Portrait d'un temps

aki

Le temps. Une vaste chose n'est ce pas ?

Je parle de « chose », parce qu'après tout, on ne peut le définir, cependant, je vous en prie;

laissez moi au moins l'écrire.


Bien..Alors il me semble qu'il est assez grand, et après réflexion, je le revois même s'étendre au-delà de tout, comme à travers nous, voyez-vous ? Essayez de le percevoir comme un drap immense, qui recouvrirait le monde d'une drôle d'incohérence. Une machine peut-être. Une sorte d'océan déchaîné qui accompagnerait la matière aux côtés de l'Univers.

Le temps est mystérieux.


Il n'y a pas de doutes là-dessus, il s'écoule dans un flue continu, sans qu'on l'y amène, sans qu'on y touche, c'est un drôle de système, mais alors, où est la souche ?

Beaucoup ont essayé de le percer, de le comprendre, mais peu ont réussi à le frôler, ni même à l'entendre.

Alors d'autres se sont demandé s'il fallait continuer, s'il y avait un sens, ou au moins une direction vers laquelle se tourner pour espérer l'approcher.



Mais rien de tout cela n'aboutit, et la seule réponse qu'il nous donna sans jamais se presser, fut la durabilité de l'humanité.

Pourtant voyez-vous, il reste ce sentiment, cette impression qu'il nous donne, comme s'il était partout et nulle-part à la fois. Faut-il s'y fier, ou faut-il juste abandonner, et tout laisser tomber ?

Tant de questions gravitent autour de lui, jours et nuits, l'humain n'a eut de cesse de se demander, où est-ce que tout cela va bien nous mener ? S'amuse-t-il de nous ?

Peut-être est-ce simplement un enfant qui joue, ou bien une énigme éternelle et puis c'est tout.



Voilà donc à quoi ressemble ce cercle vicieux, pas d'indices, juste un mur et des vices à chaque portes.


Mais, du peu que je me souvienne, ce temps emporte, ce temps incite, mais il ne s'effrite pas, il lévite voyez-vous, il ne s'attarde pas, il passe et puis s'en va, frappe mais n'entre pas.


C'est un drôle de personnage en fin de compte.

Connût de tous les sages, il arrive parfois qu'il donne des gages qu'on ne peut refuser. Il se présente alors comme une belle cage dorée dont on ne peut s'échapper, à moins d'en être défenestré. C'est un revers, un coup qui surprend, on ne peut rien y faire, à part le laisser passer fidèlement.


Avec lui, tout diffère, tout est éphémère, mais si l'on est patient, tout s'éclaire finalement. C'est comme une bougie qui ne fond pas, sans lui on n'avance pas, mais avec lui,  on ne décide pas, c'est ainsi, et c'est comme ça.




Certains disent qu'il ressemble au néant, qu'il est sans consistance, sans importance, sans saveur, ni couleurs.




Et pourtant comparés à lui nous ne sommes rien, si ce n'est une poignée de nains voués à une disparition sans pareille, avec cette fin qui veille au grain par dessus nos épaules, «ahah», comme si c'était drôle..

On a beau y songer, y repenser, pour l'esprit ce n'est rien d'autre qu'une route barrée vers un secret bien gardé, que personne n'ose divulguer. Le temps serait-il effrayant au point d'être craint, comme le dernier des brigands ? Il est vrai qu'il nous vole pas mal de bricoles, et qu'il force certains envols, mais faut-il s'en méfier au point de l'ignorer ?

Personne ne le sait.

Personne ne le connaît.

Se montrera-t-il un jour, ou restera-t-il dans l'ombre à jamais ?

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