Pharmacopée traficotée

Jean Claude Blanc

le trou de la sécu à qui la cause; on nous accuse de trop consommer, industriels de santé pourtant prospèrent; chacun ses torts

                  Pharmacopée traficotée

 

Médecine moderne, vertu magique

Usine à gaz, potions chimiques

On marche au pas, mais en pantoufles

Bréviaire Vidal, gros livre rouge

Dans l’ancien temps, les guérisseurs

Ne nous soignaient qu’avec des fleurs

Et de prières, pour les mystiques

Pas de produits pharmaceutiques

Généraliste est dépassé

Est poursuivi par le progrès

Il doit prescrire, foules de cachets

Pour contenter ses usagers

Sécu sociale, est vache à lait

Mais n’arrive plus à abonder

L’empire entasse ses intérêts

Comme diabétique, sait se sucrer

On joue avec la santé

Mais par le fric, contaminés

La maladie, a ses sujets

On en profite, pour la taxer

Apothicaire ou boutiquier

Est-ce commerce ou vocation

Simple caissier ou infirmier

Dans les deux cas, se font des ronds

En est de même, chez les notaires

Défendent les droits, de leurs dindons

Souvent agence immobilière

Qui au passage, prend commission

De plus en plus, faut cotiser

Pour la retraite et la santé

Combler le trou, c’est impossible

C’est le tonneau des Danaïdes

Industriels des éclopés

Ratissent aussi, les invalides

Les plus fauchés, on laisse tomber

Car trop de fric, on dilapide

Les VRP des gens patraques

Font de la pub pour leurs remèdes

« Si tu prescris, ma propre marque

A Disney Land, je t’emmène »

Les granulés, les génériques

Ça sert à rien, on nous réplique 

Rapportent rien, donc inutiles

Chères molécules, on nous refile

Les scientifiques, sont nombreux

Nos chercheurs partent à l’étranger

Car en ont marre d’être exploités

Sont moins payés que les footeux

Au bout de la chaine, ceux qu’en profite

Les chirurgiens, aux belles cliniques

De dessous de table, on doit casquer

Pour être sûr, de pas crever

Pour cette mafia hospitalière

Tout ce qui compte, c’est d’engranger

Bien obligées, nos vieilles grand-mères

De supporter tous les faux frais

On est patients, terme approprié

Plus flambants neufs, bons à jeter

Si t’as du fric, t’es dorloté

Sinon, vas faire la charité

La verte croix, cligne la nuit

A ton service, gus propre sur lui

T’es bienvenue, en pharmacie

« Vous allez bien », lapsus poli

Je me souviens, des sombres vitrines

Pas pour la frime, lugubres insignes

Homme squelette, viande écorchée

A faire fuir les effrontés

La profession est en colère

On ose toucher, à son pécule

Supermarché, centre a vu clair…

La concurrence, fait des émules

Ils ont plaidé, libéralisme

Pour emmerder les socialistes

En fin de compte, se sont piégés

Leur propre branche, l’ont sciée

Pharmacopée, s’est cocufiée

Simple français, comprend plus rien

Vous me direz, comme d’habitude

On fait la chasse à nos abus

Médicaments, on en est plein

Faudrait revoir, nomenclature       JC Blanc     novembre 2013

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