Piano

Lyan prit le dessin de Prunelle et l’approcha de son visage. Un homme en noir qui jouait sur un piano blanc. Le dessin avait l’air magnifique. Mais si triste …

-          Et ça, c’est quoi ? demanda l’homme à la petite fille.

-          C’est le mari d’Istrid.

-          Istrid ?

-          Istrid était une joueuse de piano. Une virtuose. Elle avait deux choses très importantes dans sa vie. Son mari, et le piano. Elle vivait dans un parfait équilibre entre ces deux choses.

-          Et que s’est-il passé ?

-          Un jour son mari n’est pas venu à un de ses concerts. Et elle s’est consumée pour la musique en jouant. Elle a disparut.

-          Tu veux dire qu’elle est morte ?

-          Et son mari s’en est voulu à en mourir, continua-t-elle. Mais au lieu de se donner la mort, il s’est enfermé dans une pièce. Il a joué lui aussi du piano. Pour être plus proche de la femme qu’il avait perdue. Maintenant, il joue chaque jour un morceau différent.

-          C’est un très bel hommage en effet.

-           Non. C’est comme ça qu’il peut parler à sa femme. Grâce à la musique. Chacun des différents morceaux représente Istrid. Chaque jour, il réécrit une partie de sa femme. Il veut la retrouver.

-          C’est triste … et c’est beau. Et y arrivera-t-il ?

-          A quoi ?

-          A retrouver sa femme.

Prunelle lui prit le dessin des mains et le regarda attentivement pendant quelques minutes. Puis elle fronça les sourcils. Elle détacha son regard du dessin et fixa Lyan d’un air perdu.

-          Je ne sais pas. Ce n’est pas dessiné …

-          Mais … c’est toi qui as dessiné ce dessin non ? Tu devrais connaitre son histoire, tu m’as bien raconté le début, non ?

-          Ca ne marche pas comme ça …

Le docteur Lyan referma lentement la cellule de la patiente Prunelle. Il l'entendit frapper les murs en pleurant. Il appela une infirmière avant d'écrire dans son carnet de note. Patiente 1874, Prunelle Dirtsi, aucune amélioration. Son état s'aggrave de jour en jour ...