Poison d'avril, ventée la grève

Jean Claude Blanc

glaciale ce mois, la grève en grippe, pour voyageurs qui cohabitent sur les quais vides s'y précipitent, manque de train que fait la République? brave citoyen, soutiens la lutte

                      Poison d'avril, ventée la grève…

Poison d'avril, trop de jours chômés

Pas prévenus, faut les noter

Pour prendre le train ou le taxi

Selon l'humeur des grévistes

Tous en otages les lampistes

Sur le quai de la gare, à l'agonie

 

République noble libérale France

Avec jacobine gouvernance

Mais une question reste en suspens

Sous son air démocrate fier

Est-ce un régime parlementaire

Ou un pouvoir totalitaire

Cédant aux révolutionnaires

On peut douter de sa présidence

Qui en profite, en urgence

Changer les règles en ordonnances

 

Couru d'avance, chambouler tout

Pour ne pas faire de jaloux

Qu'une Assemblée de 400 manchots

Plus d'une centaine sur le carreau

Qui ne lui chercheront plus des poux

A ce Manuel, génial cerveau

 

Une dose de proportionnelle

Pour les élus de petites chapelles

Juste quelques sièges à leur offrir

Pas trop quand même, risquent lui nuire

Pour sénateurs même punition

Y'en a que trop de ces moribonds

Ne représentant que vieux croquants

Comme coupeurs de rubans

 

En cette période de grève perlée

Premier Ministre n'a pas tardé

Samedi, dimanche et jours fériés

Constitution, remodelée

Selon les ordres de l'Elysée

La Droite, la Gauche, pas consultées

(Pour ce qu'il en reste, pourquoi se faire chier)

S'adresse directement aux français

« Yeux dans les yeux », à la télé

Comme témoins de son courage

Pour l'applaudir, sait-on jamais

Hélas qu'un rêve, un mirage

 

Car une fois n'est pas coutume

Va pas se gêner Edouard l'ancien

Ex coquin républicain

A ceux qui lui volent dans les plumes

Leur réserve un avenir de chien

 

Moment choisi pour faire le ménage

De ces cacochymes personnages

Qu'en ont suffisamment tétés

Des seins de Marianne, brave vache à lait

Qu'ils descendent de leur perchoir

Ces députés sans aucune gloire

Qui ne marqueront pas l'Histoire

 

Mais le plus fort en cette affaire

C'est qu'ils se montrent volontaires

Pour se suicider, en sont ravis

Y'a pas besoin de leur avis

Sagement se faire hara-kiri

 

Finalement tout à gagner

Ce locataire de Matignon

Car les grévistes vont se marrer

Le voir dégommer ses compagnons

Pendant ce temps, foutent pas le bordel

Cassent pas bagnoles ni les poubelles

 

Guignol Philippe contorsionniste

Piste aux étoiles, équilibriste

Bonne occasion pour cette artiste

Montrer comment faire la diète

Sans fracasser sa pleine assiette

Ne manque pas d'inspiration

Cet intrépide, rusé Macron

A tous ses potes en examen

Virés de suite, ces vauriens

Qu'en liberté sous condition

Ce type-là, il ira loin

Plus que Bonaparte, Napoléon

 

En cet instant où on se chamaille

Montre son bon cœur aux voyageurs

Pour qu'ils deviennent autostoppeurs

Risque de durer, cette pagaille

Pour s'en venger, tape sur son pote

Pauvre innocent, nullement sa faute

Patron Pépie, mais à sa botte

 

S'agit convaincre les classes moyennes

Qui pour leur cause, se déchaine

Fait des miracles, ce bon dieu

Les fonctionnaires, soudain vertueux

 

Quant aux cheminots, une bagatelle

Une petite prime dans l'escarcelle

Un beau discours, piqûre de rappel

Pour leur prouver qu'il est tout miel

Comme une abeille tombée du ciel

 

Mais marchent guère dans sa combine

Jouant le rôle de victimes

Ces populistes, pousse au crime

Mélenchon, Le Pen, sans honte intimes

Pour le rouler dans la farine

 

Lors Lucifer, s'en va-t'en guerre

Pour pourfendre ces trains d'enfer

Doté que d'une armée légère

Battra en retraite, contrit, amer

 

Remettant aux Calendes Grecques

Ses devinettes, réformettes

Mieux vaut se taire que d'être sectaire

Lorsque défilent masses populaires

Le drapeau rouge en bannière

 

Brasser du vent, le Chef d'Etat

Ça le connais, cache pas sa joie

Aimable, souriant et courtois

Une vraie vedette de cinéma

De supporters n'en manque pas

Du genre, bourgeoise, mémères ridées

Tout dans le crâne, même maquillées

Mais pas trop fan de syndicats

Lui cherche des croches, ces scélérats

Mâles embouchés…de pastagas

 

En est réduit baisser son froc

Pour dialoguer, sans rien promettre

En vérité, de nous se moque

Selon son sens du paraitre

A nos soucis, un peu s'y prête

Mais gentiment nous envoie paitre

 

Nous contant qu'il ne faut pas se plaindre

D'autres âmes en peine, se crèvent la dalle

Alors que nous, ne cessons de geindre

Devant notre riche capital

(La bonne santé, carte vitale)

Mais rajouter, chère la sécu

Ça plombe l'ambiance et le moral

Evidemment nous les cocus

Poison d'avril, chenille omnibus

D'aller bosser à pédibus

Que gratifiés d'un fin rictus

Du chef de gare, qui se fend l'anus

Nous voir trotter à sauts de puce

Par contre Manuel, vogue en airbus

Comme tout grand maitre, a ses astuces

Ventée la grève, pue la marée

Hareng pêché déjà daubé    

Qu'à consommer en surgelé   JC Blanc avril 2018  (solidaire de la lutte)

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