Pigeon

tristanium

Un jeune homme envoie par drone voyageur à la femme qu'il convoite, un poème manuscrit et un lieu de rendez-vous. Il écrit également l'après-rencontre...

De l'idée de vous voir mon cœur s'emballe,
Du souvenir de votre regard mon esprit s'enivre,
D'une interminable lenteur le temps cavale,
Sans vous voir, comment respirer, comment vivre ?

Comment ne pas penser à nos adresses échangées,
Et d'avoir choisi les robots domptés aux ailes d'argent,
Qui virevoltent dans le ciel rafraîchi, pour réchauffer,
Nos deux âmes, qui ne demandent qu'un sceau charmant.

Comment oublier ces téléphones dématérialisés ?
Pourquoi passer par ces froides technologies,
Qui suppriment toute vie à des mots enflammés ?
Comment marier l'insoutenable légèreté des mots dits,
Et de garder le strict minimum des avancées humaines ?
Vous avez su trouver l'équilibre parfait douce reine.

Me voici ragaillardi au fait de vous voir bientôt,
Vous avez laissé votre empreinte dans mes idées,
Dans mes pensées, dans mes livres, dans le métro,
Dans l'affiche du coin de la rue... vous me guidez.

Je me souviens, vous m'avez dit lors de notre échange,
Dans ce court moment qui s'envola comme une brise,
Dans cet interlude fantastique d'un tube étrange,
Votre exquis et sulfureux beau prénom: Héloïse.

L'heure était avancée et vos yeux m'interpellère,
L'ami à mes côtés me parlait mais je n'entendais guère,
Je restais fixé au prochain contact que nous allions échanger,
Quel soulagement quand la station arrivée le fit décamper.
Je n'ai plus de souvenir de la discussion entamée avec lui,
Mes mots non encore formés pour vous était mon seul souci. 

Quel plaisir de pouvoir enfin déclamer haut et fort,
De m'asseoir à coté de ces illustres inconnus,
Et de vous demandez votre nom et votre numéro sans remord,
De ressentir le frisson d'un moment qui me laissa ému.

Quelle joie de savoir enfin qui vous étiez réellement,
Après une attente de plusieurs lieux incertains,
Qui craignit de vous voir partir sur le quai suivant.
Je n'aurais jamais pu dormir jusqu'au matin.

A cette heure tardive d'où reveniez vous ?
Vous aviez l'air enhardie et heureuse de vivre.
Quel est le secret qui vous noue ?
J'ai bu vos mots et votre image me laisse ivre.

Cette flamme dans mon corps que vous avez allumée,
Ne cesse de réclamer votre présence pour la ranimer.
Votre voix me laissa dans mes oreilles inexpérimentées,
La douce musique du chant d'une ancienne divinité.

Je vous propose donc rendez-vous le vingt décembre,
Dans ce lieu charmant que votre présence illuminera,
Ce restaurant si haut perché et de couleur ambre,
Vingt heure sera l'heure somptueuse qui vous ravira.

-

Notre rendez-vous tant attendu à eu lieu,
Et me voici pris de doutes terribles,
Qui ne sauraient trouver que des remèdes hasardeux.
Ma logique fait foi d'un trajet personnel sensible.

Vous voila donc arrivée à l'heure prévue,
Nous commandons le meilleur sans retenue,
Du champagne vous ne vous lassiez plus,
Mes ordres au serveur étaient sans cesse revus.

L'entrée était votre meilleure amie,
Puis le plat n'était plus qu'un lointain souvenir,
Quand le dessert apparu sans avoir rien dit.
Comme il était apparemment muet à en souffrir,
Vous commandez son grand frère,
Qui ne laissa qu'un concert de prix amère.

J'avais souhaité secrètement immortaliser la soirée,
Par un oiseau ailé et automatisé,
Qui nous fit connaitre l'un à l'autre,
Mais qui ne laissera pas d'autres apôtres...

Mon appartement était rangé et attendait votre venue,
Moi qui suit d'habitude plus ordonné avec les mots.
Quel déception quand vous vous êtes enfuie à vue,
Dans ce taxi coloré qui illumina votre dos.

Pourquoi vous avoir perdu lors de la soirée,
Dans ce club élitiste imprévu mais qui vous ravie.
Ma carte bleue changea de couleur à l'entrée,
Et pris plusieurs teintes aux boissons que je vous offris.

J'attendais de danser avec vous à la fin du verre,
Pour que nos atomes enchantés puissent virevolter.
Quelle mauvaise surprise quand vous avez refusé,
Et que j'ai posé les coupes vides sur la table mère.

J'ai bien vu à un moment qu'un autre vous offrait une liqueur,
Mais je suis resté stoïque et conscient de mes défauts,
Je ne suis intervenu qu'après son départ pour éviter tout heurt.
Je sais bien qu'il ne vous intéresserait pas de si tôt.

J'aurais dû garder mon attention intacte,
Et ne pas consulter mon téléphone éclairé,
J'ai bien senti que vous pensiez que je manquais de tact.
J'espère que vous pourrez un jour me pardonner.


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