Place 44
weird
Scène 1/ Int/ Cuisine d'Agnès /Jour/ Matin/.
Une jeune femme, de dos, Agnès, prépare le petit déjeuner. Deux œufs et un peu de bacon sont en train de cuire dans une poêle…
(Ouverture sur la main d'Agnès en gros plan qui tient la poêle ; et remue la spatule. On peut entendre le bruit de la friture).
Agnès se retourne laissant apparaître une jolie brune, cheveux courts, yeux bleus 31 ans, 1,70 m sur la pointe des pieds... Rapidement, elle pose les œufs dans une assiette, saisit un mug rempli de café ; et le boit tout en tremblant. Elle pose d'un coup sec la tasse vide sur la table. (Fondu au noir).
Scène 2/ Int/ Chambre de Thibaut et d'Agnès/ Jour/ Matin.
Le réveil sonne… (Gros plan) 8h00; une main, celle de Thibaut, la quarantaine, costaud, une légère barbe, cheveux courts, yeux bleus, 1,80m, arrête la sonnerie. Il se lève d'un bond... Une note sur la table de chevet indique : Réunion Importante. Paris.17h00. PDG Banque Joseph Denells. Train 8h57.
Scène 3a , 3b, 3c/ Int/Jour/ Matin.
Le carnaval matinal commence… (Série de Cut)
3a : salle de bain :
Douche, froide en occurrence, (Thibaut frissonne), rasage, brossage, une touche de gel dans les cheveux, juste ce qu‘il faut, (Thibaut prend toujours très soin de lui, il a beaucoup de rigueur).
3b : Chambre :
Il enfile son pantalon, une chemise, une veste surmontée d'un gros manteau. Thibaut manque partir sans ses chaussures, alors qu'il est encore en train de nouer sa cravate.
3c : Cuisine :
Thibaut prend un mug de café, le boit d'un trait.
Scène 4/ Int/ Voiture /Jour/ Matin/.
Thibaut monte dans sa voiture, une Mercedes….au côté d'Agnès qui conduit. Agnès sent son mari angoissé, et cherche à le rassurer par quelques mots doux.
Agnès
(Rassurante)
« Ne t'en fais pas chéri tout va bien se passer, tu as travaillé beaucoup sur ta présentation, il n'y a pas de raison. Tu les auras tous! dit-elle avec ferveur; le sourire aux lèvres ».
Thibaut
(Souriant avec affection)
« Heureusement que t'es là, chérie ».
Agnès
(Taquine)
« Je le serais toujours, du moins je l'espère… »
Ils n'avaient pas besoin d'en rajouter, leurs regards suffisaient...
La gare est visible; Agnès coupe le moteur, la voiture est déjà prise par le givre.La gare, bien que rénovée, donne aujourd'hui l'impression d'un bâtiment sans âme. Un panneau indique «Toulouse Matabiau».
Scène 5/ Ext/ Quai de Gare /Jour/ Matin.
Le quai est vide, mais déjà on entend le bruit des machines qui s'actionnent. L'heure tourne. Agnès tout en arrangeant le col de Thibaut ne peut s'empêcher de l'embrasser;
Agnès
« Chéri je sais que tu te lèves tous les jours pour prendre ce foutu train, pour qu'on puisse manger, nous habiller et vivre correctement, mais promets-moi de te reposer un peu en revenant. Tu n'es pas très bien depuis quelques jours… »
Thibaut fait glisser les bras d'Agnès le long de son corps afin qu'il puisse se dégager. Il lui fait un dernier baiser.
Thibaut
(Rassurant)
« Ne t'inquiète pas, j'ai l'éternité pour me reposer… »
(en mettant son index sur la bouche d'Agnès).
Le signal retentit, le contrôleur, un petit roux, coiffé en brosse sous sa casquette, prie les voyageurs d'embarquer:
Contrôleur
(Hurle d'un air blasé)
«3 minutes avant le départ du train, 3 minutes…Dépêchez-vous.. !! »
Thibaut embarque tant bien que mal, en traînant ses valises qui s'entrechoquent contre les parois du train. D'un geste de la main, il fait un dernier au revoir à Agnès; elle le lui rend par un « Baiser Volé » qu'il fait mime d'attraper. Les portes métalliques se referment sur Thibaut, le regard posé sur Agnès. Quelques secondes plus tard le train démarre…
Scène 6/ Int/ Train /Jour/ Matin.
Thibaut cherche sa place au beau milieu de tous ces passagers…il arpente le couloir avec beaucoup de difficulté. De jeunes enfants hurlent ou pleurent, un peu plus loin deux ados comparent les dernières applications I.Phone (gros plan sur l'écran); quelques adultes font la même chose sur leur I.Pad. Quelques mètres plus loin on peut entendre le jacassement de deux vieilles pipelettes…Thibaut, n'en pouvant plus…s'assoit, sa mallette entre les jambes; les compartiments sont plein à craquer de petits bagages superflus; et une grosse dame de 95 kg, au bas mot, faisant dégouliner la sauce de son burger (au petit déj quand même..) sur la tablette, y contribue…largement.
Devant lui, il y a tout de même un homme, la quarantaine, en train de lire je ne sais quel livre d'histoire, calme, un visage plutôt froid, contrairement à son autre voisine qui bavarde avec la personne de derrière.
Sa voisine
« Vous devinerez jamais à combien je l'ai eu…6 euros…oui…oui »
Personne derrière
« ..Vous l'avez trouvé sur leboncoin… ? »
Thibaut essaye de dormir, il essaye de se caler la tête. Le ronronnement du train a vite fait l'effet d'une berceuse.
Scène 7/ Int/ chambre/ Nuit/ Rêve.
Une magnifique femme blonde, d'une vingtaine d'années, grande, les yeux bleus, cheveux ondulés, à la silhouette et aux formes généreuses se tient debout devant lui. Elle est en train de bercer un nouveau-né.
Jeune femme
(Avenante)
« Viens voir chéri, approche, viens voir comme il est mignon, c'est vraiment dommage! »
Thibaut le prend à son tour regardant sa petite frimousse toute rouge…et pleine de bave.
Jeune femme
(Autoritaire)
Fais-le!
Thibaut
(Réticent)
« Écoute, je ne pense pas que cela soit nécessaire, nous pouvons tout reprendre à zéro à présent... »
Jeune femme
(Lui faisant les yeux doux)
« S'il te plaît chéri, tu sais que c'est impossible, je ne pourrais pas le supporter »
Scène 8/ Int/ Palier appartement/ Jour/ Matin/ Rêve.
Thibaut passe récupérer un petit garçon chez une femme (on le voit de loin en plan fixe, de dos en train de frapper à la porte) . La femme ouvre, L'enfant n'est pas décidé à venir, il hurle et crie (les mêmes cris que ceux des enfants dans le wagon).Thibaut le tire par la main.
Thibaut
(Agacé. Voix Off)
« Ah si seulement ils pouvaient la fermer au lieu d'emmerder tout le monde! »
Scène 9/ Ext/ Rue/ Jour/ Rêve.
Beaucoup de gens l'acclament, des poignées de mains, des cris de joie…des enfants qui courent dans tous les sens, mais chose étrange, sa main commence à fumer…Il lève la tête.
Scène 10/ Int/Chambre/ Nuit/ Rêve.
La jeune femme blonde le regarde, souriante, les larmes aux yeux.
Jeune femme
(Émue)
« Merci Chéri, je sais que ça n'a pas été évident pour toi, mais nous deux, cela n'aurait jamais pu être possible autrement, tu comprends ? »
Thibaut baisse les yeux, les draps du bébé qu'il tenait sont souillés de sang, et sa cervelle, éparpillée aux quatre coins de la pièce.
Jeune femme
(Dégoûtée)
« C'est dégueulasse !! Fais ça proprement au moins »
une partie de la cervelle avait giclé sur le décolleté.Thibaut tient à présent un Luger P08 entre ses mains pleines de sang, il le laisse tomber.(la camera suit le regard de Thibaut qui après avoir commis l'acte, regarde son revolver)
Scène 11/ Int/Train/ Jour/ Grisaille/Matin.
Thibaut se réveille d'un coup en hurlant, ses pupilles se dilatent (plan serré), devant lui…plus personne…
La grosse dame semble être partie ainsi que de nombreux voyageurs (Silence). Thibaut se détend..Les gares des grandes villes se succèdent; les arrêts sont fréquents (Succession de nom de gares). Personne n'entre dans le wagon. Soudain il entend le bruit des portes du wagon qui glissent pour laisser apparaître un vieil homme, pas loin de 80 ans, très maigre, des mains tavelées, premier signe de décrépitude, son visage est creusé, il a encore pas mal de cheveux blancs pour son âge et de petites lunettes rondes.Il est muni d'une canne, d'un petit complet noir et de mocassins marron en harmonie avec sa valise en cuir, rongée par le temps et les nombreux chocs. La porte se referme sur lui l'empêchant d'avancer, il essaye tant bien que mal de dégager sa valise en jouant de la canne.
Thibaut se lève pour lui prêter secours.
Vieil homme
« Merci jeune homme, merci beaucoup, c'est toujours pareil, je reste coincé à chaque fois… »
Thibaut amusé par la situation laisse échapper un léger sourire.
Vieil homme
(Avec une petite moue)
« Je ne suis plus aussi jeune et rapide pour m'amuser à ça, si toutefois que je l'ai été un jour »
Il reprit :
« Au fait j'ai oublié de me présenter, je manque à tous mes devoirs, je m'appelle Herschel »
Thibaut
(Souriant)
« Moi c'est Thibaut, enchanté de faire votre connaissance »
Herschel
(Lui serrant la main)
« Moi de même.. »
Thibaut
(Poli)
« Vous voulez un peu d'aide ? »
Herschel
(Le remerciant)
« Oui merci… »
Pendant que Thibaut déplace la valise, le vieil homme se dirige vers sa place.
Herschel
(Enjoué)
« Ah c'est ici, voilà le numéro 44...!»
Thibaut
(Gêné)
« Je crois que vous faites erreur, mais je vous en prie ce n'est pas grave, allez-y... »
Herschel lui montra son billet, on pouvait y lire place n°44.
Thibaut
(Songeur)
« C'est étrange… »
Herschel
« Quoi donc? »
Thibaut
(Songeur)
« Je suis certain d'avoir la même place ».
Thibaut sort le billet de sa poche. On peut y lire très distinctement la place n°44.
Thibaut
(Sourire gêné)
« Ceci dit je l'ai pris sur un de ces sites où l'on peut payer moins cher…alors…on sait jamais avec eux... »
Le vieil homme ne semble pas relever ses paroles.
Thibaut
« Excusez-moi monsieur, dit Thibaut en voyant Herschel plongé dans ses pensées, je ne vais pas vous déranger, prenez-la, après tout, il y a de la place partout c'est ridicule; bon voyage ».
Thibaut commence à prendre ses affaires, quand il sent une main attraper son bras, il se retourne
Herschel
(En désignant la place d'en face)
« Non attendez, ce n'est pas grave… asseyez-vous là….Je n'aime pas voyager seul, j'aime bien discuter un peu, ça ne vous dérange pas? »
Thibaut
(En repoussant ses affaires au fond du compartiment)
« Non pas du tout, au contraire.En ce qui me concerne ce sont les affaires qui m'emmènent ici..! »
Herschel
« 6 h de train cela doit être important... »
Thibaut
(Pensif)
« C'est vrai, mais comment savez-vous que... »
Herschel
(En regardant le costume tiré à 4 épingles, de Thibaut)
« J'ai pris ce train de nombreuses fois et le trajet est toujours aussi long. De plus les gens comme vous, n'y voyez aucune réflexion désobligeante, se dirigent toujours vers les grandes villes... C'est tout à fait logique. Ici il n'y a pas beaucoup d'avenir pour un jeune homme »
« Je peux vous demander quelque chose, sans indiscrétion »
Thibaut
« Oui, bien sûr... Allez-y »
Herschel
« Vous êtes marié? »
Thibaut
(Surpris)
« Oui, une femme et deux enfants ».
Herschel
« Ce n'est pas toujours facile de gérer tout ça, n'est-ce pas ? »
Thibaut
«J'essaye de faire de mon mieux, et vous que faites-vous? Thibaut se ravise, que faisiez-vous? »
Herschel
« Oh moi, chercheur…»
Thibaut
« Scientifique? »
Herschel
« Non…historique plutôt, une sorte d'archéologue, les mains sales, toujours à récupérer ou à rechercher des choses enfouies au plus profond de notre histoire... »
Thibaut
« Ça a l'air intéressant »
Herschel
« Je voyage, régulièrement pour aller voir ma famille, voilà vous savez tout… ».
Thibaut
« Un vieil homme comme vous, sans vous offenser, qui se déplace sans arrêt à l'autre bout du pays… Ils ne viennent jamais vous voir ? »
Herschel
« Ils ont horreur du train »
Thibaut
(Surpris)
« Ah bon! "
« En ce qui me concerne, j'espère ne pas avoir à le reprendre souvent, je n'aime pas être aussi loin de ma famille, mais j'avoue que si mon travail porte ses fruits, je devrais me déplacer plus souvent, juste le temps de gagner un peu d'argent et de m'installer à Paris... »
Herschel
« Et vous que faites-vous exactement, jeune homme ? »
Thibaut
(En soufflant)
« Je suis consultant financier »
Herschel
(Souriant)
« Ah oui très bien… il en faut »
Ils se mettent tous deux à rigoler.
Thibaut
« Mais je vous avoue que c'est beaucoup de soucis, je fais des cauchemars depuis quelques jours, sûrement l'angoisse... »
Tandis que le train passe sous un tunnel.
Scène 11 bis/Int/ Train /Jour/Grisaille/ Flash
Thibaut vit le visage du vieil homme durant une nanoseconde maculé de sang.Le sien ne fit qu'un tour...Thibaut pâlit à vue d'œil. Herschel lui attrapa la main comme pour le sortir d'un mauvais rêve.
Herschel
« Ça ne va pas mon garçon? »
Thibaut
(Étourdi)
« Non…c'est rien, je vais juste me passer un peu d'eau sur le visage, je reviens tout de suite.»
Scène 12 /Int/ Train /WC/Jour/Grisaille
Thibaut encore décontenancé entre dans les WC, fait couler le robinet et s'asperge avec un peu d'eau. De gros coups de pieds retentissent contre la porte, comme si on cherchait à la défoncer. Des rires moqueurs d'enfants se font entendre.
Thibaut
(Énervé)
« Eh !! …vous !! Je vous conseille de vous calmer !, sinon, j'appelle le contrôleur, qui vous donnera une bonne raclée, et à défaut, c'est moi qui le ferai, compris…?»
Le bruit cesse. Il ouvre la porte d'un seul coup, mais aucun enfant dans les couloirs, ni dans les wagons voisins.
Scène 13a /Int/ Train/ Jour/Brouillard
En rejoignant sa place, Thibaut remarque qu'il ne reste plus que le vieil homme, les voyageurs sont tous partis. Le temps semble s'être couvert, les nuages passent du gris au noir, la pluie se déchaîne, clapotant avec intensité sur la paroi métallique de la bête ruminante.
Scène 13 abis/Int/ Train/ Jour/Brouillard/Flash
Des enfants hurlent, gémissent, pleurent, implorant une pitié qu'ils savent déjà perdue.Thibaut secoue la tête comme pour reprendre ses esprits.
Scène 13b /Int/ Train/ Jour/Brouillard
Herschel
« Ça va mieux ? »
Thibaut
(Mal en point)
« Juste un peu de fièvre c'est tout, ça va me passer, il faut juste que je me repose un peu… »
La cadence du train semble avoir changé, le jour reste imperceptible à travers les fenêtres. Au moment de s'asseoir, Thibaut remarque quelques gouttes de sang ruisselant d'un siège appartenant à une voyageuse qui se trouvait là quelques minutes plus tôt.
Thibaut
(Ahuri)
« Du sang ? »
Herschel
(Avec un sourire malicieux et des yeux noirs et pénétrants)
« Ce ne sont pas quelques gouttes qui vont vous effrayer
Heer Caporal!
Vous n'êtes pas à ça près… »
Le sang commence à couler partout dans le wagon, dégoulinant, des sièges et des murs, s'agglutinant par terre, formant à présent une flaque homogène empruntant le long couloir pour se terminer aux pieds de Thibaut, chaussés des fameuses bottes noires.
Thibaut
(Effrayé)
« Quoi… mais qu'est-ce que c'est…qu'est-ce qui m'arrive...qui êtes-vous? »
Petit à petit Thibaut voit ses habits recouverts de sang, laissant place à présent à sa tenue d'officier.
Thibaut
(Mélange de colère et de peur)
« C'est quoi ce bordel! » hurle Thibaut
Herschel
(Avec un savoureux mélange de malice et de complaisance)
« Tout à l'heure je vous ai dit que j'étais un chercheur, en quelque sorte, passionné d'histoire …
A vrai dire je n'ai pas été tout à fait franc avec vous, mais cela vous ne pourrez me le reprocher, j'en suis sûr…Mon travail ne se limite pas à une simple recherche historique… Je veille sur elle..
L'histoire…j'entends bien...afin qu'il n'y ait pas d'atomes crochus, pas de bavure.
Vous m'avez donné beaucoup de fil à retordre… mais maintenant, les choses vont reprendre leur cours normal, enfin celui qu'elles n'auraient jamais dû perdre… »
Thibaut, les yeux écarquillés, reste coi... N'arrivant pas à croire à ce qui lui arrive.
Herschel
« Voyez-vous Caporal Diebold Finkster, vous avez fait couler beaucoup de sang. ...et beaucoup d'encre par la suite étalant vos morbides exploits…mais vous n'avez pas assumé vos actes, toutes ces horreurs que vous avez commises, alors vous vous êtes réfugié dans une vie fantasmagorique, à travers une personne qui n'existe pas, celle de Thibaut Renier, consultant financier, marié à Agnès Costengua, avec deux enfants, Pierre et Éric... »
Thibaut
« Vous mentez, je ne sais pas qui vous êtes, ou ce que vous êtes...ni ce que vous me voulez.. Mais vous êtes sénile… »
Herschel
(D'un air amusé en faisant mime de réfléchir)
« Sénile;hum m »
Thibaut sortit la photo de sa femme et de ses deux enfants, et la lui brandit au visage...
Thibaut
(Comme pour se prouver quelque chose)
« Vous voyez bien, là!, vous voyez! »
La photo jaunit, jusqu'à s'enflammer et se décomposer. Il ne reste à présent que quelques cendres brûlantes dans sa main, qui ne tardent pas à s'envoler. Thibaut est ébahi.
Herschel
« Lorsque votre femme, Agnès, a appris votre liaison, elle n'a pu le supporter, elle s'est suicidée au gaz, avec vos deux enfants de 4 ans et 6 mois, Peter et Enrich. Élément que vous maîtrisez fort bien je vous l'accorde…Quelle ironie, vous me direz, mais la vie n'est-elle pas ainsi… »
Flash-back 1a/Int/Maison de Diebold et Agnès/Cuisine/Jour
Agnès verrouille la porte d'entrée et ouvre le gaz.
Peter
« Maman, qu'est-ce que tu fais ? »
Agnès tourne le dos à Peter. On peut voir des larmes couler sur ses joues.
Agnès
« Rien chérie, assieds-toi là bas, j'arrive »
Peter reste transi, il ne comprend pas ce qui se passe
Agnès
(About de nerf)
« Va t'asseoir, j'arrive. »
Flash-back 1b/Int/Maison de Diebold et Agnès/Salon/Jour
Agnès arrive dans le salon et s'installe dans le canapé.
Peter
« Pourquoi tu pleures ? »
Agnès
(Tentant vainement d'essuyer ses larmes)
«Allez viens on va jouer à un jeu »
On peut déjà entendre les cris d' Enrich au fond de la pièce.
Peter
(Tousse)
« Ça sent pas bon maman, c'est quoi cette odeur ?! »
Agnès ne répond pas devant le visage interrogateur de Peter. A présent, bouleversée elle tient Peter et Enrich dans ses bras;les serrant très fort contre elle. Ils sont assis sur le canapé.
Agnès
(Indescriptible)
« Fermez les yeux et comptez jusqu'à cent »
Agnès les yeux ouverts, pleins de larmes, les referme subitement. Sa tête tombe brusquement en arrière, les yeux révulsés. Au même moment, on entend le bruit de la porte défoncée par le pied de Diebold.
Le gaz s'est propagé partout dans la maison.
Scène 13c/Int/Train/Jour/Brouillard
Herschel
« Elle vous admirait, Thibaut! Ou …Diebold, comme vous voulez, en tant que mari, que soldat, prêt à défendre son pays, mais elle n'était pas au courant des horreurs que vous aviez commises.
Comment l'a-t-elle su ? Les journaux…Thibaut, les journaux... »
Flash-back 2/Int/Palier appartement/Entrée/jour/Matin
Voix Off
« Vous avez eu une carrière remarquable que cela soit de la rafle du Vel d'Hiv en 42, où vous avez « recueilli » tous ces enfants, pour les exterminer par la suite… »
Diebold est en train d'arracher un enfant à sa mère, l'enfant hurle, il traîne des pieds, sa mère, elle, est mise en joue par un autre officier.
Flash-back 3/Int/Hangar/Jour/Matin
Voix Off
« ...aux différentes formes de tortures, pour jouer au docteur et s'aventurer dans les limbes de la souffrance humaine, un travail remarquable encore une fois...»
Diebold est en train de regarder avec un large sourire un enfant, attaché à une table en fer sur le ventre. Un « Savant » écarte son anus pour y fourrer un rat.
Flash-back 4/Ext/Rue/Jour
Voix Off
« Plus ils sont jeunes, plus c'est intéressant, ils résistent davantage», C'est-ce que vous avez déclaré lors de vos visites à la foule convaincue de vos grands talents destinés à guérir l'Allemagne du cancrelat juif... Et je passe les sévices que vous avez fait subir, aux tziganes et aux homosexuels, leur cas était réglé…avec beaucoup…d'attention... »
Diebold fait de grands signes au public, serre des mains, des enfants courent dans les rues...pour échapper aux soldats nazis...
Scène 13d/Int/Train/Jour/Brouillard
Herschel
« Ceci dit Agnès a omis un détail, dans son acte désespéré… Vous étiez tellement minutieux, que ce jour-là vous êtes retourné chez vous peu de temps après être parti, pour récupérer la brosse pour astiquer vos bottes, on ne sait jamais après tout, des fois que le Führer, passerait vous voir… »
Flash-back 5/Int/Maison de Diebold et Agnès/Salon/Jour
Voix Off
« Voyant les corps inertes de toute votre famille gisant sur le canapé, vous êtes tombé à genoux,en larmes, lorsqu'un léger râle se fit entendre, c'était Enrich... »
Diebold s'écroule par terre en hurlant, et sauve Enrich in extremis.
Scène 13e/Int/Train/Jour/Brouillard
Herschel
« Dieu sait par quel miracle il était encore vivant. Dans un sursaut d'humanité démesuré vous l'avez sauvé. Vous avez alors rejoint votre maîtresse la belle Hedwig... »
« Votre passion démesurée pour votre maîtresse, qui ne pouvait pas supporter d'élever un enfant qui ne faisait pas partie de l'élite, un arien, vous a ensuite poussé à tuer Enrich, d'une balle dans la tête, à bout portant…un enfant de 6 mois, votre propre enfant…votre propre enfant…
« Vous êtes un monstre Caporal Diebold Finkster…. »
« Grâce à Hedwig et à ses relations, vous êtes très vite monté au sommet de la hiérarchie, et vous vous êtes chargé « d'organiser » les transports ferroviaires. »
Flash :
Diebold est debout, fixe, son uniforme change, petit à petit, il monte en grade jusqu'à obtenir celui de Caporal.
Herschel
« Vous savez ce n'est pas un hasard si nous partageons, cette place, la numéro 44, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons, ce siège est le symbole de notre place dans l'histoire ».
« Ce train, voyez-vous, est plein de fantômes, d'âmes que vous avez torturées...
Ce train est parti de Toulouse en août 44, mais en raison des bombardements, des coupures de voies, le train a erré de longues semaines dans le sud de la France et s'est immobilisé plusieurs fois. Le 18 août, le convoi est abandonné, nous avons marché des jours entiers, quelques-uns d'entre nous sont parvenus à s'échapper… Mais un nouveau convoi a repris la route et celui-ci est bien arrivé…le 28 août 1944 ».
« Caporal, vous êtes mort en 1957, fusillé pour crime contre l'humanité, mais cette mort pour moi n'est pas digne de votre rang. »
Le vieil homme se lève, laissant apparaître sur le bras le numéro 824615876.
« Je crois à présent que vous avez de la visite, je ne vous dérangerai pas plus longtemps… »
Herschel sort du wagon, à peine la porte s'est-elle refermée que deux soldats SS entrent, empoignant Thibaut, et le traînent jusqu'à la sortie…pour le jeter sur le quai.
Thibaut
« Lâchez-moi..!! Lâchez-moi..!! »
Soldat
(Avec autorité)
« Ferme ta gueule, sale merde, tu feras ce qu'on te dira, crie l'un des deux soldats avec autorité,On va te mettre avec tes copains... »
Le sang s'est évaporé du wagon, mais une odeur pestilentielle réside, celle de la merde et de la pisse mélangée à une sévère odeur de bétail.
Scène 14/Ext/Quai devant Train/Jour/Brouillard/Noir et Blanc
Le train laisse désormais la place à celui d'un train d'époque.
Lorsqu'il met les pieds à terre, le contrôleur porte désormais un autre genre d'uniforme…un uniforme nazi ; et Diebold.... celui d'un juif…
Nous sommes le 28 Août 1944, le train est arrivé… Un panneau indique :
« Dachau Konzentrationslager ».