Pluie d'étoiles filantes
mat_lartnak
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Sur le dos d'une étoile j'aurais bien fière allure.
Des étincelles vibrant sur sa longue chevelure,
je la chevaucherai de ma désinvolture,
l'écoutant murmurer dans le vide sans fin
des histoires qu'on raconte aux confins des destins :
Les grands mythes d'Orion, les errances d'Ulysse,
l'histoire de Cassiopée et le parfum du lys.
Que des milliards d'espèces se partagent l'univers
et que la grande chenille creuse les multivers.
Puis de sa voix lactée, elle m'aurait expliqué
que tout est unité, qu'il n'y a pas d'origine,
que tout est lumineux,que nous sommes énergie,
Que le noir, le silence, sont limites des sens,
un fantasme psychique, qu'ils n'ont pas d'existence,
faisant raisonner à mes tempes des mots étranges
comme synchrone, imbriquer, entropie, immanence.
Sans autre préambule, on aurait replongé.
Entrant dans un trou noir, se souv'nant de nos cibles,
on aurait navigué jusqu'au champs des possibles,
voir paître les comètes à l'abri des tempêtes.
Là, on se serait tu, soumis aux chants célestes,
se laissant envoûter, pulsation du cosmos.
Jusqu'à tout oublier, se sentir en osmose.
Elle m'aurait raconté comment le créateur
pour fabriquer le monde, joue de son instrument.
Et puis, à son propos, que bien des imbus mentent.
Que tout n'est que musique pour qui veut bien l'entendre.
Que ceux qui la perçoivent sont vite pris pour des fous
par celui qui préfère se boucher les oreilles.
Par celui qui préfère lui faire la sourde oreille.
Que le temps immobile est là aussi à l'écouter.
Que c'est à ce moment qu'on pourrait l'attraper,
cet odieux temps insaisissable et insatiable,
ce dévoreur de vie, ce créateur aussi.
Chaque fois qu'on croit le saisir, il file entre nos doigts,
partie de cache-cache dont lui seul connait les lois.
Puis d'un bond bien senti, partir à sa poursuite,
retrouver sans tarder le canevas sidéral,
traverser à tous crins les plus belles fractales.
Les effleurant du doigt, j'aurais enfin compris
que tout est à la fois, la foi simple est complexe,
quand on fait mal à l'autre, c'est soi-même qu'on blesse.