Petits ou grands carreaux

aile68

Noircir des cahiers entiers de petits ou grands souvenirs, câlins, chagrins, arrondir les rivières pour en faire des méandres comme en Norvège, rosiers, tapis de fleurs de mon enfance, revenez parfumer mon oreiller, qu'on vous plante à nouveau pour donner à l'espérance les couleurs de la joie et d'un bonheur explosif telle une marmaille sortant d'une cour d'école. Veiller la nuit, veiller le jour, retourner sur les lieux de nos péripéties, nous les enfants d'antan, vêtus de pantalons à carreaux et de sous-pull collants, nous cachions des bonbons et des sucettes dans nos trousses de toilette quand nous partions en classe de neige. Laisser leurs plumes glisser sur les carreaux petits ou grands lors de la lettre aux parents, avoir les yeux qui clignotent sous les flashs de souvenirs inattendus. A la recherche d'un bonheur comme d'un trésor enfoui, les enfants qui ont grandi ont semé derrière eux des bêtises et des cachotteries mais quelques bons points et quelques images sages les ont sauvés de leurs erreurs. On leur a tout pardonné parce qu'ils étaient des enfants comme s'ils avaient été des anges.

Vernir les peintures sur les galets ramassés au bord de la mer, en donner, en offrir, ça sent bon l'iode et la lavande, un air de vacances et d'entrée d'école. Dans les classes il fait encore chaud, on a quitté les shorts et les claquettes, le maître s'appelle Emmanuel, il aime les cahiers à gros carreaux et les frises au bas des cahiers à la fin de chaque leçon.


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