Poésie du corps
arthurm
Elle est là, nue, grasse, vaguement cradingue dessous les bras. Le genre de trucs tu sais pas trop comment t'as fait pour la trouver belle un jour, une nuit ou entre les deux. Elle me regarde, la chienne, et je sens bien qu'elle a envie, mais pas moi.
Immonde, ce tas de chair jaunâtre, tirant sur la maladie du foie me fait des yeux de merlan frit et moi je bande. Je bande parce que je me retiens de pisser depuis bien trois heures. Je me suis enfilé des bières comme si j'avais que ça à foutre de ma soirée. Remarque j'avais que ça à foutre de ma soirée.
Je bande parce que quand on est arrivé chez elle je suis allé aux chiottes et j'ai vu l'horreur, du coup je suis ressorti illico et là j'ai revu l'horreur, à poil, mais moins que le chiottes, sinon j'y serais retourné.
Je me demande si elle sait que je bande parce que je me retiens. Je me demande si ça lui fait quelque chose. Je me demande si je la baise là, tout de suite, et que je lui pisse dessus en guise de douche est-ce qu'elle va aimer ? Je veux même pas savoir, je suis pas un porc moi.
Je pense vraiment à des trucs dingues. Je dois avoir tellement de sang et de pression dans la bite que ça m'en fait mal à la tête et ça m'empêche de réfléchir. Tain mec, je bande devant une truie d'au moins 170 kilos si flasque qu'elle doit soulever ses bourrelets pour mater ses seins, et soulever ses seins pour mater ses bourrelets, ceux qui cachent son bide. C'est pas humain une physionomie pareille, la Création a complètement torché le travail. Elle doit avoir des jambes et des hanches taille 36 et un buste à vomir. Et au dessus du yahourt, une tête, pas si mal, pour une pute. Pas trop abimée, mais sans trop de dents, le crack.
Je sais pas trop ce que je fous encore là, parce que si je me taille, là, elle va pas me courir
après dans la rue. De toute façon, le temps qu'elle se relève, déjà, je serais chez moi, et elle sait pas où j'habite, c'est sûr, je crois, je pense. À moins qu'elle roule, si elle sait fait ça je suis fini, elle va m'attraper, m'absorber dans son corps et je vais crever comme un bâtard au milieu de la rue.
C'est la quinte. Si je dis rien, que je m'approche d'elle, et que je lui ruine la gorge à grands
coups de va-et-viens, que j'envoie ce que j'ai à envoyer, sperme ou autre ou les deux et tac je me casse, ça lui irait ?
J'ose même pas la faire parler elle serait capable de me dire des trucs qui me feraient peur.
Qu'est-ce que ça peut bien manger ? Une demie vache au petit dej et quelques amants trop
saouls à l'apéro ? C'est mort, je peux pas mettre les mains là-dedans ou je vais chopper la galle, je tombe sur des cas quand même moi, c'est un peu hallucinant. Va quand même falloir un jour prendre le temps de m'expliquer pourquoi je ramène toujours des types timbrés. Je veux même pas savoir ce qu'il pense ça va me mettre encore plus mal à l'aise.
Déjà que quand il est arrivé il puait tellement la bière que ça faisait tomber les mouches,
quand il m'a demandé combien je prenais j'ai bien cru que j'allais mourir.
Monde de merde tiens, monde de mecs. Toujours la même chose. Et moi qui bosse la nuit
aussi, les copines ont raison, faut plus bosser la nuit. Trop de gens louches, trop de tarés.
Chier.
Même l'argent ça fait pas tout.
Non et puis regarde-le.
Avec sa gueule chauve d'inspecteur des impôts ou d'huissier frustré, s'il était pas venu me voir il aurait fini par faire les sorties d'école.
Ventre à bière et gueule de con, je suis vraiment en veine. Genre quand il est arrivé il a
demandé à aller aux chiottes à coups sûr c'était pour se pignoler devant une photo salace d'une gamine russe ou thaï histoire de ressortir en bandant sec pour m'impressionner.
Bah c'est raté mon gros, j'en ai vu d'autres, pas plus tard qu'aujourd'hui, qui auraient étés plus utiles dans ton cul que dans le mien, ça t'aurait fait les pieds, et puis c'est sûrement ce qu'il te faut, même si tu l'admettras jamais.
Non mais regarde-le, là, planté comme un piquet, avec sa nouille de merde qui pointe à peine et ça se sent comme un étalon avant la saillie.
Société pourrie tiens. On va pas faire du social mais à tout montrer y a plus rien, plus de
romantisme, plus de respect, rien que du cul, et mauvais, en plus.
Je suis peut-être une pute, mais je me respecte, au moins, et je respecte l'autre. J'ai des gosses, faits avec le mauvais père, mais j'ai des gosses, à qui je donne ce que je peux. Ça me fait chier tout ça, faut que j'arrête de bosser de nuit, faut que j'arrête de bosser de jour.
Les chauves, les mariés, les pédés refoulés, les brutaux, les sadiques, je me les cogne et eux font pareils. 100E la passe, tu parles d'une misère.
Si je me lève, là, et que je lui dit que non, j'ai plus envie, je suis fatigué, je veux rentrer chez moi, qu'ils se cassent, lui et sa virilité en liquide. Qu'ils se barrent de ma vue et que j'oublie.
J'ai à moitié peur d'oser, tu sais pas trop sur qui tu tombes avant qu'ils soient nus, et encore.
Hors de question qu'il m'étripe et fasse mumuse avec les abats. Si je lui en taille une, en vitesse, et que je lui fait cadeau pour qu'il foute le camp, ça marcherait ?
C'est amusant, c'est à chaque fois le même cirque. 20 ans qu'ils sont mariés et pourtant c'est toujours et encore le même scénario qui se répète. Je me demande bien s'ils s'aiment encore, où s'ils jouent à s'aimer encore parce qu'ils ne peuvent plus se passer l'un de l'autre. Ils sont devenus à moitié leurs personnages, qu'ils ont pourtant créés de toute pièce.
Bobonne et son mari.
Le grassouillet et son épouse.
Lui, il est boucher, dans la vraie vie, et elle, elle est standardiste chez les télécoms.
Il aurait bien voulu qu'elle arrête de travailler ou qu'elle vienne le faire avec lui mais elle tient à son indépendance. Alors.
Quand ils se sont connus, c'était en 90, dans un concert de Depeche Mode. Il été avec des
potes, whisky à la main passé en douce, et elle, elle l'a bousculé par le plus grand des hasards.
Comme quoi, le destin, c'est beau. Ils ont parlé, ils ont bu, ils ont fait l'amour dans cette même chambre, louée pour la nuit 40 francs. Et donc, en pèlerinage, chaque année, ils reviennent, et remettent ça.
Moi je suis leur chambre, et en vrai je parle pas. En vrai je regarde, et je ferme ma gueule. En vrai à la fin, quand ils sont repartis, je compatis parce que le lit prend cher. En vrai je suis pas vraiment la chambre, je suis le concierge, qu'a fait un petit trou dans le mur pour mater. Faut dire que quand elle est venue pour la première fois, la nenette, elle était belle comme un obus, avec des seins gros comme des chars. J'aime.
C'est mon pèlerinage à moi, si tu veux.
C'est quand même chouette la vie, quand t'y penses.
Puis un cul, de dieu !
Elle a pas beaucoup changé d'ailleurs, en 20 ans, toujours aussi belle. Un peu plus aigri, quand même, par le temps, mais bon. Lui non plus d'ailleurs. Toujours son look rockeur, beau sur le retour, avec sa coupe à la Rodd Stewart.
Tiens ils attaquent.
Moins de souplesse, plus de rondeur.