Plus la peine de mort
Jean Claude Blanc
Plus la peine de mort…
En 89, les têtes tombaient
Comme à Gravelotte, sur le tourniquet
La Faucheuse faisait son marché
Malheur à qui la ramenait
La Veuve ténébreuse tapie dans la pénombre
Son couteau acéré, se dresse en suspens
Condamné, bâillonné sur la planche à bascule
Un coup sec sur la corde, son affaire est tranchée
Ainsi parlait le Ministre, debout sur son perchoir
Plaidoirie passionnée, juste pour faire réfléchir
Pour sensibiliser, les sages assemblés
Peine de mort abolie, merci M. Badinter
Plus de peine de mort, le pays s'émancipe
Toujours ça de gagné, sur ancestraux principes
Y'a plus de sang pour sang, ni de loi de Talion
S'en trouve ragaillardie dignité de la Nation
Fallut ferrailler dur, ce n'était pas acquis
Les assoiffés sauvages, de tueries sanguinaires
Ils en sont pour leurs frais, encore pleins de rancœur
Mais soyons vigilants, ils n'ont pas abdiqués
Sont rangées au musée, barbaries du passé
Avec la distance, on tend à oublier
Nos instincts compulsifs, tendances meurtrières
Toujours prompts à jaillir, se tiennent aux aguets
Au-delà des frontières, y'a encore des pays
Comme les Etats Unis, modèles de vertus…
Qui pratiquent la corde, la chaise, la seringue
Démunis de scrupules, et perclus de pitié
Un corps découpé, encore plein de santé
Lui retirer la vie, c'est ainsi qu'on suicide
Les valeurs sacrées, de nos générations
C'est s'auto flageller, mettre un terme à l'espoir
C'est beaucoup plus facile, de régler tous ses comptes
Par le truchement de méthodes iniques
La mort s'exécute, juste le temps de le dire
Dormez bien braves gens, la justice est passée
Toute la folie des hommes est ici contenue
Des monceaux de cadavres parsèment notre histoire
Même le triste Robespierre, y passa comme les autres
Sur quoi elle repose notre Constitution..
Faut jamais dire jamais, elle peut bien revenir
La tyrannie obsède, a ses sautes d'humeurs
Un jour t'es encensé, le lendemain t'es banni
La lame quant à elle, elle est prête à servir
Plus la peine de donner le bouillon de onze heures
Condamné à perpèt, c'est inimaginable
La mort à petits feux, punition vicelarde
Faut revoir vos copies, messieurs les procureurs
Disciple du ministre, conquérant l'impossible
Ce M. Badinter, un sacré humaniste
C'est écrit dans la Bible, faut pas donner la mort
C'est dans les droits de l'homme, plaidoyer pour la vie
J'entends déjà monter, les fielleux commentaires
« On peut pas laisser vivre les assassins d'enfants
Certains crimes sont odieux, faudrait la rétablir »
Sous entendue la mort, c'est comme çà qu'on dérive…
Pas question d'excuser, même de pardonner
Il faut bien sanctionner, toute proportion gardée
Juger dans l'équité, en toute sérénité
La menace du gibet, fait pas baisser le crime
Merci encore, M. le Ministre
D'avoir imposé vos idées
Les clignotants de l'opinion
Etaient au rouge, rouge sang
JC Blanc mai 2022 (plaidoyer pour la vie)
Hommage à Robert BADINTER, Garde des Sceaux, qui fit abolir la peine de mort
en France, en octobre 1981
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