Poète de minuit

C'est sous le manteau sombre de la nuit, que la faveur obscure de la plume m'est favorable. C'est parfois durant l'espace d'une seconde, que la souplesse de l'encre devient palpable. Mais c'est au petit matin que l'idée naît des abimes, et fait trembler l'écorce fine de ma main engourdie.

La quête d'un idéal peut-elle raviver les mots d'un maître ? M'entendra-t-il depuis les cieux ? Au lieu de cela, l'écrivain cherche le détail, l'ensemble qui crépite, la note qui fera vibrer l'harmonie, l'échappatoire qui fera céder l'ennui.

Sera-t-on un jour honorer les mots comme il se doit, les emmener loin pour qu'ils brillent comme des chandelles dans la nuit. Trouvera-t-on jamais ce paradis perdu, celui qui se cache au berceau du monde, qui anime, qui sublime et finalement qui éteint comme le ferait un peintre habile. Une peinture de la vie en exil sur papier blanc qui saliverait de ces mots par milliers.

Pas de doute, l'heure est à la plume, et le chef d'orchestre sera le poète.