photo de fantômes

Lou

Juste une envie d écrire pour Halloween. Desolé de l'absence, baisse de moral niveau écriture car je ne me sens pas assez douée xD je promets de revenir... ou pas xD

La photo. Comment une image sur papier glacée peut-elle procurer autant de frissons, d'émotions, de joie, de colère? Comment peut-elle bousculer notre coeur, faire chavirer notre crâne, nous faire suffoquer et respirer en même temps? Une photo peut m'émouvoir jusqu'aux larmes, peut changer ma vie, ma façon de penser.... et quel bonheur quand on attend que l'image apparaisse, la tête baignée de lumière rouge! Quelle satisfaction quand le résultat se fait voir, quand le modèle est illuminé par quelques rayons lumineux farceurs! La photo. C'est toute ma vie. 

Je règle l'objectif. La fenêtre de la voisine de l'immeuble d'en face devient flou puis net. Le focus grésille. Quelle douce mélodie... mon coeur se gonfle et je souris. Je me sens bien. Juste paisible. La porte grince. Je n'y fais pas attention. Quand je suis derrière mon appareil je suis méconnaissable. En transe. Les chaussons en laine de ma mère raclent le parquet. Elle tire sur sa cigarette, expire et l'odeur âcre de la fumée me pique le nez. Elle fait toujours ça.

-Alex?

Je grommelle pour toute réponse.

-A table.

-Pas faim.

Elle reste les bras ballants, je la sens derrière moi. Sa clope se meurt entre ses doigts. Elle me juge avec son regard émeraude. Elle me prend pour un fou. Elle râle dans la barbe qu'elle n'a pas. Elle fixe mon mur où des photos s'ammassent, se chevauchent, s'embrassent et dansent. Le pique nique de cinquième, le laser game de quatrième, noel dernier, la journée de l'art... et des dizaines et des dizaines de clichés, de portrait de ma muse rousse. Assise, accoudée à une rampe, en train de manger, de lire, de bosser, de tendre la main sa pote... J'ai un grave problème avec cette fille. Puis elle tourne les talons et ressort.

Je ne vis que pour la photographie. Je mange photo je respire photo je bois photo. Je n'ai pas de temps pour elle. Je recalle mon appareil et regarde attentivement la fenêtre aux rideaux roses. J'adore prendre Iris. Je la trouve si... si lumineuse... Je m'apprête à appuyer sur le bouton, ayant discerné du mouvement vers la droite, quand je retiens mon souffle. Derrière les vitres se dresse une figure squelettique blanchâtre. La nuit est noire, des éclairs illuminent l'horizon. Elle me fixe avec ses yeux enfoncés. Ah non! Elle n'en a pas. Des yeux. Il y a juste deux gros trous. J'ai un haut le coeur. Ses cheveux noirs tombent en baguette sur sa poitrine. Il n'y a plus un bruit. Ses lèvres bougent.

-chichichi...

Comment un crissement qui vrille dans mes tympans. Des paroles murmurées glaçantes. Qui mordent mes bras, mon cou, mon ventre. Je tremble. Il fait froid. Mes dents claquent. Elle pointe un doigt long et mince vers moi. Elle n'a pas de nez. Une larme noire coule sur sa joue. L'horloge lâche des tic tic réguliers et angoissant. Je ne sens plus la chaleur du radiateur ou le sifflement de la cocotte ou le tintement des couverts sur l'assiette dans la cuisine. Juste elle et son chuchotement.

-chichichi...

J'étouffe. J'ai envie d'ouvrir la fenêtre, pour respirer. Mais je ne peux pas bouger. Je suis statufié. Elle est horrifiante. Sa robe blanche tape contre ses cuisses. J'ai peur. Je veux m'enfuir. Qui est-ce? Pourquoi est-elle si triste? Je suis intriguée. Ma tête tourne. Une odeur de chair chatouille mon nez. Quelle horreur. Mon doigt appuie enfin sur le bouton et le flash se déclenche. Un cri déchire l'air. Je m'effondre à genoux, l'appareil serré contre mon coeur. Je fais défiler les photos. Mais il n'y a rien.

Juste une fenêtre vide.

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