Pique-nique

« - Qui a décidé ? 

­ - Qui a décidé de quoi ?

­- Que ce monde s'appellerait Terre, que nous sommes des humains, que cet arbre est un pin, que…

­- Où veux-tu en venir ? Tu ne vas tout de même pas questionner tout ton univers ?

- Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pourrais-je pas créer des mots ? A qui ce privilège est-il réservé ?

­- Je n'en sais rien et tu m'ennuies avec toutes tes questions ! Dans ce cas, pourquoi ne pas remettre en cause ton existence même ? 

- Je n'y avais pas pensé, tu as raison. Crois-tu que chaque vie ait un but ?

- Je plaisantais… Il n'est pas bon ton rouge ?

­- Si délicieux, c'est juste que…

­- Quoi encore ?

­- Non rien, oublie…je vais finir par te lasser.

­- Tu sais pertinemment que je déteste quand tu ne termines pas tes phrases ! Alors je t'en prie, exprime toi… laisse couler tous ces mots qui te viennent à la bouche.

- Je me pose tellement de questions, ma vie est un perpétuel questionnement... Parfois, j'ai l'impression de pouvoir m'interroger et me répondre en même temps, mais que ce sont deux entités distinctes qui mènent le jeu, comme une partie de ping-pong. Suis-je folle ?

­- Folle, je ne pense pas. Un brin dérangée, très certainement.

­- Je te remercie…

­- Ne t'inquiète pas, c'est charmant.

­- Qu'est ce qui est charmant ?

­- Ta façon de tout observer, de tout analyser. Depuis que nous sommes assis dans ce parc, tu n'as eu de cesse de regarder absolument tout ce qui se passait autour de toi. Depuis les années, j'ai finis par comprendre ton fonctionnement et je sais qu'en ce moment même, tu te poses des dizaines de questions. Et je m'en amuse. Certaine fois, j'essaie de deviner ce qui te passe par la tête.

­- N'essaie pas de te mettre à ma place, profite plutôt de la tienne qui sait se reposer.

­- Ah, ça commence. J'ai reçu une première goutte. Surtout, ne me demande pas pourquoi la pluie existe.

­- Promis, je me tairais. Emballons les affaires et rentrons. »