Petzi

georges

Mon premier émoi littéraire est indissociable des genoux de ma grand-mère, de la salopette rouge à pois blancs d’un ourson et de l’odeur de pâte à crêpes.  

J’avais moins de six ans.  J’écoutais mon aïeule me raconter les aventures de Petzi, un petit ours qui partait à l’aventure avec ses amis Pingo le pingouin, Riki le pélican, Caroline la tortue et l’Amiral qui avait une tête de phoque.  Le bras autour de mes épaules, Bobone lisait le texte qui se trouvait sous les illustrations, une originalité de cette bande dessinée.  Je ne savais pas encore lire mais, malgré tout, si Grand-Mère passait une ligne, je le lui faisais remarquer.  

Comme pour le banquet d’Astérix, chaque histoire se terminait par la dégustation de crêpes, le plat favori de Petzi.  Je regardais ma grand-mère d’un oeil implorant.  Elle me préparait alors de grands disques jaunes que je mangeais, agrémentés de cassonade Tirlemont, dont l’emballage s’ornait du visage rieur d’un enfant.  

Depuis, ma grand-mère est décédée.  Je ne mange plus de cassonade.  Les aventures de Petzi ont trouvé une nouvel éditeur avec, ô trahison, l’introduction de bulles au-dessus des personnages de mon enfance.  

Heureusement, j’ai gardé précieusement mes Petzi de l’époque.  Je les ressortirai bientôt pour les lire à mon fils.  J’espère que lui aussi me demandera de lui cuire des crêpes blondes...

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