Planquez vos fesses, replètes de graisse

Jean Claude Blanc

ce qu'on s'efforce de jeûner, pour obtenir un corps parfait; selon la mode d'aujourd'hui chez les nantis; pauvres minettes, femmes objet de convoitise, vous soumettez à ce caprice de beauté, relative

       Planquez vos fesses, replètes de graisse

Mademoiselle au joli cœur

Hélas se fait bien du souci

Même à consulter son docteur

Ne passant plus dans ses habits

S'empiffrant de tartines de beurre

Fatalement, elle a grossi

Cure de jouvence plus question

A cru trouver la solution

Son chirurgien habile génie

Pratique la liposuccion

Mais pas du genre fellation

(C'est dégoûtant, ça sent pas bon)

Pas vraiment fière de ses abajoues

Qui dégoulinent jusqu'au cou

Tarde à le prendre ce rendez-vous

Folle d'orgueil se bourre le moue

 

Elle, si svelte et élancée

Pour s'entourer de soupirants

Visage de mémère au foyer

Poule pondeuse, dorénavant

Que de friandises à déguster

Fruits de la passion dans le buffet

 

Arrive ce matin effroyable

Quitter ses frusques devant le médecin

Montrant son corps nu, pitoyable

Drôle de surprise, mué en boudin

En a vu d'autres, le chirurgien

En l'allongeant dessus table

Mais homme de sciences, dont c'est le métier

N'a pas de cesse lui répéter

« Savez madame, voir votre mine

S'agit de suite faire du régime »

La honte gagnant cette mijaurée

Qu'adore se faire désirer

Voilà-t-y pas qu'est accusée

Discrètement à en gober

De ces pilules pour maigrir

Tentant en vain de se mentir

D'avoir péché par volupté

Mais qu'à tendance à s'arrondir

Ainsi elle ne peut plus se souffrir

Grasse Dondon à faire fuir

Même les plus moches chimpanzés

 

Avant de partir en vacances

Au bord de la Méditerranée

Logique d'avance se préoccuper

De sa santé mais pas de chance

Elle qui pèse lourd sur la balance

La preuve, son ventre, ses bourrelés

80 kilos sans les souliers

 

Mais le toubib consciencieux

S'efforce ne pas l'en affoler

Déjà ses seins si plantureux

Faut pas grand-chose pour les redresser

Alors y va de son indulgence

Sages conseils pour cette pépée

Belle comme elle est, fera des dégâts

Auprès de ces mâles, sale engeance

Evidemment qu'il n'y croit pas

Serment d'hypocrite renégat

 

Auscultation pour commencer

Vaste rituel de cabinet

Tâter le pouls, palper les cuisses

Même les nichons, moment propice

Elle qu'en rougit de ses boursouflures

Trouve qu'il dépasse la mesure

Regrette déjà son inculture

En la matière, pourritures

Ces sucreries bonnes pour l'ordure

 

Mortelle demande de ce zélé

« Etes-vous encore bien réglée

De quoi je me mêle se dit-elle

Veux pas des gosses à la pelle

Je suis servi, de traitres amis

Aucun de ceux-là, vont me mettre au lit

N'en rajoute pas, je suis polie »

 

Le carabin, n'en pense pas moins

Il n'est pas né le Don Juan

Qui fera valser son doux vagin

Ce noir barbu, guère bandant

De s'en priver, pas mécontent

 

Ainsi offerte, timide docile

Dorénavant, se fait plus de bile

Ira coiffer Sainte Catherine

Tellement se hait, se mésestime

 

Mais spécialiste de la misère

Peut qu'abonder de commentaires

« Passé 30 ans, savez ma chère 

La peau flétrit, se dégénère

C'est le destin, peux rien y faire

Faites donc du sport, ça passe les nerfs »

(Que du blablabla, pour grabataire…)

 

Ainsi ce type d'humeur joyeuse

Ose se moquer de cette précieuse

Qui grassouillette se désespère

Alors que d'autres meurent de cancer

 

Pour rassurer cette fille en transe

Lui tend de suite son ordonnance

Quelques cachetons, en cas de stress

Mais aucun secours pour ses fesses

 

Mais pas ingrat tout de go lui dit :

« Si vous le souhaitez, je vous prescrits

Une séance chez le psy

Mais c'est craindre, que pour rien

Car votre mal ne provient

Que de votre langue au bec fin 

D'où votre cruel embonpoint

On se reverra dans quelques mois

Sauf si ça ne fait pas d'effet

Ces drogues qui détraquent le foie

Appeler SAMU ou les pompiers

Car moi j'ai fait ce que j'ai pu

Mais pas votre planche de salut »

 

Comme patiente, se pose là

Elle peut crever l'écoute pas

Ce mandarin, dont le principal

C'est de plumer sa carte vitale

Aux dépens de la sécu sociale

 

Juste un quart d'heure la visite

Y'en a qu'attendent derrière la porte

Couverts de furoncles et d'arthrite

De sa bedaine pas encore morte

Cette résistante à poitrine forte

Se la mijote à la va vite

 

Toujours les mêmes abonnés

Personnes âgées, vieux retraités

Car ça gagne la monnaie

Leur coller des paquets de calmants

Le pharmacien reconnaissant

De connivence au charlatan

Va encaisser argent comptant

Quant à la gueuze, pour ses malheurs

Qu'elle aille se faire pendre ailleurs

Bon la piscine pour les nageurs

En leur calbar à faire fureur

 

Vous ai conté par le menu

L'art de mourir parvenu

Et cependant si mal foutu

Car de mincir, peine perdue

Tandis que pauvres malotrus

Végètent ferme dans les rues

Bouffés de vermines, la chaire toute cru

Etant toujours de la revue

 

Peut que nous faire rire cette dodue

Qui chez le véto, fait le pied de grue

Qu'en a soupé et n'en peut plus

A se comparer aux laides morues

De cette leçon n'a retenu

Que la façon se tordre le cul

Car sa honte l'a vaincue

 

De ces foldingues, je suis repu

Comme le lièvre et la tortue

A l'arrivée, même pas déçu

Pour ne pas être le cocu

Premier de cordée, du haut des nues

 

Ça fait désordre d'avoir la poisse

Peu alléchants doigts adipeux

Mademoiselle et vous messieurs

Liposucez vos fesses grasses

Afin ne pas perdre la face

Il faut jeûner, y'a pas de bon dieu !

 

Entré jadis en la carrière

Celle d'AS solidaire

J'en ai reçu de ces marioles

Qui à tout prix, pour dépérir

Se sont fiées à des idoles

Sorcellerie, de ces vampires

 

Mais plus affables, obligés

Afin d'en vendre leurs prouesses

Comment le lard l'éliminer

Mais que du flan, vaine promesse

Le sexe dit faible défiguré

Changer de nature, triste progrès,

Mais qui en jouent ces femmes objets

A ces humaines, viens leur clamer

Mon cri d'alarme SOS

Gare aux prophètes, aux basses messes      JC Blanc septembre 2018

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