Point

nambul

Prenez un point, imaginez-le le plus petit possible parce je ne peux pas faire sans rien. Et vous non plus. Ce point, il aspire à grandir, à grandir nulle part, à grandir jamais, un point qui ne pèse rien, qui ne porte rien, qui trône dans le rien et ne sait pas trop ce qu'il fout là. Alors il se laisse tomber devant l'impossibilité d'inventer.

Dans sa chute, il n'entraîne rien et ne le vit pas très bien. Tout à coup, il change de sens, et remonte, peut-être y a-t-il quelque chose en haut. En haut de quoi? Merci du rien, il pense. Il se lasse de ne pas savoir s'il y a autour. Pourquoi lui là, où sont les autres? il se demande. Se couper en deux pour de la compagnie? Non, il est le plus petit possible, exprès pour être indivisible. C'est vraiment pas juste, il ne peut même pas se plaindre d'être le plus quoi que ce soit parce qu'il n'y a que lui.

Le point se fige à nouveau et commence à n'en plus pouvoir, il est le mouvement et l'impossibilité de le partager. Il voudrait se cacher mais il ne peut pas faire mieux que lui. Le point veut occuper le désert, le remplir tout entier, plutôt que d'être à un seul endroit à la fois.

Peut-être, par le plus grand des hasards, peut-il se déplier à défaut de se briser? Le point n'attend plus rien du rien autour, il essaye de regarder en dedans, peut-être que ça naît de là. L'indivisible qui se répand à l'infini, on n'y comprend plus rien. Le point explose.

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