Plénitude

ysiscriten

Cette capacité à aimer était un don. J'aimais, j'ai aimé sincèrement, librement, avec authenticité, plusieurs hommes à la fois. Sans me sentir divisée, écartelée dans ses amours multiples. Bien au contraire. Le vivre dans le plus pur des ravissements. En toute sérénité. Cette année-là, j'ai aimé simultanément trois hommes. Tous ne sont pas entrés en même temps dans ma vie. Quoi qu'il en soit au cours de cette année magnifique j'ai été heureuse d'aimer autant et aussi intensément. Plus que jamais je n'aurais pu penser. J'étais tout entière à l'amour. Non pas le seul désir charnel mais l'Amour. Le corps tremblant. La poitrine qui palpite. Le cœur qui suffoque à l'approche de l'être aimé. Les yeux qui pétillent. Les forces qui se décuplent. Cette espèce de toute-puissance dont on se sent possédé quand on aime. Cette témérité sans limite.

Je tombais amoureuse à trois semaines d'intervalle pour les deux premiers, à plus d'un mois pour le troisième. Ils étaient différents mais à chaque rencontre un charme a agi sur moi, et je l'ai laissé faire, docile et servile, je l'ai accueilli. Un sourire, une parole, un rire complice, un échange et j'étais conquise. Chacun son charme particulier mais tous trois m'avaient comme envoutée. A nul moment, et c'est cela le plus beau,  je n'ai songé à l'organisation qu'il me faudrait mettre en place pour pouvoir jouir d'eux en toute quiétude. Non. Ça ne m'a jamais effleurée. C'était une évidence. J'avais assez d'amour pour aimer ces trois hommes en même temps, et le leur dire sans rien dissimuler. Nul sentiment de trahison ou de culpabilité. Être avec l'un ne retranchait en rien ce que je venais de vivre avec l'autre ni n'annihilait ce que je m'apprêtais à vivre avec le troisième. Ils ne se connaissaient pas ; j'avais à cœur de les préserver en me montrant ni trop évanescence ni trop concrète. Je les aimais et le leur disais. C'était parfois difficile, jalousies et regards embués, mais je ne pouvais me résigner à me séparer d'eux. D'ailleurs aucun ne me l'a jamais demandé. Ce fut incroyable car je me suis découverte durant cette année inoubliable. Délestée de mes vieilles croyances en héritage, de valeurs que je croyais être miennes. J'ai accueilli cet amour formidable sans crainte ni effroi et ce fut beau.

Signaler ce texte