN : Alors ?

CAROLINE : Si je te dis oui tout de suite, tu vas me prendre pour une fille facile.

FABIAN : Donc ?

CAROLINE : T'as une semaine pour faire tes preuves. Tchao.

 

Caroline sort. Fabian prend son portable et compose un numéro.

 

FABIAN : Elias ? C'est Fabian… Comment j'ai eu ton numéro ? Ça, c'est un secret mon vieux… Non, je voulais juste te prévenir d'un truc… Surveille bien tes arrières. A partir de maintenant, tu as de la concurrence.

 

Fabian raccroche et sort tranquillement.

 

FIN

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