Piège libertin

arlequin

  Je m’appelle Coralie, j’ai trente-quatre ans et suis mariée avec un  Haut Fonctionnaire de l’Etat de six ans mon aîné. Ces fréquents déplacements professionnels et ses absences à durée parfois indéterminée, font que nous n’avons toujours pas d’enfants ce qui, pour le moment, ne me pose pas vraiment de problème.

            Vous l’aurez donc compris, je vis dans un milieu très aisé, tout comme cela à toujours été le cas, du reste ; un père était ambassadeur, une mère avocate de renom, je n’ai jamais manqué de rien.

Grande, brune, des yeux verts en amandes, un corps élancé, des formes attirantes, juste où il faut, je peux aussi dire que la nature m’a bien gâté ; finalement, peut-être les fées existent elles et se sont-elles penchées sur mon berceau ?

            Riche, un physique qui fait se retourner les hommes sur mon passage, vous allez certainement penser que j’ai une vie très délurée ou, tout au moins, que j’ai eu une vie très délurée avant mon mariage ? Eh bien pas du tout ; pour être tout à fait honnête, je n’ai connu qu’un seul homme, sexuellement parlant, celui que j’ai épousé. En revanche, cet homme ne fut pas ma première expérience.

A l’âge de douze ans, mes parents me mirent en internat dans des écoles privées de grandes réputations, le genre d’écoles qui ne prônent pas la mixité et font de la religion un leitmotiv. A dix-sept ans, j’étais devenue une personne très sérieuse, certes, mais très introvertie, ayant suffisamment honte de mes formes féminines pour les cacher sous des vêtements amples ; inutile de préciser que je ne connaissais pas grand-chose aux fonctionnements des garçons. Pourtant, c’est à cette même époque que les choses auraient pu prendre un nouveau tournant pour moi.

            J’avais été admise dans un internat de jeunes filles très sélect, près de Genève, en Suisse, et c’est là que je fis la connaissance de Mélanie, fille d’un très riche industriel américain. Bien que nous fussions de caractères diamétralement opposés, le courant passa immédiatement entre nous deux, ce qui fut fort heureux, car le hasard nous plaça dans la même chambre pour toute l’année scolaire.

            Pour Mélanie, la nature avait été aussi des plus généreuses : blonde, des yeux gris lui donnant un regard envoûtant, elle avait un corps athlétique, magnifiquement bien sculpté, qu’elle n’avait, au contraire de moi, aucune honte à mettre en valeur par des vêtements adaptés ; a dix-sept ans, elle représentait pour moi, en fonction de l’expérience que j’avais de la vie à ce moment, la femme parfaitement épanouie, celle à qui j’aurai voulu ressembler. Elle me parlait souvent de ses expériences avec les garçons et me raconta même qu’elle avait été dépucelée, à l’âge de quinze ans, par un homme de dix ans son aîné.

            Plus le temps passait, plus Mélanie me troublait, sans que je prenne réellement la mesure de ce trouble. J’aimais discuter avec elle, j’aimais son rire, son parfum, son regard quand il se posait sur moi ; j’aimais sa voix chaude et sensuelle, les histoires qu’elle me racontait sur ses affres sexuels. Un soir, elle me demanda s’il m’arrivait de me caresser sous les couvertures ; elle avait aussitôt éclaté de rire en voyant la gêne qui m’avait saisi.

-     Il ne faut pas avoir honte, m’avait-elle dit entre deux rires. Se donner du plaisir est tout à fait naturel ! Moi je le fais assez souvent, surtout quand je n’ai pas d’hommes à me mettre sous la dent pendant un long moment ! Il m’arrive même de faire l’amour avec d’autres filles.

Voyant que j’étais de plus en plus mal à l’aise, Mélanie n’avait pas insisté plus longtemps et m’avait souhaité une bonne nuit ; c’est durant cette nuit qu’une partie de mon monde aurait pu chavirer.

Le réveil affichait déjà trois heures du matin et je ne dormais toujours pas, pensant sans cesse à ce que m’avait dit Mélanie, arrivant même à imaginer son corps nu sous ses couvertures et ses doigts jouant avec son intimité. C’est alors que de petits cris étouffés me tirèrent de mes rêveries et me firent m’assoir en sursaut ; j’allumais la lampe de chevet et vit Mélanie qui s’agitait dans son lit, mordant la couverture pour étouffer ses gémissements ; je compris tout de suite ce qu’elle était en train de faire ; j’allais assister à un orgasme en direct de ma meilleure amie. Malheureusement, la lumière interrompit Mélanie qui avait ouvert les yeux et me fixait avec un regard étrange. Elle quitta son lit et vint s’assoir sur le mien, près de moi ; ce n’était pas la première fois que je la voyais nue, mais cette fois quelque chose s’opéra en moi qui me donna envie de la caresser, d’embrasser sa poitrine qui pointait tout près de mon visage. Mais elle ne me laissa pas le temps de céder à mes envies. Sans me dire un mot, elle m’obligea à me rallonger sur mon lit, fit tomber ma couverture et resta un moment à me contempler ; je portais une nuisette et une petite culotte en soie blanche pour seul sous-vêtements. Dans un doux murmure, elle me demanda de fermer les yeux et de la laisser faire ; je ne me fis pas prier, même si une certaine angoisse me serrait le cœur.

La première chose que je sentis, ce fut ses mains, douces et chaudes, qui me massèrent les pieds, puis les chevilles ; c’était agréable, me donnant des frissons dans tout le corps. Puis je sentis mes orteils être pris dans quelque chose de chaud et d’humide ; Mélanie était en train de me les sucer, faisant des mouvements de va-et-vient, tout en continuant à me masser la voûte plantaire. Je commençais à sentir comme des picotements au creux du ventre et quelque chose se passa aussi au niveau de mon intimité.

Mélanie finit par abandonner mes pieds pour remonter lentement le long de mes jambes, alternant caresses et petits baisers, jusqu'à arriver sur le frêle rempart que représentait le tissu de ma petite culotte. La pointe dure d’une langue titilla mon intimité, que je sentais de plus en plus trempée, au travers de la soie, à la recherche de mon clitoris et, instinctivement, je bougeai mon bassin pour mieux sentir ce nouveau contact. Les picotements se faisaient de plus en plus forts au creux de mon ventre et de nombreux frissons de plaisir parcouraient tout mon corps ; les yeux clos, la bouche entrouverte, je poussai mes premiers gémissements.

Mélanie se décida enfin à me retirer ma culotte et je pus pleinement profiter du contact chaud et humide de la langue sur mon clitoris. Je sentis un doigt se présenter à l’entrée de ma fente et me pénétrer, pas trop profondément afin de ne pas briser le fragile hymen, tandis que la bouche de Mélanie avait réussi à capturer mon bouton bien gonflé entre ses dents. Je perdais de plus en plus le contrôle de mon corps ; mon cœur battait à tout rompre ; une chaleur bienfaisante s’emparait de moi.

Mélanie arrêta de me sucer le clitoris pour faire pénétrer un deuxième doigt dans ma grotte inondée, deux doigts qui se mirent à me fouiller avec une grande énergie. Je ressentis comme une envie subite d’uriner et fut prise, un instant de panique, un très court instant car une explosion partie du bas de mon ventre, me faisant me tordre de plaisir et un jet incolore s’éjecta de mon vagin, tandis que je hurlai mon plaisir. Dans un état second, j’entendis Mélanie me féliciter d’avoir connu, non seulement mon premier orgasme, mais aussi ma première éjaculation.

Ce fut la seule et unique fois que j’eus une relation sexuelle avec Mélanie ; elle apprit, le lendemain, la mort de son père et quitta précipitamment le pensionnat pour rentrer au Etas Unis ; je n’eus plus jamais de ses nouvelles, comme je n’eux plus jamais d’orgasme identique à celui-ci. Pierre, mon mari, est certes un bon amant, enfin je crois, mais il n’a jamais réussi à m’amener à ce stade de jouissance.

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