PLAY THE GAME

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       Un intellectuel a dit un jour que la vie est un jeu, une vaste scène de théâtre où chacun joue un rôle. Et on joue même parfois à jouer : au foot, à la pelote basque, au strip poker, au casino… Dans chacun de ces cas, on prend des risques : physiques, moraux, financiers, qu’il s’agisse de perdre votre petite culotte ou votre coup droit fétiche. On parle aussi parfois de « jeu de séduction ». Ces mots nous évoquent un jeu des regards, le jeu de l’effeuillage ou encore ce tout nouveau business en plein essors de Cluedo coquin et autres Twister sensuels. Mais joue-t-on seulement avec le sexe ?

   Il apparaît que dans une relation, un jeu pervers (au sens moral, bande d’obsédés !) s’installe entre les deux partenaires. Le jeu du « Je t’aime ! Moi non plus ! ».B.B. et Gainsbourg le connaissaient bien celui-là. Ils en ont inventé les règles. Mais les maître-mots d’une relation amoureuse ne devraient-ils pas plutôt être « simplicité », « spontanéité » et « absence de compétition » ? S’engager avec une nouvelle personne signifie-t-il commencer une nouvelle partie ?

    Pour Y. et sa copine, la partie venait de recommencer et l’un des deux allait bientôt se retrouver à terre en criant « game over ».Ils venaient de se remettre ensemble, après trois années de relation fusionnelle et quelques mois de rupture. Et pour que ça marche, ils étaient prêts à abattre toutes leurs cartes. La balle du « j’ai envie de toi, et je le montre » était dans son camp à elle et comme au volley, elle devait rapidement repasser le filet ou s’écraser à terre. (A propos de volley, j’ai découvert que la vue de jeunes hommes torse-nu se démenant à faire des manchettes et autres services à la cuillère me m’inspirait terriblement ! Prenez-moi pour une voyeuriste, une allumeuse ou une groupie : il n’empêche qu’au nom de la recherche, il faut ce qu’il faut ! Et puis j’arrêterai forcément quand je me serai pris un ballon sur la tête, ou que l’un de ces athlètes estivaux m’aura invitée à boire un verre…).

    Toutes mes excuses les plus plates pour cette longue parenthèse. Revenons-en aux faits, à savoir, les biceps bronzés ! Euh non, pardon : les jeux amoureux ! Est-ce le désir de compétition, le manque de piment ou encore l’orgueil que procure une victoire qui motive de telles pratiques ? Et avant tout, une question : le jeu en vaut-il la chandelle ?

   N’ayant jamais été une sportive assidue aux griffes acérées, je n’ai pas poussé très avant mes parties de « jeu de l’amour ». Moi, je sais juste attraper la queue du Mickey dans les manèges (et encore, pas ceux qui vont trop vite). Et en observant mes amis en couple de longue date, je constate que, si le jeu a encore cours, il ne présente plus d’enjeux palpables. Et jouerait-on au poker sans l’appât de la mise ? On se bat pour décrocher le jackpot : pour qu’il vous propose un autre rencard, qu’il crève de désir pour vous ou qu’il vous dise « je t’aime ». Mais c’est bien connu : quand on nous donne une main, on veut le bras et le corps qui y est accroché. L’insatisfaction chronique de l’être humain ne laisse-t-elle pas présager des dérapages incontrôlés dans cette course effrénée ? S’agit-il d’un match sans fin, qui se joue en de multiples manches, avec des mi-temps aléatoires et sans arbitre ?

    On est quand même en droit d’espérer la trêve du banc de touche (et la moiteur sensuelle des vestiaires…) après le stress du terrain. De plus, pas d’arbitre, pas de limite ! Et ça, mon bon ami Y. allait le découvrir à ses dépends. Il voulait jouer avec le feu. Il allait voir que les parquets des salles de sport s’embrasent vite…

     Que le meilleur gagne !

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