Pont cassé

La vie est si complexe. 

Je me rappelle mon innocente jeunesse. Ces moments où je ne pensais qu'à avancer et progresser. Puis je me suis aperçu qu'il fallait être un équilibriste pour vivre. 

Parfois tout va bien. C'est stable. La vie est calme et douce. On la savoure, on profite des moments où rien ne semble pouvoir nous gêner. Puis la route s'assombrit, et sans prévenir, alors que l'on marche sur un pont, il s'écroule. 

Il ne restait que quelques mètres avant d'arriver là où nous le souhaitions, malheureusement la vie change les chemins. On doit d'abord chuter, et manquer de se noyer. On doit nager, malgré le tumulte des flots, les torrents, les risques, les coups, on manque de se noyer... 

Puis on s'échoue sur une berge, on ne sait pas trop où l'on est. On cherche la route, on souffre en silence, on essaie de voir d'où on est arrivés. Où se situe le bon chemin ? Aucune idée. Sans idées, nous tentons, pas d'autre choix. Malgré la douleur, un premier chemin, où l'on voit que la direction n'est pas nécessairement bonne, où l'on souffre peut-être trop. La marche est rude, le terrain escarpé, on fait demi-tour et on tente une autre route. Puis une autre, on tente les chemins, on revient et on repart, la vie s'amuse à changer les voies, à prolonger le labyrinthe. On imagine être perdus, on se cherche nous même, parfois on découvre des morceaux de nous qui nous écœurent, parfois qui nous émeuvent... On continue, la peau est plus dure, la résistance plus forte. On parcourt des routes, on croise des gens, certains restent, d'autres fuient... 

Puis on arrive là où le pont s'est brisé... On a changé, beaucoup. On a souffert, énormément. On a mûri, un peu. Et on reprend la route. 

On essaie de continuer à vivre. Certaines plaies béantes mettent du temps à se refermer... 

Mais bon, ça n'est pas une fatalité. Nous trouverons le pansement, nous soignerons tout ça, et nous reprendrons d'autres chemins risqués, d'autres chemins difficiles.

Ainsi va la vie. 

Marchons ensemble.