Poème des quatre saisons : le fils du cantonnier-Paris-1988
Laurène J.Carol
Ahmed ,
Ahmed ,
tu vois la grande échelle ;
elle est pour toi ,
un cadeau du juif d'en face .
Le vieux me regarde ,
quand je balaye ,
les feuilles mortes .
T'as déjà vu des feuilles mortes ?
Elles sont vilaines ,
pas comme celles du pays .
On en rigole ,
avec ta mère .
Je ne suis pas fou ,
je suis tendre .
Je lui rapporte un collage ,
pour les feuilles ;
les impots ,
que je dois payer ,
pour Paris ,
pour Dakar ,
pour tout le monde .
Dis-moi , Ahmed ,
Tu as déjà vu ,
des varans ,
des tortues ,
des singes ,
des gazelles ;
elles courent si vite que je n'ai ,
jamais pu en attraper une seule .
Tu coures sur le chemin ,
plus vite ,
que l'air ;
le cartable ,
tu n'en as pas .
Tu apprends tout,
par coeur ,
si vite ,
que ton coeur ,
s'emballe ,
l'esprit aussi .
Hé ! Ahmed ,
t'as déjà vu des colonies ,
de sauterelles ,
envahir le champs ,
celui du sorcier .
Hé !Ahmed ,
tu dors ?
Papa s'en va ,
travailler .
Maman veille ,
sur toi ,
mon fils .
Ta mère ,
et moi ,
nous t'aimons .
Laurène Carol
En hommage à tous les déserts d'Afrique , si courageux , si tendres avec leurs enfants . Sénégal , je t'aime !